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Refit du Super Arlequin : Des voiles pour la régate

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Le voilà le vrai moteur de notre Super Arlequin : un plan de voilure adapté à notre nouveau mât, optimisé pour la régate, taillé sur mesure et cousu de fil blanc sur le plancher historique de la voilerie Delta Voiles à Montpellier. Photos D. Bidaine

Au sommaire :

C'est l'histoire d'un voilier qui change de garde robe

A CHACUN SA VOILERIE… C‘est un peu le constat réalisé au fil de ce reportage en immersion sur le plancher du site de production de Mauguio, près de Montpellier, où nous avons assisté à la naissance des voiles de notre Super Arlequin. Rappelons notre cahier des charges – performer en régate notamment dans le petit temps – et le contexte. Le Super Arlequin est désormais équipé d’un mât plus haut de 60 cm, avec une bôme légèrement plus basse, nécessitant donc la confection d’une nouvelle grand-voile. Pour les voiles d’avant, la longueur d’étai est inchangée mais notre génois est cuit et nous avons opté pour deux nouvelles voiles. Un génois médium très proche en géométrie de celui d’origine avec un fort recouvrement de 150 % très contraignant au louvoyage et fortement taxé en régate IRC, mais coupé dans un tissu très léger pour performer dans le petit temps. A ses côtés, un génois intermédiaire plus petit, bien qu’encore un peu grand pour la brise (ce n’est pas un solent), mais que nous pourrons enrouler partiellement si nécessaire. Evidemment, dans ce nouveau trousseau vient se glisser un spi léger pour descendre pleine balle au portant ! Le choix d’une voilerie n’est pas, uniquement, dicté par la dernière ligne du devis ou, comme c’est notre cas, par les amitiés nées autour de ce projet. C’est un choix quasi affectif et une histoire d’affinités comme en témoignent de nombreux plaisanciers. En bref, on ne change pas de voilerie comme on change de crémerie, et tous ceux qui poussent la porte de Delta Voiles ont en commun un attachement profond à la performance de leur voilier, qu’il soit destiné à la croisière ou à la régate. La raison tient à l’histoire de cette voilerie montpelliéraine née en 1972 qui fut longtemps liée à la compétition, cultivant la performance, notamment sur le Tour de France à la Voile. Mais la régate n’est pas son seul créneau et la voilerie s’est depuis toujours attachée à diffuser son savoir-faire à tous les marins.

Une voilerie attachée à l'innovation

Une préoccupation plus visible encore avec le lancement successif, dans les années 2000, de produits alliant sens pratique et sens marin. On pense notamment aux produits phares de la marque tels que le Storm Bag (imaginé en 2006), le Code D (2010) ou le génois Vortex (2012). A chaque fois, des voiles avec des géométries innovantes au service des performances que Voile Magazine testa en son temps. Aujourd’hui, la voilerie partage sa production – 1 000 à 1 500 voiles/an – en trois gammes, toutes dessinées par Pierre-Laurent à Montpellier. Un dessin dont est tiré un plan de production exécuté pour la majeure partie des voiles sur le site de Mauguio, ainsi que sur un site portugais pour la voile légère et sur leur site tunisien pour l’entrée de gamme Delta Access. Mais revenons à la genèse de nos voiles et plus généralement d’une voile. Tout commence au bureau d’études. Fort d’une base de données riche de plusieurs milliers de voiles (qui s’est enrichie avec l’intégration du réseau Delta Voiles dans le groupe Incidences) la voile est dessinée sur ordinateur. Chaque voile est unique, car elle est le fruit des expériences de la voilerie et du dessinateur, nourries des retours des utilisateurs, d’observations empiriques faites à bord, mais aussi des données fournies par les clients : plan de pont, de cockpit, de gréement, type de navigation envisagé. Tout est possible sur ordinateur, mais il faut prendre en compte les caractéristiques du tissu employé. Une voile est un assemblage de panneaux développables qui, par leur géométrie, vont former un volume. C’est l’assemblage par pinces des laizes qui va donc donner sa forme à la voile. Une pince qui doit être raisonnable pour être réalisable sur le plancher. Une fois la forme défi nie, ce sont les lattes (simple, forcée ou full batten) qui vont figer cette forme et notamment tenir la chute afin que le positif de la voile (rond de chute) ne faseye pas. Sur une voile d’avant, la chute n’a généralement pas de positif, au contraire, sauf à être elle aussi équipée de lattes (verticales si la voile doit être enroulée). [caption id="attachment_197167" align="aligncenter" width="500"] Pierre-Laurent Garnero, face à sa planche à dessins. C’est fort de son expérience en voilerie et sur l’eau qu’il donne sa forme à une voile. © D. Bidaine[/caption]

Un dessin en 3D, aucune ligne droite

Le dessinateur doit également apporter une attention toute particulière au guindant qui doit suivre le cintre du mât pour la grand-voile et anticiper le dévers de l’étai qui va fléchir dès 15 noeuds de vent. Enfin, il mettra du positif dans la bordure libre de la GV et dans celle du génois afin qu’elle lèche le pont et capte le moindre souffle d’air. Rappelons enfin deux grands principes : plus le bateau est lent, plus il faudra dessiner des voiles volumineuses et inversement. La voile d’avant doit être plus volumineuse, avec plus de rond d’attaque et un centre de poussée plus avancé que la grand-voile qui lui est associée, car elle joue le rôle d’amorce sur le profil aérodynamique du plan de voilure dans sa globalité.

