Disparition : L’ermite de Budelli a tiré sa révérence
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Pendant plus de trente ans, Mauro Morandi fut le seul habitant de l’île déserte de Budelli, dans les bouches de Bonifacio. Cet ancien professeur d’éducation physique avait accepté en 1989 un poste de gardien sur l’île.
[caption id="attachment_194500" align="aligncenter" width="500"] L'île de Budelli © AdobeStock[/caption]
Celle-ci venait d’être rachetée par une société immobilière, qui n’obtiendra jamais l’autorisation d’y construire quoi que ce soit.
Mauro était resté malgré tout sur place, logé dans une casemate militaire datant de la Seconde Guerre mondiale, qu’il avait retapée avec les moyens du bord.
En 2013, l’île devient la propriété du parc de la Maddalena.
L’ermite restera jusqu’à ce que les autorités décident de l’expulser en 2021, après 32 ans de présence ininterrompue.
Il est mort le 3 janvier à l’âge de 85 ans dans son Émilie natale.
Neptune l’avait rencontré en 2018, lors d’une escale dans l’archipel. Il nous avait raconté son histoire et sa passion pour la Spiaggia rosa, plage mythique de sable rose, aujourd’hui interdite à toute présence humaine ..
L’ermite de Budelli
(Neptune Yachting Moteur 2018) [caption id="attachment_194498" align="aligncenter" width="500"] Mauro Morandi en 2018, racontait son histoire à Neptune Yachting Moteur © Neptune Yachting Moteur[/caption]Mauro Morandi, bon pied bon oeil malgré ses 79 printemps, vit seul et heureux sur l’île déserte de Budelli depuis bientôt trente ans. En 1989, ce professeur d’éducation physique de Modène décide de changer radicalement de vie en acceptant une place de gardien sur Budelli. Il n’en est jamais reparti. L’île est la propriété d’une société immobilière qui n’obtiendra jamais l’autorisation de faire construire quoi que ce soit. En 2013, les propriétaires font faillite et revendent l’île à un magnat néo-zélandais qui a l’intention louable d’en faire un observatoire de la biodiversité. Le rachat suscite néanmoins une levée de boucliers de l’opinion italienne qui réclame une nationalisation du bien. Deux ans plus tard, elle obtient satisfaction. Le parc national de la Maddalena acquiert Budelli. Mauro est, lui, toujours le seul habitant de l’île. [caption id="attachment_194499" align="aligncenter" width="500"] L'archipel de Maddalena avec Budelli, Razzoli et Santa Maia © Adobe Stock[/caption] Personne n’a jamais envisagé le déloger de la casemate militaire datant de la Seconde Guerre mondiale qu’il a retapée avec les moyens du bord. Des panneaux solaires lui fournissent l’électricité. Une citerne récolte l’eau de pluie. Des amis se relaient pour lui apporter par bateau vivres et produits de première nécessité. Malgré son isolement, le vieil ascète est particulièrement actif sur les réseaux sociaux via son compte Facebook « Mauro da Budelli ». Il y publie des photos de son île merveilleuse et des commentaires sur la préservation de l’environnement. Mauro Morandi est devenu aussi, par la force des choses, le gardien de la Spiaggia Rosa, le joyau de Budelli. Cette plage doit son nom à la couleur rose du granit et à des fragments de micro-organismes qui ressemblent à du corail. La nature du sable serait semblable à 80% à celui d’une île polynésienne. Pendant des années, des milliers de touristes débarquant chaque jour d’été des vedettes de la Maddalena ont investi la plage et sont repartis avec des sacs remplis de sable rose porte-bonheur. Les autorités de l’île ont fini par réagir pour sauvegarder la plage qui est désormais interdite d’accès. Aujourd’hui, la couleur rosée a presque disparu mais si la Spiaggia Rosa a perdu de sa magie, les plaisanciers viennent toujours à ses pieds derrière une corde tendue, comme sur un lieu de pèlerinage.« Ne dites pas que je suis un Robinson Crusoë. Contrairement à lui, je n’ai aucune envie de quitter mon île ! »