compte rendu régate Coupe Mixte 10 Mai 2025
Où l’on va voir, vraiment de visu que le vent d’Est est une peste qui nous moleste.
Le premier cygne signe aurait dû nous alerter. Une famille dont la mixité ne fait aucun doute occupait la place avec la ferme intention de ne pas se laisser envahir par notre bande de marines d’eau douce.
Cependant, l’Homme (terme générique qui embrasse la femme) ayant décidé d’organiser le monde et une régate en ce jour, le quai fut rendu à notre espèce. C’est dans la mixité règlementaire que les préparatifs commencèrent. On voit ici qu’une jeune Maya sait bien mener par le bout du nez son papa Russ afin de gréer le 420 rapidement.
Cinq filles et trois garçons constituent nos équipages de la journée avec des dériveurs solitaires (3 Europe, 1 Laser, 1 X4) et un 420. Sans méfiance, les dériveurs se mettent à l’eau et tâte de ce petit vent d’Est annoncé à 8 nœuds avec des pointes à soit-disant 18 nœuds. Tout cela ne sont que balivernes de bistrot.
Départ de la première course dans l’insouciance. Quel est le côté favorable de la ligne ? Les 3 mon capitaine. Le petit vent, un peu tournant, est moins à considérer que les diableries du courant. Éric donne les départs quand la grande aiguille rencontre un chiffre sur sa montre. On peut dire a posteriori que c’est la seule chose régulière de la journée.
Quelques risées sont mises à profit pour se dégager des copains. C’est ce que fait Alice dans la première course.
Aahna assure à la barre, ce qui est une application disciplinée des Instructions de Course pour cette Coupe Mixte, tandis que Maya est à l’écoute. Le pauvre élément masculin de la bande tente de trouver sa place.
Les bernaches font leur petite danse qui indique que le vent se lève un peu. Les ennuis vont commencer.
Alice n’a pas trop des 5 doigts de sa sénestre pour compter les directions du vent.
À la passerelle du navire de sécurité, Philippe observe le vent et se concerte avec Éric. Tous 2 décident de maintenir la ligne de départ dans la même position pour les courses suivantes. Cette ligne étant gravée dans le béton, leur décision était assez sage.
Le départ est donné dans un ordre admirable malgré la confusion du vent.
Observez sur la photo ci-dessous le petit coup de main qu’Alice donne au Laser de David. Quelle est la signification de ce geste ?
Hypothèse 1 : « Je te pousse vers la bouée car toi seul arrivera à prendre de l’eau à Coralie et Emmanuelle, ces deux femmes engagées. David, va cours vole et nous venge. »
Hypothèse 2 : « Dégage de ma trajectoire, grand sauvage, et ne viens pas frotter ton liston crasseux à mon élégante coque jaune et mauve. »
Quelle que soit la bonne hypothèse, le passage de la bouée ne fut pas facile.
Le vent en bataille surgit d’on ne sait où, s’évanouit et revient sans crier gare. Coralie scrute la surface de l’eau pour se faire cueillir par la risée. David se fait réveiller par une brusque rafale et ne passe pas loin du plongeon. Quant à votre serviteur, il est contrôlé par la brigade de sécurité du fleuve qui le soupçonne d’un excès de vitesse. Il s’en défend honnêtement en dénonçant Alice qui va manifestement plus vite que lui. Toujours penser aux autres, n’est-ce pas exemplaire ?
Le vent quantique, c’est un phénomène dont voici une illustration édifiante :
Emmanuelle est au près bâbord amure, Guillaume au près tribord amure, Coralie tribord mais à contre et Aahna et compagnie sont face au vent. Tous vont dans la même direction et tous sont victimes d’un vent qui souffle dans toutes les directions à la fois. C’est la petite girouette en tête du mât de Guillaume qui indique que tous sont en fait en vent arrière.
Si personne n’est devenu chèvre à la fin de cette régate, c’est que le stoïcisme est de règle au YCP, et que toutes respectent les règles.
Ci-dessus, encore un passage de bouée où le calme n’est qu’apparent. Le très sympathique concurrent à gauche a demandé « de l’eau » à ceux de l’armada de son tribord, lesquels attendent patiemment qu’il daigne virer à la bouée. Mais le vent tombe plus bas que bas, et tout le monde recule. Aucun juron ne fut prononcé mais le temps a paru long en cette circonstance.
Entre risées énergiques et accalmies, entre vent du Sud passant au Nord dans l’instant, Alice trace sûrement sa route vers la victoire en temps réel et compensé.
L’équipage britannique mené par des moussaillonnes déterminées et souriantes ne lâche rien. La bôme qui danse la gigue dans ce vent tournant passe au-dessus de leur tête. C’est Russ qui est exposé.
3 courses, 3 milles parcourus, à la vitesse moyenne de 1,5 nœuds, et avec une pointe de vitesse à 6,7 nœuds. Mais surtout des coups de bôme, des contorsions incessantes, des virements décidés uniquement par le bateau, seul maître de son propre bord dans ce bazar de vent turbulent.
Sous les yeux d’un comité admirablement dévoué, Éric au chrono, Philippe à la sécurité sur l’eau et Christophe constituant le public des admirateurs, les concurrentes regagnent le quai.
Il faut rappeler ici la manie de Coralie d’aller se baigner dans la Seine à chaque fois qu’elle le peut. Cette fois-ci, c’est lors de l’accostage qu’elle a décidé involontairement de faire trempette. Une image neutre et féminine viendra illustrer cet épisode que la Seine gardera pour elle.
Les régatières et leur concurrents ayant éprouvé dans leur chair les vilenies de ce vent veule et violent à l’envie, qui aux pieds endoloris, qui aux muscles étirés, qui aux têtes frappées par des bômes indélicates, décidèrent qu’ils en avaient assez et que 3 courses suffiraient pour la journée. Nous voyons ci-dessous la jeunesse, insensible aux maux des aînés utiliser une charrette de moteur pour en faire une civière de course.
Résultats :
Alice de Kergariou – Europe
Guillaume Thibierge – Europe
Emmanuelle Ham – Europe
Bravo à Coralie (X4), David (Laser), Aahna, Maya et Russ (420).
Et grand merci au comité, Éric et Philippe, qui auraient pu naviguer mais qui ont gentiment fait en sorte que cette régate ait lieu.
Mixité des équipages, bonne humeur et quelques bleus ici ou là resteront les souvenirs de cette belle journée.