On est très loin de la voile triangulaire des dessins d’enfant !

Une théorie qui va prendre forme sur le plancher où l’ambiance est studieuse. Tout se fait au rythme de la piqueuse : rafales de petits coups secs, entrecoupées par le souffle d’air comprimé de la machine qui vient refroidir l’aiguille. Car le métal s’échauffe à force de piquer les épaisseurs de tissu. Face à moi, notre grand-voile immaculée aux panneaux déjà assemblés que Christian s’apprête à équiper de ses indispensables renforts, goussets de latte, nerf de chute, penons de chute et bande de visualisation avant que Didier ne vienne sertir les oeillets, visser la têtière en aluminium, coudre les oreilles de chien, etc. Un peu plus loin c’est Cyrille, le responsable de la production, qui a étalé à mon intention les 65 panneaux formant le puzzle de notre futur génois médium ultra léger. Car une voile c’est avant tout un grand puzzle – 78 pièces pour la grand-voile ; 65 pour l’inter ; 62 pour le médium et 54 pour le spi symétrique dont s’occuperont Sabine et Joeline sur un plancher annexe situé à l’étage de la voilerie. Des pièces à profusion et le double d’étapes pour une fabrication qui ne peut souffrir aucun faux pli !

Un nouveau plan de voile

45 m² au près, 88 m² au portant

[caption id="attachment_197168" align="aligncenter" width="500"] La nouvelle garde robe du Super Arlequin © Voile Magazine / L. Hindryckx[/caption]

1 | Grand Voile - 20,47 m2

  • Tissu : Marblehead Recycled.
  • Tissé de polyester, 100 % recyclé
  • Assemblage : Crosscut.
  • Nombre de pièces : 78
  • Ris 1 : 81,90 %, 16,77 m2
  • Ris 2 : 60,10 %, 12,31 m2
  • Prix : 3 476 €

2 | Génois Médium - 25 m2

  • Tissu : XRP ultra Aramid.
  • Une membrane avec des fibres UPE et aramide.
  • Assemblage : Triradial.
  • Nombre de pièces : 78
  • Prix : 4 004 €

3 | Génois Inter - 20,64 m2

  • Tissu : Palma Tec.
  • Une membrane de croisière intégrant
  • 25 % de fibre polyéthylène (UPE) et deux films en polyester recyclé.
  • Assemblage : Triradial.
  • Nombre de pièces : 65
  • Prix : 2 861€

4 | Spi Leger - 68,06 m2

  • Tissu : Fibermax.
  • Un tissé polyester avec une finition régate
  • Assemblage : Triradial
  • Nombre de pièces : 54
  • Poids : nc.
  • Prix : 3 522 €

Les mots pour le dire

BORDURE bord inférieur de la voile doté d’un nerf afin d’en régler la tension. CENTRE DE POUSSEE (centre de force vélique) : point théorique où s’applique la résultante des forces aérodynamiques exercées par le vent sur la voile. C’est son ajustement par rapport au centre de dérive (équivalent pour les oeuvres vives) qui rend un voilier ardent (tendance au lof) ou mou (tendance à abattre). CHUTE  bord arrière de la voile opposé au guindant doté d’un nerf afi n d’en régler la tension. CROSSCUT  technique d’assemblage standard de panneaux de tissus rectangulaires. GUINDANT bord de la voile attaché au mât ou à l’étai. Il est renforcé par une ralingue. LAIZE  bande de toile d’une voile disposée de façon horizontale, verticale ou radiale. L’orientation est choisie pour optimiser les propriétés mécaniques du tissu, résistance à la tension et à la déformation. MEMBRANE  sandwich constitué d’une âme en fibre non tissé enfermé entre deux films polyester, le tout collé sous pression (laminé). PLANCHER  désigne l’espace de travail plan où sont confectionnées les voiles, dans lequel sont intégrés les postes de travail avec les machines à coudre. RALINGUE  traditionnellement, il s’agit d’un cordage cousu sur les trois bords d’une voile afin de les renforcer. Aujourd’hui, on l’évoque uniquement pour le guindant. ROND D’ATTAQUE  forme donnée à la voile, parallèle à l’étai ou au mât. TISSE : tissu composé de fi ls en polyester qui s’entrecroisent, appelés CHAINE quand ils sont dans la longueur du rouleur et TRAME quand ils sont dans la largeur. TRIRADIAL  technique d’assemblage rayonnante des panneaux de tissu selon les forces exercées aux points d’amure, de drisse et d’écoute. Merci à notre partenaire voilerie delta Voiles et à tous nos partenaires autour du projet Super Arlequin

Retrouvez l'histoire de notre Super Arlequin sur Voile & Moteur

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