Transat Paprec. La course victorieuse de Charlotte Yven et Hugo Dhallenne (Skipper Macif)
Ils faisaient partie des grands favoris de cette édition. Deux ans après sa victoire avec Loïs Berrehar, Charlotte Yven a décidé de s’élancer à nouveau avec Hugo Dhallenne, un des skippers les plus performants de la classe. Skipper Macif a impulsé le tempo tout au long de la course avant de faire la différence dans les dernières heures. En s’imposant pour la 2e fois, Charlotte Yven est la première skippeuse à remporter la Transat Paprec à deux reprises, ce que seul Armel Le Cléac’h avait déjà réalisé.
Porter les couleurs de Skipper Macif, c’est l’assurance de viser haut. La filière s’est déjà fait une réputation et le sponsor a accompagné le dernier vainqueur du Vendée Globe, Charlie Dalin. En Figaro, c’est déjà un bateau Skipper Macif qui avait remporté la victoire, il y a deux ans. Charlotte Yven était devenue la deuxième femme lauréate de l’histoire de la course – seule Karine Fauconnier avait inscrit son nom au palmarès (en 2000) – après l’avoir emportée avec Lois Berrehar. Charlotte est donc de retour, cette fois avec Hugo Dhallenne, vainqueur de la Mini Transat 2021 et skipper hors pair.
Au bout du bout d’un “sacré match race”
L’hiver est studieux entre les entraînements, les briefings météo et la colocation pour parfaire le duo. « On a coché le plus de cases », assument-ils avant de s’élancer. Au départ à Concarneau, Charlotte et Hugo donnent la sensation de vouloir couper court aux interviews. Finis les mots, place aux actes. Dès le top départ, Skipper Macif est aux avant-postes. Ils filent légèrement à l’Ouest au Cap Finisterre et passent le way point de la Palma avec 7 minutes de retard sur les premiers d’alors (Martin Le Pape et Mathilde Géron sur DEMAIN). Dans la longue traversée de l’Ocean Atlantique, ils impulsent le rythme puis s’échappent avec Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois) et Cap Saint Barth (Cindy Brin et Thomas André).
« C’est un sacré match race, c’est intense et ça ne s’arrête jamais », confie alors Hugo. Malgré la décharge d’efforts, le duo est uni, solidaire et complice. « On sait que ça se joue aussi dans les têtes », poursuit le marin. Dans la dernière ligne droite, ils font partie de ceux qui privilégient une route Nord, plus longue mais plus rapide. Et ils tiennent bon jusqu’à ce que le scénario leur sourit enfin. Hier après-midi, alors que la plupart de leurs rivaux sont empétolés, eux profitent d’un « angle exceptionnel qui leur permet de creuser l’écart », explique Francis Le Goff. La course se joue là, après 18 jours de sprint intenable. Charlotte et Hugo ont gardé la tête froide, continué à croire en eux en toutes circonstances et sont ainsi récompensés. Ils peuvent enfin profiter de leur arrivée triomphante à Gustavia.
Charlotte Yven, à jamais la première
Il n’y a pas uniquement le scénario complètement dingue de la fin de course qui restera longtemps gravé dans l’histoire de la Transat Paprec. Il y a la constance de Charlotte Yven au meilleur niveau. Déjà victorieuse il y a deux ans avec Loïs Berrehar, la native de Morlaix s’impose à nouveau. Elle est la seule femme à avoir inscrit son nom au palmarès avec Karine Fauconnier qui avait levé les bras en 2000 avec Lionel Lemonchois.
Vingt-cinq ans plus tard, Charlotte devient donc la première navigatrice à s’imposer à deux reprises. Seul un marin avait réussi pareille performance : Armel Le Cléac’h (2004 et 2010). Interviewé il y a quelques jours, l’actuel skipper en Ultime évoquait d’ailleurs cette perspective : « ça me plairait bien que Charlotte me rejoigne au palmarès des doubles vainqueurs, d’autant qu’elle est originaire comme moi de la baie de Morlaix ! »
*avant jury
LEUR COURSE EN CHIFFRES
Heure d’arrivée : vendredi 9 mai à 02 h 18 (heure locale), 08 h 18 (heure de métropole)
Temps de course : 18 jours 19 heures, 16 minutes, 54 secondes
Distance parcourue sur l’orthodromie : 3864.22 noeuds
Distance parcourue sur le fond : 4268.58 noeuds
Vitesse moyenne (sur l’orthodromie) : 8.56 noeuds
Vitesse moyenne (sur le fond) : 9.46 noeuds
© Vincent Olivaud / OC Sport Pen Duick