Course des Caps. La flotte toujours groupée dans des petits airs
Le début de cette course des Caps en IMOCA ressemble à une étape de la Solitaire du Figaro tant les vitesses en 24h ont été proches et la flotte groupée. Sam Goodshild et son équipage Macif sont en tête ce mardi matin avec un écart infime devant la flotte qui a longé les côtes anglaises hier au portant, en tirant habilement parti des zones de vent et des courants.
Les onze équipages de la Course des Caps – Boulogne-sur-Mer – Banque Populaire du Nord ont connu un net, mais plutôt bref ralentissement en début de nuit, empêtrés dans une phase de transition entre deux systèmes météo, marquée par un col barométrique entre Start Point et Lizard. Une fois cette zone franchie, ils ont retrouvé un flux de nord, puis de nord-ouest, et progressent désormais au près en direction de l’archipel des Scilly qu’ils s’apprêtent à contourner par le sud. Ils mettront ensuite le cap sur le mythique phare du Fastnet, qu’ils devraient atteindre tôt demain matin, portés par un vent allant forcissant. Côté classement, bien que la flotte reste très compacte – moins de 35 milles séparent le premier du dernier –, l’équipage de MACIF Santé Prévoyance mené par Sam Goodchild a réussi à creuser un très léger écart et mène la danse ce mardi matin, avec 1,9 mille d’avance sur ses poursuivants.
Une transition délicate, mais une flotte toujours groupée
La journée d’hier a mis les nerfs des marins à rude épreuve. Pascal Bidegorry (Association Petits Princes – Quéguiner) a démontré toute la maîtrise nécessaire pour naviguer dans ces conditions exigeantes le long des côtes anglaises : « On a vraiment bien géré le courant, qui joue un rôle majeur dans ces parages. Jusqu’à Start Point, on était au portant, en enchaînant les bords pour aller chercher la pression, en naviguant en zigzag selon les variations. Ensuite, le vent est passé plein arrière et on a continué sur le même principe. » Au cours de la nuit, la flotte a dû négocier une phase de transition délicate, qui a nettement ralenti sa progression durant deux heures. Anne Beaugé (Holcim – PRB) confiait ce matin : « Ça s’est plutôt bien passé, je m’attendais à pire ! L’ambiance à bord est excellente, et c’est agréable de profiter de conditions clémentes, avec du soleil et même des dauphins. »
Au près pour rejoindre le célèbre Fastnet
Depuis la sortie de cette zone piégeuse, les équipages progressent au près dans un flux de nord-ouest, cap sur l’archipel des Scilly qu’ils s’apprêtent à contourner par le sud. Bien que la flotte reste extrêmement compacte, il convient de souligner la belle performance des IMOCA à dérives droites, New Europe de Szabolcs Weöres et FDJ United – Wewise de Fabrice Amedeo, qui restent au contact des foilers. Le Hongrois insiste cependant sur la nécessité d’une navigation attentive : « Réagir vite, travailler en continu et garder le bateau en mouvement, c’est la clé. Nous allons continuer d’évoluer du près jusqu’en Irlande, ce qui est une bonne nouvelle pour nous afin de limiter nos pertes face aux autres bateaux, plus rapides aux allures portantes ». Lorsqu’on lui demande quelles pourraient être les prochaines difficultés sur la route, le navigateur ne se perd pas en hypothèses. Il résume, avec une lucidité qui en dit long sur la nature imprévisible de l’épreuve : « Ne pas savoir quel sera le prochain défi, c’est justement le plus grand défi ! »
Une histoire de gagne-petit
Pour l’heure, avec un vent encore modéré oscillant entre 10 et 14 nœuds, la flotte s’apprête à négocier le passage des Scilly avant d’entamer la remontée vers le Fastnet. Tom Dolan (Charal) prévient : « Il va falloir composer avec de nombreuses accélérations du vent. Ça risque de se jouer à la manière d’une régate de Figaro Beneteau, avec de petits décalages. En somme : du gagne-petit. Il faudra vraiment tirer les bons bords. » Avec un groupe toujours aussi compact et un vent qui devrait se renforcer progressivement, la course promet de rester passionnante et disputée jusqu’au passage du célèbre phare, qu’ils pourraient atteindre dès demain matin à l’aube, avant la longue montée vers le nord qui les mènera jusqu’aux Shetlands, théâtre de nouveaux enjeux stratégiques.