Pêche en mer – Pratique : Les traînards multihameçons
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La difficulté à trouver le poisson est le quotidien du pêcheur. Lorsque ce dernier est présent sur poste, il faut tout mettre en œuvre pour réaliser sa pêche en un temps record. Le traînard multihameçon est l’outil indispensable, mais pas toujours facile à maîtriser !
Au sommaire :
- La théorie
- Les astuces
- Traînards longs et courants
- Et si on faisait flotter tout cela ?
- Les montages
- Montage Traînard
- Montage Surf
Très efficace en Méditerranée
Pour commencer, n’allez pas vous imaginer que vous pourrez monter de véritables palangres au bout de vos cannes. Certains ont essayé, et ils ont eu des problèmes… Le traînard multihameçon doit rester pêchant, et minimiser les risques d’emmêlement demeure un effort de chaque instant. On limite donc à trois le nombre d’appâts portés par le montage, un terminal et deux situés au-dessus. Au-delà de trois hameçons, le montage devient réellement problématique, que ce soit en Méditerranée ou ailleurs. Notez que le traînard dont nous parlons excelle en Méditerranée, qu’il est capable de belles prouesses en Atlantique et dans le Nord de la France, mais qu’il s’avère quand même très sensible à l’utilisation. Pour en déterminer les limites, je préfère aborder la question du côté de ce qui lui convient, au lieu d’énumérer les nombreuses situations risquées.Par mer belle non formée
Ce type de traînard ne s’utilise que par mer belle, non formée. Oubliez les vagues pénétrantes, de celles qui remuent le sable. À peine peut-on accepter quelques vagues de surface qui sont jolies dans le paysage, mais du moment qu’elles n’exercent aucune influence sur le fond. La présence de courants est également un point positif, qui écarte bien des déboires. Le courant latéral a pour effet d’étendre le montage au sol, évitant qu’il ne tournicote inlassablement sur lui-même. Sorti de ce cadre restreint d’utilisation, vous aurez des problèmes, c’est inévitable. Ne vous dites pas pour autant que son emploi est anecdotique, car il représente le sauve-bredouille par excellence. Que ce soit pour le rayé, la royale ou le bar (autrement dit pour le marbré, la dorade ou le loup), ce montage s’adresse à des conditions de pêche difficiles qui ne laissent rien augurer de bon. L’absence de vague et les grands calmes ne favorisent pas vraiment les belles pêches. Cependant, comme nous le verrons, le traînard multihameçon a bien des secrets qui peuvent renverser une situation qui semblait perdue d’avance. Le traînard multihameçon est un montage long. On ne l’envisage pas à moins de deux mètres, sa longueur pouvant atteindre plus de cinq mètres. Vous vous demandez peut-être comment lancer un tel attirail ? Compte tenu des appâts eschés sur ce montage et de la relative finesse de l’ensemble, un lancer sur le côté, plomb posé au sol, est idéal. Il permet de ne pas tout emmêler, mais il ne peut se réaliser qu’en plage. Je vous conseille également d’employer des plombs assez lourds, car ils partent moins vite. Le montage ne subit pas de contrecoup violent et profite par ailleurs de l’importante force de traction du plomb, d’où un gain de distance notable.Retour au sommaire
[caption id="attachment_197001" align="aligncenter" width="500"] Idéalement, il faut utiliser des plombs assez lourds, car ils partent moins vite et évitent les emmêlements. © DR[/caption]Le montage
La réalisation du traînard multihameçon est basée sur la queue-de-rat. On met bout à bout plusieurs morceaux de fluorocarbone de diamètres dégressifs de façon à donner une dynamique au montage. Les hameçons sont fixés dans la foulée sur les excédents des noeuds de liaison. Précisons ici que les hameçons ne doivent en aucun cas se balader au bout de grands segments de fil. Ils doivent toujours être proches de l’âme du traînard, et ce pour deux raisons :- Trop longues, les potences de connexion viendraient à s’emmêler les unes avec les autres.
- On perdrait en sensibilité à la touche.
Sparidés et poissons plats
Maintenant que nous avons balayé les grandes lignes du montage, il faut à présent aborder les esches qu’il est susceptible de porter. Soyons clairs : ce montage est idéal pour les sparidés, pour les poissons plats et pour les bars, mais à condition qu’ils consomment du ver. N’espérez pas mettre trois seiches sur un traînard de ce type. Le volume de l’appât est capital. Plus il est gros et plus il est malmené par la mer, que ce soit par les courants ou les vagues. L’intérêt de ce montage n’est pas dans la quantité d’appâts que l’on envoie, mais plutôt dans leur comportement.Retour au sommaire
[caption id="attachment_197002" align="aligncenter" width="500"] Le marbré est une espèce pour laquelle un tel montage est très pertinent. © DR[/caption]Un montage au caractère unique !
