Le problème était évident – notre ancre Spade ne rentrait pas – et la solution limpide : découper cette baille minimaliste pour en imaginer une nouvelle plus volumineuse. Plus simple à dire qu’à faire ! Photos : Jakez et l’auteur.
Sommaire :
[caption id="attachment_201895" align="aligncenter" width="500"]
Le volume gagné entre l’ancienne baille à mouillage (ici en gris) et la nouvelle est énorme : on passe d’une baille minimaliste à un grand volume de rangement qu’il faudra veiller à ne pas surcharger en régate ! © Voile Magazine[/caption]
Y’A QU’A DECOUPER l’ancienne baille et en reconstruire une nouvelle avec deux planches, non ? Sur le principe, la rédaction de Voile Magazine a vu juste.
Sur la méthode, heureusement que les formateurs et les stagiaires de l’Institut nautique de Bretagne assurent le coup sur le site de Port-la-Forêt qui est consacré à la formation des futurs professionnels du nautisme. Car si l’opération semble simple, le nombre de points d’étape et le temps nécessaire à la réalisation de cette opération par des jeunes en formation sont plus importants qu’il n’y paraît.
On sous-estime toujours le temps nécessaire à la préparation du support, nettoyage, ponçage, etc. Facile de découper l’ancienne baille à mouillage ? Loin s’en faut : la disqueuse passe à peine et il faut d’abord enlever le plus gros de la baille avant d’attaquer une découpe « fine » au ras du pont.
Un travail laborieux dans le bruit et la poussière, dont se charge avec patience et acharnement Charlotte, une jeune stagiaire de l’INB. Et lorsqu’enfin tombe cette vieille baille à mouillage à la forme improbable – reprenant l’empreinte d’une ancre non identifiée –, on ne peut retenir un cri de joie.
[caption id="attachment_201892" align="aligncenter" width="500"]
L’ancienne baille adoptait la forme de l’ancre d’origine, mais laissait peu de place à la chaîne. © DR[/caption]
Cette baille avait deux inconvénients majeurs.
Le principal : ne pas être en mesure de recevoir notre ancre Spade en aluminium, laquelle était donc stockée dans la soute à voiles.
Pas pratique, notamment pour le départ de la Rubi’s Cup qui, rappelons-le, est donné sur la plage des Grands Sables de Groix, voilier au mouillage prêt à lever l’ancre à la voile. Son second handicap était d’évacuer l’eau embarquée via un bout de tuyau qui s’encrassait et s’obstruait en permanence.
La décision de doubler la taille de la baille s’est donc imposée d’elle-même, d’autant que le volume ne manque pas dans la pointe avant qui nous sert de soute à voiles. La solution est basique : inutile de greffer sous le pont une caisse suspendue comme c’était le cas auparavant.
[caption id="attachment_201894" align="aligncenter" width="500"]
Nous avions besoin d’une belle baille, dans laquelle nous stockerons un mouillage léger composé d’une ancre Spade en alu (7 kg), de 5 m de chaîne et d’un bout lesté de 30 m (ici lors de la Rubi’s Cup). © Voile Magazine[/caption]
Nous allons fermer la pointe avant, créant pour ainsi dire une « crash-box » à l’étrave. Pour cela, nous allons strater un plancher qui va venir s’appuyer sur une des lisses de la coque et fermer ce nouveau volume avec une simple cloison verticale stratée au pont en haut, à la coque sur les côtés et au plancher en partie basse.
Ce plancher et cette cloison seront réalisés dans une planche de contreplaqué recouverte de tissu de verre et infusée sous vide avec de la résine. Du costaud ! Mais avant ça, retour dans la pointe avant avec une mini-disqueuse en main pour couper à ras le nable d’évacuation de l’ancienne baille.
Puis c’est au tour des ponceuses d’intervenir pour mettre à nu le bordé, condition sine qua non pour que les stratifi cations adhèrent correctement. Pas simple !
Même l’ajustement du plancher et du panneau vertical qui doit suivre le bordé et intégrer le passage des lisses demande du temps et de l’attention. Mais le résultat est à la hauteur de nos attentes.
Le volume a doublé, l’ancre trouvera là un abri adéquat et elle pourra même partager ce nouveau volume avec une ou deux aussières, à condition toutefois de veiller à ne surtout pas surcharger l’avant de notre fier voilier !
Étape 1 : Découpe de l'ancienne baille et préparation du chantier
[gallery columns="2" size="medium" ids="201896,201897,201898,201899,201900,201901"]
Étape 2 : Fabrication du plancher et de la cloison
[gallery columns="2" size="medium" ids="201902,201903"]
[caption id="attachment_201905" align="aligncenter" width="500"]
4/ Plancher et cloisons de la baille à mouillage sont infusé en fi n de journée. Le lendemain matin, ils seront prêts à être ébarbés et ajustés directement dans la pointe avant.[/caption]
[gallery columns="2" size="medium" ids="201904,201906"]
Étape 3 : Stratification de la nouvelle baille
[gallery columns="2" size="medium" ids="201907,201908,201884,201885,201886,201887,201889,201910,201890,201891"]
