Nouvelle donne sur la Transat Paprec à 500 milles de l’arrivée
À moins de cinq jours de l’arrivée à Saint-Barthélemy, la Transat Paprec nous offre un scénario haletant. Alors qu’il reste encore un peu plus de 500 milles nautiques à parcourir, la grande zone sans vent, désormais sur la route directe des concurrents, a totalement rebattu les cartes.
[caption id="attachment_198149" align="aligncenter" width="500"] © Vincent Olivaud / OC Sport Pen Duick[/caption]Cartographie et classement pour suivre en direct la Transat Paprec – Voile & Moteur
Si les favoris semblaient tenir leur rang en fin de semaine dernière, la situation s’est complexifiée depuis. Désormais, les derniers peuvent revenir sur les premiers, et la hiérarchie est plus fragile que jamais. Yann Chateau, adjoint à la direction de course, résume : « La situation météo est très incertaine donc le scénario de la course l’est tout autant. »
Deux stratégies opposées : Nord ou Sud ?
Le week-end dernier, deux grandes options se sont dégagées au sein de la flotte. Les leaders – Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois), Skipper Macif (Charlotte Yven et Hugo Dhallenne), Cap St Barth (Cindy Brin et Thomas André), suivis de près par Les Étoiles Filantes (Quentin Vlamynck et Audrey Ogereau) – ont fait le choix d’une route Nord. Une option plus longue, mais qui permettait d’éviter le cœur de la zone de molle. « C’est un décalage intéressant parce qu’il permet d’exploiter de la pression le plus longtemps possible, c’est le placement le plus sécuritaire », précise Yann Chateau.
Face à eux, plusieurs équipages ont opté pour une route plus directe, mais plus risquée, au Sud : DEMAIN (Martin Le Pape et Mathilde Géron), Décrochons la lune (Romain Bouillard et Irina Gracheva), Région Bretagne – CMB Espoir (Victor Le Pape et Estelle Greck), FAUN (Adrien Simon et Chloé Le Bars) ou encore DMG MORI Academy (Laure Galley et Kévin Bloch).
Cette zone sans vent qui barre la route des skippers constitue désormais un obstacle majeur. L’absence d’alizés, conjuguée à des grains localisés, rend toute prévision difficile. « On ne connaît pas avec exactitude les mouvements de masses d’air », explique Yann Chateau. « Des modèles proposent un scénario météo mais ça ne correspond pas toujours à ce que ressentent les marins. »
La conséquence immédiate est visible sur l’eau : les vitesses varient énormément d’un bord à l’autre. Un équipage peut bénéficier d’un grain et gagner plusieurs milles à l’heure, tandis qu’un autre reste encalminé. Une situation qui joue sur les nerfs, comme en témoigne Thomas André (Cap St Barth) : « Ça joue sur les nerfs et ça crispe. »
[caption id="attachment_198151" align="aligncenter" width="500"] © Martin Le Pape et Mathilde Géron (DEMAIN)[/caption]Des écarts qui fondent à vue d’œil
Ce lundi, les poursuivants affichaient parfois une avance de 3 à 4 nœuds sur les leaders. Solan Ocean Racing (Maggie Adamson et Calanach Finlayson), par exemple, naviguait plus rapidement que Wings of the Ocean et Skipper Macif, réduisant l’écart d’environ 3 milles par heure. « Ça signifie qu’ils gagnent 3 milles par heure sur la tête de course donc qu’ils peuvent reprendre une trentaine de milles dans la journée ! », souligne Yann Chateau.
La tête de flotte, en touchant en premier cette zone peu ventée, voit mécaniquement son avance s’éroder. Le resserrement des positions est inévitable, et la perspective d’une arrivée groupée devient très concrète.
Si la météo continue d’être aussi capricieuse, les heures d’arrivée (ETA) resteront difficiles à établir. Les deux modèles météorologiques principaux – européen et américain – ne s’accordent pas, avec une différence de 7 heures dans leurs prévisions. L’un table sur une arrivée le jeudi 8 mai à 3 heures du matin (heure locale), l’autre à 10 heures. Yann Chateau précise : « Selon les routages, les 15 premiers pourraient franchir la ligne d’arrivée avec moins de 5 heures d’écart ! »
De quoi promettre un final aussi imprévisible que spectaculaire. Pour ces derniers jours de course, les skippers devront composer avec un vent de sud-est et effectuer une majorité de bâbord amure. « Actuellement, la flotte a une approche assez nord avec un flux de vent global de sud-est », précise Chateau.
Il ajoute : « Ça ne va pas se jouer sur des empannages mais sur la manière de s’adapter à la situation. Il va falloir choisir soit de glisser un peu pour faire du nord, soit de traverser la zone de molle plus rapidement. Tout leur talent réside dans leur capacité à faire preuve d’audace et d’opportunisme. »
À mesure que la flotte se rapproche de Saint-Barthélemy, le suspense reste entier. Le verdict, lui, tombera dans quelques jours seulement du 8 mai et la mi-journée.
[caption id="attachment_198152" align="aligncenter" width="500"] © Alexis Courcoux / OC Sport Pen Duick[/caption]