Les dorades et les marbrés circulent généralement en bancs assez compacts. Il n’est pas rare que les animaux se disputent votre appât. Lorsque vous n’en présentez qu’un seul, ce genre de manège peut rapidement tourner court. Un poisson sent le plomb et tout le monde s’enfuit ! Vous ne voyez qu’une touche assez violente puis plus rien. Avec deux ou trois appâts posés sur le sable, le premier appât est attrapé par un individu qui part avec. Bien que suivi par ses congénères, il déplace sans s’en rendre compte les deux autres appâts. Ces derniers sont immédiatement vus par les autres poissons qui se jettent dessus. L’animation ne peut pas être plus naturelle que cela puisque c’est l’animal luimême qui donne vie à vos appâts. La dynamique dont nous parlions précédemment engendre non seulement plus de touches, mais aussi plus de poissons ! Comme les esches sont en mouvement et qu’en plus les poissons ont un choix multiple, l’agressivité est décuplée. Les hameçons piquent plus rapidement, les poissons se ferrant mutuellement. Il faut préciser que, très souvent, on ne perçoit même pas les touches avec des traînards à un seul appât. Il suffit que le poisson ne tire pas sur la ligne, mais qu’il détende celle-ci pour que l’attaque passe inaperçue. Avec trois appâts, cela devient plus qu’improbable du fait qu’un appât est nettement plus attractif en mouvement qu’immobile. Signalons néanmoins qu’à ce petit jeu, vous devrez vous armer de patience afin de ne pas ferrer au premier tintement de cloche. Vous avez deux ou trois appâts, alors autant attendre qu’ils aient joué leur rôle… Retardez un peu le moment de la récupération, c’est ainsi que vous pourrez remplir les montages. Vous êtes désormais en possession d’un redoutable outil de pêche, mais je ne saurais terminer sans évoquer avec vous la règle d’or de notre époque. La quantité n’est pas un but en soi. Je ne suis pas un extrémiste et je pense que le pêcheur est en droit de conserver le produit de sa pêche. Ce droit n’est justifié qu’à la seule condition que cette pêche soit de qualité et surtout qu’elle soit raisonnée. Prendre trois poissons de plus permet de garder le plus beau, autrement dit le plus au-delà de la taille limite de capture. Les autres doivent être remis à l’eau. Le mouvement de prise de conscience qui touche les pêches aux leurres vaut également pour les pêches aux appâts naturels.À lire aussi : Pêche aux leurres, Les têtes plombées
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Les astuces
Traînards longs et courants
Placé dans un courant, un long traînard doit onduler. Tout l’intérêt du courant est de permettre aux appâts d’évoluer non pas sur le fond, mais juste au-dessus. Le flux idéal est celui qui décolle légèrement les vers pour laisser retomber régulièrement sur le sol, exactement comme le feraient des esches naturelles. C’est pour cette raison que des longueurs de cinq ou six mètres sont parfois plus efficacesEt si on faisait flotter tout cela ?
L’emploi d’une perle flottante peut se faire de deux façons : soit par le haut du traînard, soit par le bas (l’extrémité). Dans le premier cas, la perle réduit la densité du montage et l’aide à se décoller du sol. L’effet du courant surélève l’ensemble du traînard, appâts compris. Cette astuce est à utiliser lorsque les courants sont faibles. En l’absence totale de courant, on a plus intérêt à monter la perle flottante à l’extrémité du traînard. Elle permet, si elle est assez grosse, de présenter le traînard en oblique ou carrément à la verticale. Notez que ce système est redoutable pour le mulet…Retour au sommaire
Les montages
Montage Traînard
[caption id="attachment_197003" align="aligncenter" width="500"] MONTAGE TRAÎNARD par D. Mourizard © Pêche en Mer[/caption]1 | 2 à 4 mètres de fluorocarbone
- 30/100 par mer morte ou avec courant
- 35/100 par mer calme ou avec courant
- 40/100 par mer peu agitée avec courant
- 50/100 par mer peu agitée sans courant
2 | Hameçon à 1,80 m de la pointe
3 | 100 cm de fluorocarbone
- 20/100 par mer morte ou avec courant
- 25/100 par mer calme ou avec courant
- 30/100 par mer peu agitée avec courant
- 40/100 par mer peu agitée sans courant
4 | Hameçon à 0,80 m de la pointe
5 | 80 cm de fluorocarbone
- 16/100 par mer morte ou avec courant
- 20/100 par mer calme ou avec courant
- 25/100 par mer peu agitée avec courant
- 30/100 par mer peu agitée sans courant