Au fil des milles, nos vêtements de mer respirants et déperlants le sont de moins en moins… Nous avons donc tout testé pour leur redonner une seconde jeunesse : sprays imperméabilisants et produits high-tech.
Photos : B. Berbessou
Une sensation humide qui s’accompagne du sentiment que votre ciré ou votre blouson technique est de plus en plus lourd à mesure que les embruns s’abattent sur le pont est le signe indiscutable que votre vêtement est à bout de souffl e. Et ça va aller en empirant : moins votre vêtement sera déperlant, plus le tissu extérieur va se gorger d’eau, bloquant l’évacuation de la transpiration et accentuant le sentiment de prendre l’eau de toute part… C’est un état de vieillissement classique et attendu, quelle que soit la marque du vêtement ou de sa membrane.
Evidemment, selon la qualité technique initiale de votre vêtement (généralement corrélée à son prix d’achat) le vieillissement sera plus ou moins rapide. En revanche, au premier signe de perte de déperlance, mieux vaut prendre le taureau par les cornes. Pour ce test, nous avons à notre disposition les vêtements de mer techniques de la rédaction datant tous de 2021 et qui ont été portés lors de nos reportages en mer : deux blousons Gill (Kenton), un blouson Helly Hansen (HP Racing) et une veste de quart Helly Hansen (Skagen).
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Rien ne vaut un test grandeur nature ! © B. berbessou[/caption]
Des produits vendus à l’époque entre 200 et 300 € et recommandés pour un usage intensif. Malgré des rinçages réguliers, les trois blousons ont perdu leur déperlance, la veste de quart également mais dans une moindre mesure.
Pour s’en convaincre, la méthode du verre d’eau est simple et radicale : versez de l’eau sur le tissu et observez.
- Si la goutte d’eau reste bien ronde et roule sur le tissu, alors la déperlance est active : partez naviguer !
- Si la goutte s’étale plus qu’elle ne glisse et laisse une tache d’humidité sur le tissu, alors la déperlance est inactive : lisez la suite de cet article !
Un vêtement propre et dessalé
Première étape, il faut laver le vêtement à basse température (30°C) pour débarrasser les fibres des saletés, du sel, de la sueur accumulée qui vont à la fois capturer l’humidité extérieure (pluie, embruns) et réduire la capacité du tissu à évacuer l’humidité intérieure (transpiration).
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gauche, le kit lavant et déperlant de Nikwax et à droite celui proposé par Grangers. © B berbessou[/caption]
Suivez les préconisations des étiquettes et privilégiez des lessives douces sans adoucissant, sans parfum ou, mieux encore, optez pour les lessives techniques présentées
ci-dessous (Nikwax et Grangers). Toutes les deux sont recommandées par les principales marques de membranes respirantes. Selon elles, les lessives traditionnelles, en cherchant à dissoudre les graisses, vont attaquer le traitement chimique déperlant (DWR pour Durable Water Repellent à base de dichlorure de tungstène) qui agit en repoussant l’eau.
Dans tous les cas, optez pour un rinçage abondant afin de supprimer les résidus de lessive qui pourraient entraver la respirabilité du tissu.
Enclenchez ensuite un essorage à petite vitesse pour l’imiter l’usure mécanique du DWR dans le tambour du lave-linge et passez au séchage.
Deux écoles existent, selon l’étiquette : à l’air libre, généralement recommandé et/ou au sèche-linge à 60 °C max. Une option efficace, car la chaleur va réactiver la déperlance.
De la même façon, il est possible de réactiver le traitement déperlant avec un sèche-cheveux ou en repassant à température modérée votre vêtement (mode synthétique, max 100 °C, sans vapeur).
Vérifiez au préalable que le repassage est autorisé et assurez le coup en intercalant un tissu entre le fer et le vêtement.
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Réactiver l’enduction déperlante par la chaleur ? Oui, ça fonctionne ! © B. berbessou[/caption]
Attention à ne pas brûler le tissu
La technique est délicate pour ne pas brûler le tissu, mais nous l’avons testée avec succès sur le blouson Helly Hansen.
Pour aller plus loin, il faut renouveler le traitement déperlant. Pour cela, nous avons testé deux marques anglo-saxonnes recommandées par Gill, Helly Hansen et Musto :
Nikwax et Grangers. Deux produits grâce auxquels le blouson Gill le moins usé et la veste de quart HH ont un peu retrouvé leur déperlance.
Reste à savoir dans combien de temps nous devrons renouveler l’opération…
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Un avant/après traitement qui parle à tout le monde ! © B. berbessou[/caption]
Cela semble être une méthode peu coûteuse pour entretenir et sans doute prolonger un peu l’espérance de vie de vêtements de mer toujours plus chers.
Sur le second blouson Gill bien plus usés ce fut inefficace. Aux grands maux, les grands remèdes : nous optons pour une bombe d’imperméabilisant Décathlon. En une passe ce fut probant : notre blouson hors d’âge a retrouvé sa déperlance. Un second passage semble néanmoins indispensable.
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Le spray imperméabilisant (environ 8 €) est une solution efficace. En dernier recours, il prolongera la vie d’une veste de quart, mais sans garantir la respirabilité du tissu. © B. berbessou[/caption]
Qu’en est-il de sa respirabilité ? On ne la garantit pas plus que la durabilité du traitement ! Cependant, c’est une solution viable pour prolonger de quelques milles un vêtement fétiche avant de le mettre au rebut.
Reste une méthode non testée et peu recommandable : enduire son vêtement de cire naturelle ou d’huile de lin !
Les kits spécialisés du commerce
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le kit lavant et déperlant de Nikwax © B. berbessou[/caption]
Nikwax
Nom |
Tech Wax |
TX.Direct |
Action |
Lessive technique |
Imperméabilisant par trempage |
Quantité |
300 ml |
300 ml |
Utilisation |
Lave-linge ou à la main (avec des gants) |
Lave-linge ou à la main (avec des gants) |
Nombre de vêtements traités |
3 |
3 |
Prix |
22,90 euros |
22,90 euros |
Note ★★★
Avis de la rédaction
Moins cher mais moins de lavages. Ce produit a néanmoins notre préférence en raison de l’histoire de la marque fondée en 1977 par un randonneur et cédée aux employés en 2022. Techniquement, le produit à base d’eau et sans PFC n’a pas besoin d’être activé par la chaleur. Une fois appliqué sur votre veste, inutile de la passer au sèche-linge.
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le kit lavant et déperlant de Grangers © B. berbessou[/caption]
Grangers
Nom |
Performance Wash |
Clothing Repel |
Action |
Lessive technique |
Imperméabilisant par lavage |
Quantité |
300 ml |
300 ml |
Utilisation |
Lave-linge |
Lave-linge |
Nombre de vêtements traités |
12 |
3 |
Prix |
27,90 euros |
27,90 euros |
Note ★★★
Avis de la rédaction
La formule est sans doute très proche pour ce producteur historique d’imperméabilisants. Lui aussi est à base d’eau et sans PFC, cependant à l’inverse de son concurrent, il préconise un passage au sèche-linge pour activer la déperlance. La lessive permet beaucoup plus de lavages.