Nouvelles

Interview. Corentin Horeau, le futur skipper MACSF, nous parle de son projet Vendée Globe 2028

0 3
Corentin Horeau, vainqueur de la Solitaire du Figaro 2023, se lance en IMOCA. Il rejoint cette année Yoann Richomme au sein du Team Arkéa Paprec avant de prendre en 2026 les commandes du plan Koch-Finot/Conq, deuxième du dernier Vendée Globe, sous les couleurs de son nouveau sponsor, la MACSF. Nous avons échangé avec celui qui ambitionne de s'aligner en 2028 sur la 11e édition du Vendée Globe. Voile Magazine : Pour nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore, peux tu nous parler de ta carrière de coureur ? Corentin Horeau : Je suis originaire de la Trinité-sur-Mer, j'ai 35 ans, et professionnel depuis 2012. J'ai fait toute mon école de voile à la Trinité : Optimist, Laser, puis 5 ans de Tour de France à la voile, et en 2011 j'ai atterri sur le circuit Figaro. Après un passage en Ultim, Diam 24 et D35, je suis revenu au Figaro 3 en 2021. Je gagne la Solitaire du Figaro en 2023. En résumé, j'ai navigué sur tout un tas de bateaux avant de devenir skipper en IMOCA avec comme objectif de m'aligner sur la ligne de départ du Vendée Globe 2028. Voile Magazine : Pour ton arrivée sur le circuit IMOCA, la prise en main va se faire avec Yoann Richomme en double sur la saison 2025, instructif, non ? Corentin Horeau : Oui, j'avais déjà signé avec Paprec Arkéa avant d'être en contact avec la MACSF. Donc, cette année je m'engage sur une une saison en tant que co-skipper de Yoann Richomme. Ensuite, le destin a fait le reste… MACSF m'a contacté et on a signé un accord pour le Vendée Globe 2028. En attendant, cette saison avec Yoann et son équipe va me permettre de bien appréhender le bateau qui passera sous les couleurs de la MACSF à partir de 2026. Voile Magazine : Quelle est ton expérience en IMOCA en dehors de cette Jacques Vabre courue sur le bateau de Benjamin Dutreux en 2023 ? Corentin Horeau : Paprec Arkéa est un bateau de dernière génération complètement volant donc il y a pas mal de choses à appréhender mais voilà ça fait deux semaines que j'ai intégré l'équipe et tout se passe bien. Nous sommes en RP (relation publique) en ce moment et pour un mois ce qui me permet de découvrir ce plan Koch-Finot/Conq sans avoir la pression d'une course. Le bateau est assez intuitif et puis j'ai la chance d'avoir Yoann et toute l'équipe qui le connaissent vraiment bien. Dès que j'ai une question, je peux m'appuyer sur leur expertise. De mon côté, j'essaye d'apporter ce que je peux sur le bateau, de ne pas faire de boulettes, bien comprendre comment tout fonctionne à bord. Car c'est un peu particulier de voler sans plans porteurs sous les safrans, avec un point d'équilibre en moins. Il y a des petits trucs à savoir, à connaître : je suis en train de me familiariser doucement mais sûrement avec tout ça. Voile Magazine : L'idée en 2025, c'est que le Team Arkéa te transmette tout ce qu'il faut savoir pour pouvoir ensuite partir sereinement en solitaire ? Corentin Horeau : Oui c'est ça, et j'essaie en même temps d'apporter ma petite pierre à l'édifice. Après cette phase d'adaptation, ça va être à moi d'amener ce que je peux, ce que je vois sur les voiles, sur l'ergonomie. Il y a plein de réglages, donc ça va être à moi d'essayer de sentir au mieux le bateau pour apporter ce que je peux, de faire profiter au projet toute mon expérience de ces années de coureur au large. [caption id="attachment_199005" align="aligncenter" width="500"] Corentin Horeau va récupérer Paprec Arkéa en vue du Vendée Globe 2028. Crédit : Le groupe d’assurance mutualiste MACSF[/caption] Voile Magazine : Est-ce que tu as déjà vu des éléments qui pourraient améliorer le bateau ou es-tu encore dans une phase de découverte ? Corentin Horeau : Pour l'instant, je relève de tout petits trucs mais ce sont essentiellement des détails d'ergonomie. Des petites choses faciles à faire mais pour le moment je respecte tout ce qui a été fait par le Team depuis quatre ans. Ils ont abattu un boulot énorme donc je suis vraiment en phase d'observation et puis on verra les améliorations envisageables dans un second temps. Voile Magazine : Tu penses que le bateau sera encore dans le coup en 2028 pour performer sur le Vendée Globe alors qu'il y a beaucoup de nouveaux IMOCA qui arrivent sur le marché ? Corentin Horeau : Forcément on imagine toujours que les nouveaux bateaux vont être au-dessus et c'est bien normal. Mais, je pense que Paprec Arkéa est vraiment bien né et qu'il avait peut-être même une petite longueur d'avance sur la concurrence. Donc, on peut imaginer qu'en faisant bien évoluer le bateau, on va continuer à être compétitif. En plus, on sait que le bateau est fiable donc ça c'est super : il est capable d'atteindre des moyennes de vitesse élevée à l'échelle d'un tour du monde à la voile.

On sait que le bateau est fiable donc ça c'est super : il est capable d'atteindre des moyennes de vitesse élevée à l'échelle d'un tour du monde à la voile.

