Vendée Globe. Romain Attanasio 14e sur Fortinet-Best Western
Romain Attanasio, Fortinet-Best Western, termine 14e) de son troisième Vendée Globe après 83 jours, 22 heures, 48 minutes en mer. Depuis qu’il a acquis son bateau actuel, à l’issue de son précédent Vendée Globe, le skipper de 47 ans s’est attelé à le prendre en main. Au fil de ces saisons, il a connu plusieurs frayeurs à l’instar de son choc à la tête (sur le Retour à la Base 2023) et de son démâtage en septembre dernier. Romain a également obtenu plusieurs belles places d’honneur, lui qui a terminé 10e à la Route du Rhum (2022) et à la Rolex Fastnet Race (2023).
Au fil de ce Vendée Globe, il a régaté sans relâche, souvent en étant au coude-à-coude avec d’autres skippers. Le marin progresse non loin de Boris Herrmann (Malizia Seaexplorer) aux Açores, passe le cap de Bonne Espérance au côté de Benjamin Dutreux (GUYOT environnement – Water Family) et traverse l’océan Pacifique avec Damien Seguin (Groupe APICIL). Tout n’est pas facile pour autant : il s’ouvre l’arcade dans un choc puis doit faire face à une série de dépressions dans l’océan Indien et Pacifique.
Romain dépasse le cap Horn pour la 3e fois de sa carrière en tout début d’année avant une remontée délicate de l’Atlantique Sud où il est obligé de monter au mât à cause de soucis de hook. À la bataille au cœur d’un groupe conséquent de skippers, il parvient à s’enfuir dans l’Atlantique Nord et à consolider sa 14e place. Un résultat qui montre sa constance : Romain était 15e en 2017 et 14e en 2020. Au-delà de la prestation sportive, il restera tous les souvenirs de cette aventure hors-norme dont cette visio, mi-décembre où il a appris de sa compagne qu’il sera papa d’un garçon pour la deuxième fois…
» C’est toujours incroyable ! C’est encore mieux à l’arrivée qu’au départ. Au départ, c’est oppressant, il y a le stress de partir, on ne pense qu’à ça. À l’arrivée, ce qui change tout c’est que dès qu’on passe la ligne, il n’y a plus de pression. On passe trois mois à se demander à quel moment tout va partir en vrille, à quel moment on va abandonner… Jusqu’à ce matin, j’avais peur de démâter ! Une fois que la ligne est franchie, tu sais qu’il ne peut plus rien arriver. Et ça, c’est le bonheur !
Tu as vraiment ressenti cette intensité ?
Oui, la pression était permanente. À chaque fois que je réussissais à prendre de l’avance, les autres revenaient derrière. Lors de la remontée de l’Atlantique, on s’est retrouvés dans la pétole avec Damien Seguin et tous les bateaux revenaient… C’était du délire ! Tout le monde disait : « Jean Le Cam va vous doubler ! » Finalement, j’ai réussi à reprendre de l’avance… J’ai attaqué comme je n’aurais jamais attaqué avec mes bateaux précédents. Un foiler, ça n’a rien à voir avec les autres bateaux. Parfois, je me suis demandé pourquoi on avait fait la bêtise de mettre des foils sur nos bateaux. C’est sûr que ça va vite mais physiquement, c’est ingérable !
Tu as fait partie de ceux qui ont su trouver les mots pour raconter cette aventure…
J’essaie de raconter ce que je vis. Moi, je n’ai pas grand-chose à cacher. Je pense à Charlie (Dalin) qui joue la victoire et forcément quand il a un problème, il ne peut pas le dire. Moi, je n’ai pas cette pression ! J’arrive à bien en parler parce que j’ai des sponsors, des gens qui me suivent. Si je ne leur racontais pas ce que je vivais, ça ne marcherait pas ! Notre sport, il faut en parler. Et j’essaie d’en dire le maximum, mes forces comme mes faiblesses !
Comment décris-tu l’atmosphère à bord ?
L’ambiance, les chocs, c’est complètement dément ! Tu as mal partout, c’est impossible. Quand le bateau tape, tu as mal au cou, ça te claque les dents, c’est infernal ! Je ne sais pas pourquoi on a mis des foils sur ces bateaux ! Mais ils sont géniaux, la sensation de voler… Mais quand la mer est mauvaise, c’est vraiment dur.
Tu fais partie des rares à avoir terminé trois Vendée Globe…
Moi, depuis le début de ma carrière, je suis toujours tombé sur des gens qui m’ont aidé. J’ai quand même démâté au mois de septembre. Tous ceux qui m’entourent étaient là, m’ont aidé et m’ont permis d’être là. Dans la vie, la chance se provoque évidemment et puis un moment tout s’aligne. Et surtout parce qu’on est bien entouré. Et ça m’a permis de disputer trois Vendée Globe !
Tu es prêt à revenir avec un bateau encore plus fort ?
Il y a une semaine je disais non. À l’arrivée j’y pensais. Et ce soir je vais dire que je veux repartir ! Si j’avais un bateau de dernière génération, j’aurais peut-être pu être dans le match. Mais ce sont des bateaux durs, je ne sais pas si j’ai la capacité physique de les mener. C’est un autre monde ! Mais forcément, on prend goût à la performance. On me reverra sans doute dans quatre ans !
On t’a beaucoup entendu chanter aussi…
Je chante des chansons françaises mais je chante très mal ! De toute ma vie, ça a toujours été un complexe horrible. Je ne chanterai jamais en public mais tout seul sur mon bateau je veux bien !