Damien Séguin. Test réussi pour sa GV en fibre de lin (2/2)
Damien Séguin, de retour de son Vendée Globe, a prouvé qu’il était possible de faire un tour du monde avec une voile en lin sans sacrifier à la performance ni au prix.
Deuxième partie de l’entretien avec Damien Séguin : Vendée Globe. Damien Séguin veut porter le débat sur les plans porteurs en IMOCA (1/2) https://www.courseaularge.com/vendee-globe-damien-seguin-veut-porter-le-debat-sur-les-plans-porteurs-en-imoca-1-2.html
Une voile en lin, un pari réussi
« La preuve est faite que l’on peut faire un tour du monde avec une voile en lin, et j’en suis hyper satisfait. Après plus de quatre transatlantiques et tous les entraînements, nous avons fait un premier bilan. Nous avons seulement modifié quelques éléments au niveau des renforts, mais le vieillissement s’est avéré très positif. Nous sommes donc repartis confiants avec la même voile sur le Vendée Globe. Elle s’est comportée de manière exceptionnelle, et je ne l’ai pas ménagée. Malgré le nombre de ris pris et toutes les manœuvres effectuées, je ne me suis jamais dit qu’il fallait la traiter différemment sous prétexte que c’était une voile en lin. Elle a subi le même sort que n’importe quelle autre voile que j’aurais eue sur le bateau.
À l’arrivée, elle était impeccable : pas de trous, pas d’usure prématurée, pas de déformations. Nous avons pris des photos au moment de sa mise en place quelques mois avant le Vendée, puis à notre retour. Pour donner une idée des chiffres : une grand-voile d’IMOCA standard sortie du plancher pèse environ 100 kg, et ma GV en lin faisait à peine 3 kg de plus. Ce n’est pas grand-chose, avec un budget comparable. Aujourd’hui, un coureur au large ou un plaisancier qui opte pour une voile en lin fait avant tout un choix de matériau, sans contrainte financière supplémentaire.
Nous allons continuer à tester cette solution sur les voiles creuses à l’avant, pour observer leur vieillissement, bien que cela soit un peu plus contraignant. Avec Pascal Rossignol de Trilam, nous développons aussi d’autres innovations. Pour le Spi Ouest France, nous avons acquis un Open 750 que nous allons équiper d’un jeu de voiles en fibre d’ortie. Cette fibre possède des qualités exceptionnelles. Quant à la voile en lin, c’est une belle avancée : pouvoir se dire que l’on navigue avec une voile 100 % française, issue de champs cultivés en Normandie, et proposée au même prix que les alternatives classiques, c’est une vraie fierté. »
La suite pour Damien Séguin
« Avant le départ du Vendée Globe, nous avons annoncé avec Groupe Apicil que notre partenariat s’arrêterait après la course. Ils ont souhaité se tourner vers un autre sport. Heureusement, ils nous l’ont annoncé suffisamment tôt, et nous avons pu communiquer sur cette décision bien avant l’épreuve, afin d’éviter d’avoir à gérer cela après. Un Vendée Globe est déjà une aventure intense, et si cela se passe mal, ajouter une annonce négative en plus peut être compliqué à gérer.
J’ai maintenant réalisé deux Vendée Globe. Aujourd’hui, je ne me vois pas repartir sans franchir une nouvelle étape, car je suis un compétiteur et j’ai besoin d’évoluer. J’ai déjà fait la transition d’un bateau à dérives vers un bateau avec de petits foils, puis vers des grands foils. L’étape suivante, je l’imagine avec la construction d’un bateau neuf.
Je suis donc à la recherche d’un nouveau partenaire pour lancer un nouveau projet sportif. Je reste également ouvert à d’autres opportunités, notamment du côté des Ocean Fifty. Je viens du multicoque et j’ai beaucoup d’amis dans cette classe, comme Thibault Vauchel-Camus, avec qui j’ai navigué. Ce sont des budgets et des bateaux un peu plus accessibles à gérer, et le programme est très attractif.
Aujourd’hui, je prends le temps d’étudier les différentes possibilités, mais une chose est sûre : j’ai envie de continuer à porter les valeurs qui me tiennent à cœur depuis longtemps. »