The Ocean Race Europe : l’analyse de Charlie Dalin pour cette fin de 4e étape
Alors que les sept équipages de The Ocean Race Europe naviguent entre Nice et Gênes sur cette quatrième étape, l’incertitude demeure totale… Des vents légers sont attendus à l’approche de la côte italienne, laissant planer le risque d’un bouleversement complet au classement. C’est ce qu’analyse le vainqueur du dernier Vendée Globe, Charlie Dalin, qui a livré son regard à la Classe IMOCA.
[caption id="attachment_202742" align="aligncenter" width="500"] © Pierre Bouras / Allagrande MAPEI / The Ocean Race[/caption]Cartographie et Classement en direct de The Ocean Race Europe 2025
Bien négocier la dépression ligurienne
La flotte s’est engagée dans le détroit de Bonifacio avant de mettre cap vers le nord. Selon Dalin, la suite de l’étape s’annonce sous tension avec un flux de sud généré par une dépression centrée sur Gênes. « Tout pourrait se jouer à nouveau dans la dernière chicane », explique-t-il. « Car les équipages vont devoir traverser le front de la dépression de Gênes et probablement entrer dans une zone de vents faibles. Une fois encore, un bateau polyvalent pourrait en tirer profit, mais tout dépendra de ce qui se passera sur la remontée vers le nord. » L’itinéraire impose une grande boucle au large d’Alassio (waypoint Gallerina), avant de virer à hauteur de Livourne pour remonter sur Gênes.
Depuis le départ, Paul Meilhat et son équipage sur Biotherm dominent l’épreuve, avec trois victoires d’étape et une avance de 12 points au classement général sur Holcim-PRB. Un rythme qui impressionne Dalin : « Ce que l’on sait de ce bateau, c’est qu’il est particulièrement polyvalent par rapport à d’autres de la flotte, et The Ocean Race Europe est une épreuve aux conditions très variées, où l’on peut rencontrer de tout, du près comme du portant. Chaque étape a été changeante, et disposer d’un bateau polyvalent constitue clairement un avantage. »
Avantage à la polyvalence !
Cette polyvalence, Dalin la compare également à celle de Holcim-PRB, malgré ses difficultés en début de course. « L’autre bateau qui possède ces mêmes qualités, c’est Holcim-PRB, mais évidemment, la collision subie au début de la course ne met jamais dans les meilleures dispositions pour performer. On a toutefois l’impression qu’ils commencent à se remettre dans le rythme », observe-t-il. Selon lui, Meilhat a enclenché une dynamique gagnante : « Paul est bien parti et, quand vous gagnez une ou deux étapes, vous entrez dans une sorte de spirale de succès et de confiance. Vous êtes alors dans le bon état d’esprit pour prendre les bonnes décisions tactiques et stratégiques. »
Dalin rappelle que dans ce type de course, disputée en équipage complet, la vitesse pure est une donnée essentielle. « La vitesse intrinsèque du bateau est plus importante que, disons, dans une course en solitaire », précise-t-il. « Car en solitaire, il faut aussi un bateau rapide, mais vous devez surtout vous préparer à ce qui arrive, alors qu’en équipage, vous avez toujours la bonne voile en place. » Pour Dalin, les choix stratégiques en fin de parcours seront décisifs, notamment sur la cinquième étape entre Gênes et le Monténégro. « La situation va être très délicate pour les navigateurs, avec une bonne probabilité de vent de nord-ouest en direction du Monténégro. Les skippers devront alors décider soit de longer la côte italienne, soit de traverser vers l’Albanie, une décision qui pourrait s’avérer déterminante », explique-t-il.
Une course exigeante pour les marins
Ayant lui-même participé à la dernière édition de The Ocean Race, à bord du vainqueur 11th Hour Racing, Dalin connaît l’intensité de ces formats avec peu de répit entre les étapes. « C’est vraiment dur », confie-t-il. « Les équipages accumulent évidemment de la fatigue, il faut donc prévoir une rotation suffisante pour renouveler l’énergie à bord, mais sans perdre le noyau dur ni l’esprit d’équipe. C’est un équilibre difficile à trouver. Ce n’est pas un événement simple à gérer de ce point de vue. »
Malgré tout, le marin estime que l’équipage de Meilhat possède désormais une marge psychologique et sportive sur ses rivaux. « Ils sont clairement lancés dans une dynamique gagnante, et le classement le reflète. Quand vous disposez d’une bonne avance au tableau de scores, vous pouvez aborder les choses différemment : vous n’êtes pas obligés de prendre autant de risques que les autres et vous êtes assis dans un siège relativement confortable pour gérer la course », conclut-il.
Sources Communiqué de presse.