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QUATRE QUESTIONS A MARIE TABARLY.…

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En tant que marin, Marie Tabarly multiplie les expériences en course comme en grande croisière mais reste avant tout la gardienne des Pen Duick, quel que soit leur statut. Et elle entretient avec « le VI » une relation fusionnelle qui va bien au-delà du simple plaisir que procure un beau bateau. À l'occasion de la sortie de son livre "Cavalcade océane", nous avons échangé avec elle. [caption id="attachment_199086" align="aligncenter" width="500"] Le récit du tour du monde de Pen Duick VI disponible chez Arthaud. © DR[/caption] FX de Crécy : Marie, combien de temps faut-il pour se remettre d’un tour du monde en équipage aussi exigeant que l’Ocean Global Race ? Marie Tabarly : Franchement, le retour a été très dur et il y a eu un bon coup de barre à gérer après l’arrivée. Mentalement il y a un vrai trou d’air, et physiquement le corps prend quand même cher... Il y a encore un mois, je me surprenais à dire aux autres : « je rentre d’un tour du monde » alors que bon sang, ça fait quand même presque un an... J’ai conclu cette période par deux mois dans un refuge en montage, avec tout ce que suppose cette notion de refuge ! Cette parenthèse m’a fait le plus grand bien et ça y est, l’énergie revient et je me tourne à nouveau vers des projets. Après un an, dont deux mois en montagne, donc ! [caption id="attachment_199084" align="aligncenter" width="500"] Pen Duick VI se régale dans la brise, comme dans le mauvais temps. © ElemenTerre[/caption] FX de Crécy: Quel regard portes-tu sur l’OGR, signerais-tu pour y retourner ? M. Tabarly : C’est une bonne question... On a eu des désaccords avec l’organisation de la course sur les règles, la sécurité, la météo mais je veux surtout retenir qu’elle a eu le mérite d’exister, de permettre cette aventure de dingue avec un groupe d’équipiers incroyable. C’est grâce à des courses comme celle-là que l’on peut entretenir tout ce patrimoine nautique, Pen Duick VI en l’occurrence mais aussi d’autres, comme Neptune ou L’Esprit d’Equipe, et que l’on peut embarquer autant d’équipiers pour vivre une aventure techniquement et humainement très riche, souvent fondatrice. Un certain nombre de ces équipiers du tour du monde vont se tourner vers une carrière de marin professionnel, et ils ne seront pas les premiers à changer de vie après avoir navigué sur Pen Duick VI... [caption id="attachment_199083" align="aligncenter" width="500"] Le cap Horn sur Pen Duick VI, ça vous pose un marin ! Et ça soude durablement un équipage. © ElemenTerre[/caption] FX de Crécy : Ce récit est aussi une grande déclaration d’amour à Pen Duick VI. De quoi est fait ce lien puissant qui te relie à lui ? Marie Tabarly : Je ne sais pas, je ne me pose pas plus la question que si c’était un membre de la famille – ce qui est le cas. Il est hyper beau, magnifique à naviguer dans les petits airs comme dans le gros temps. Impossible de s’en lasser, techniquement il est très intéressant car il a plein de combinaisons de voiles possibles en fonction des conditions, en course on se triture sans arrêt le cerveau pour choisir la bonne ! Il est aussi agréable à vivre dans les alizés que dans le Grand Nord, peut accueillir beaucoup de monde et les équipiers qui embarquent sont tout de suite gagnés par cette magie qui lui est particulière. C’est un bateau ultra charismatique, depuis 1973 des générations de marins peuvent en témoigner. J’ai envie de creuser ce sillon-là, d’aller plus loin dans la transmission des savoir-faire maritimes. Alors je suis en train de poser les fondations d’un projet qui commence tout juste mais qui me tient à coeur : l’Académie Tabarly. Un lieu où l’on pourra venir se former au matelotage, la voilerie, la mécanique, la météo, la sécurité, l’avitaillement et la cuisine à bord, mais aussi le vivre ensemble et le leadership... Une structure qui offre aussi des possibilités d’embarquement ou de stage sur les Pen Duick... Je suis au commencement de cette nouvelle aventure, je vais prendre mon temps pour créer cette académie, mais je crois que l’on a tous les ingrédients pour construire une belle histoire, dans la dynamique de ce que nous avons vécu collectivement avant et pendant l’OGR. FX de CrécyÀ la fin de ton livre, tu évoques un sujet plus personnel qui est le métissage. Etre métisse, est-ce une richesse ou une entrave ? Marie Tabarly  :J’ai toujours vécu ce statut de métisse de façon assez solitaire, alors qu’en fait on est très nombreux ! J’ai été très touchée par un texte de Gaël Faye sur le sujet, et ce fut une petite révélation dans la mesure où je n’avais jamais pensé à voir le métissage comme une sorte de communauté. C’est évidemment une grande richesse, mais c’est un statut assez particulier. Quand je vais me faire faire des tresses chez des coiffeuses africaines, je suis blanche. Pour les amis qui connaissent mon goût pour le bon rhum, je suis antillaise et noire. Au final il y a deux façons de le vivre, on peut souffrir d’un sentiment de non-appartenance, se sentir « le cul entre deux chaises » si vous voulez, on peut se voir aussi comme un pont entre deux communautés. Et ça c’est une vraie richesse, une chance sans doute.

Tous nos articles sur l'Ocean Globe Race à lire ICI

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