Conclusion, c'est plutôt plaisant pour un premier tour du monde de repartir sur une base solide comme ça, avec des acquis, plutôt que de partir sur un bateau neuf. Cela permet d'échapper à cette phase de fiabilisation qui peut durer un an, un an et demi, deux ans, voire beaucoup plus. Là, au moins, on part sur une base qui est fiable, sur un IMOCA qui a déjà gagné des courses, qui a déjà fait un tour du monde en arrivant en un seul morceau. Alors, certes Yoann Richomme y est pour beaucoup mais ça me permet de me mettre au niveau et de m'en inspirer. Voile Magazine : On dit que le bateau est très bon en VMG descente, dans la brise mais qu'il est un peu moins polyvalent que Macif par exemple. Est-ce que ça c'est un axe de progrès que tu as en tête ? Le rendre plus polyvalent, c'est possible ? Corentin Horeau : Oui bien sûr, et c'est ce que a déjà commencé à faire l'équipe cette année en apportant des modifications au bateau. Ca va être intéressant de voir comment le bateau se comporte sur l'Ocean Race Europe qui par en août prochain. C'est une course idéale pour se tester car il y aura moins de portant que sur une Transat ou dans le Grand Sud sur un Vendée Globe. Il va falloir être bon partout et à toutes les allures. On va voir si les petites optimisations qui ont été faites cette année par l'équipe de Paprec Arkéa vont dans le bon sens. Voile Magazine : Peux tu m'en dire plus sur ces petites modifications ? Corentin Horeau : Je ne sais pas si on peut en parler. Je préfère laisser le soin à Yoann et à son équipe de communiquer sur le sujet. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il y a eu des choses de faite et que nous avons eu de bonnes sensations lors des navigations qui ont commencé il y a deux semaines. Après, rien ne vaut le comparatif avec les autres, donc, on a hâte de faire des petits speed tests avec les copains… Voile Magazine : Pour toi le Vendée Globe, ça représente quoi ? C'est l'aboutissement d'une carrière de coureur au large ? Corentin Horeau : Un aboutissement je ne sais pas, parce qu'il y a plein plein de choses à faire. On a la chance d'être sur un sport où il y a des multicoques, des monocoques, des petits bateaux, des gros bateaux et en plus on ne sait pas de quoi va être fait l'avenir. Ca se trouve dans quelques années il y aura d'autres supports à essayer mais c'est sûr que ça représente quelque chose. Déjà faire le tour du monde dans une vie de marin c'est incroyable, le faire en solitaire c'est dingue, et puis le faire en course et sans assistance, c'est encore un autre univers. Le Vendée Globe, c'est clairement une case à cocher mais pour autant ce n'est pas la fin d'une carrière. C'est un passage on va dire, un graal mais je ne compte pas m'arrêter là… Voile Magazine : Quels vont être tes objectifs sportifs sur le Vendée Globe ? Est ce que la MACSF a des ambitions de classement qu'elle n'avait pas forcément avec Isabelle (Joschke) ? Corentin Horeau : Quand on part sur une course, c'est pour la victoire et c'est pas pour autre chose. Le deuxième on s'en souvient rarement alors que le premier beaucoup plus. Après j'ai un peu changé ma philosophie depuis quelques années : j'aime pas trop parler de classement, j'essaye de prendre du plaisir, donner le maximum car c'est ça le plus important au final. C'est comment tu arrives au bout de l'aventure, ce sont les moments humains qui restent en définitive. C'est ce que tu partages avec les gens, avec ton équipe qui m'intéressent plus aujourd'hui que le résultat pur. Mais oui, c'est sûr que depuis que je suis gamin quand je fais une course c'est pour essayer d'aller le plus haut possible, d'aller vers la victoire. Après à côté de ça, il faut aussi respecter les gens qui sont là depuis longtemps. Dans la flotte IMOCA, il y a des sacrés compétiteurs, des tueurs alors avant de vouloir s'assoir à leur table, il faut déjà bien prendre en main le bateau et essayer pour commencer de prouver des choses avant le Vendée Globe. Voile Magazine : Tu vas intégrer en 2026 l'équipe technique de MACSF avec Alain Gautier à sa tête. Que penses tu qu'il puisse t'apporter ? Corentin Horeau : C'est une légende, c'est peut-être même le marin français qui a le plus d'expérience de la courses au large. Ca sera à moi d'ouvrir les oreilles et les yeux pour bien écouter, bien regarder. Et après, à moi aussi d'amener ma patte. Même si je n'ai pas une expérience de fou, je commence à avoir ma petite vision des choses. J'ai été habitué aux grosses équipes, c'est sûr, avec Sodebo ou Banque Pop, mais en tant qu'équipier, là je vais être un peu, avec Alain justement, chef et décisionnaire. Donc il va falloir adapter tout ça, mais c'est le principe des projets voiles. Oui, c'est quelque chose que je voulais. J'ai 35 ans, je m'étais dit que ce serait bien d'évoluer dans le bon sens. Le Figaro c'est génial mais dans la vie ce qui est bien, c'est de gravir les échelons.

Retrouvez toute l’actualité nautique sur Voile&Moteur

Comments

Комментарии для сайта Cackle
Загрузка...

More news:

Read on Sportsweek.org:

Arcachon Belle Plaisance
Arcachon Belle Plaisance
Association Voile Carry-le-Rouet
Yacht club de Dinard

Autres sports

Sponsored