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Vendée Globe. Arrivée de Justine Mettraux 8e, première femme

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La suissesse Justine Mettraux est arrivé ce samedi 25 janvier à 14h38 en 76 jours 01 heure et 36 min. Elle devient la première navigatrice et la première internationale de cette édition. À bord de TeamWork – Team Snef, elle s’offre également la meilleure performance d’une navigatrice dans l’histoire du Vendée Globe, en améliorant le record de Clarisse Crémer (87 jours, 2 heures) de 11 jours ! La navigatrice a réussi une prestation de haute volée tout au long de son tour du monde et s’affirme un peu plus comme une des figures incontournables de la Classe IMOCA.

«  J’ai pris vraiment du plaisir jusqu’au Cap Horn sur ce Vendée Globe. La remontée de l’Atlantique a été compliquée. C’est chouette d’être revenu avec le paquet de devant. »
Une dernière nuit de chaos pour terminer. Comme ses compagnons d’infortune, Justine Mettraux n’a pas été épargnée par les conditions dans ce tour du monde. Si cela a été le cas tout au long de sa course, ça l’a été aussi dans ces dernières heures. En cause ? Un vent très changeant de 10 à 25 nœuds dans les grains, des rafales qui dépassent les 30 nœuds, une mer de 3,5 à 4 mètres et une avarie majeure de grand-voile…

Fidèle à son tempérament, la Suissesse a tenu bon, jusqu’au bout. Dans le Top 10 lors de la descente de l’Atlantique, aux prises avec Clarisse Crémer, Samantha Davies et Benjamin Dutreux dans l’océan Indien, elle parvient à recoller avec le groupe qui la devance au niveau de la Tasmanie. En s’affairant à ne jamais rien lâcher, elle parvient à résister aux avaries – problème de J0, de moteur –, à s’insérer dans le Top 10 et à s’y accrocher. À la veille de l’arrivée, ultime péripétie : Justine doit progresser alors que sa grand-voile s’est déchirée. Ça l’a obligé à naviguer sous trois ris au cœur du golfe de Gascogne entre deux dépressions, une épreuve éreintante pour l’organisme.

« Cette arrivée, c’est un truc de malade  ! » déclarait Justine, un pied sur le ponton noir de monde. « Et ce Vende Globe est exigeant. A un moment donné, on ne se rend même plus compte que c’est bien ça que l’on fait. J’ai pris du plaisir jusqu’au Cap Horn. Après on a eu une remontée de l’Atlantique assez dure. Encore aujourd’hui il a fallu batailler pour réussir à franchir la ligne.  J’ai l’impression d’avoir bien mené ma barque, d’avoir jouée des coups de temps en temps. Le bateau est fatigué, le skipper aussi mais je suis super contente du travail fait par l’équipe »
Dans la foule venue accueillir Justine, on notait quelques grands noms féminins du Vendée Globe comme Catherine Chabaud ou Isabelle Autissier qui n’auraient manqué pour rien au monde d’accueillir la première des six navigatrices engagées sur ce dixième Vendée Globe, conscientes de la performance remarquable de Justine, huitième aux Sables d’Olonne.

Justine n’a jamais esquivé.

Huitième. En terminant toutes ses transats entre la cinquième et la huitième place depuis son entrée sur le circuit IMOCA en 2020, cette belle performance n’est pas une surprise. N’empêche, rien n’était écrit à l’avance et maintenir ce niveau sur le Vendée Globe relevait de la gageure : Avec 40 bateaux dont 17 IMOCA plus récents que celui de Justine, le plateau de cette dixième édition était inédit et n’avait jamais été aussi relevé. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, Justine faisait partie des bizuths au départ des Sables d’Olonne. The Ocean Race, remporté en équipage à bord d’Eleventh Hour avait parfait en 2023 sa connaissance des mers du Sud, mais faut-il rappeler qu’avant le départ, la suissesse n’avait jamais passé plus de 22 jours seule en mer ? Et que l’exercice d’un Vendée Globe, ce marathon de 25000 milles où « l’on navigue pendant deux mois et demi avec une épée de Damoclès au dessus de la tête » selon Justine, est si particulier ? 
Certains auraient navigué la tête dans les épaules, attendu de voir. Consciente des forces et des limites de son TeamWork – Team Snef, Justine a toujours cherché à tenir la cadence, n’a jamais esquivé. Au final, seuls des grands champions de la course au large la précèdent au classement. Entre la première et la septième place, on dénombre tout de même huit victoires cumulées dans la Solitaire du Figaro et cinq dans la Route du Rhum, excusez du peu. 
Pour aller chercher cette huitième place, il fallait donc un engagement de tous les instants. Retour en huit moments clés justement, sur un parcours quasi sans faute.

12 novembre : Au large du Portugal, 10ème position
Comme prévu, le 10ème Vendée Globe part sur un rythme « transat » avec un premier test au cap Finisterre. 35-40 noeuds de vent, une mer mauvaise. D’emblée dans le coup, Justine cultive sa différence en prenant l’extérieur du DST pour minimiser les empannages, « éviter la grosse bêtise » comme elle dit. Très peu de perte dans ce crochet, TeamWork-Team Snef tient la cadence des meilleurs.

15 novembre : Panne d’alizés, 6ème position
Dans le match toute la descente l’Atlantique, Justine sait l’alizé mal installé et maintient intelligemment une position intermédiaire, gagnant vers l’Ouest comme les leaders tout en conservant un décalage Sud qui lui vaut même de pointer en troisième position le temps d’un classement ! La progression est pénible.  Multiplication des manoeuvres, brise capricieuse, modèles météo perdus, chaleur étouffante, Justine s’accroche…

27 novembre : J 0, moins un…13ème position
6ème à la sortie du Pot au Noir, Justine peut se réjouir de l’Atlantique Nord qu’elle laisse derrière elle. Ses belles trajectoires ont fait mouche mais elle ne se doute pas qu’après ces finasseries, se prépare une course de vitesse pure comme l’Atlantique Sud n’en offre pas souvent. Jour après jour, la loi des bateaux les plus récents s’impose à TeamWork-Team Snef qui malgré ses foils 2024, ne peut tenir la cadence. La course part par devant. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Justine voit son J0 se déchirer à deux reprises. La deuxième est la bonne, les lambeaux de cette voile clef dans le vent medium sont mis en soute. Justine retient de l’épisode « la dépense d’énergie pour récupérer la voile sans rien casser » mais ne se plaint pas : « A ce stade, chacun commence à avoir ses petits soucis … »

16 décembre : Salut les filles !  11ème position
Les leaders ont fait le trou. Autour de la dixième place, un ménage à quatre s’organise entre trois filles (Sam Davies, Clarisse Crémer, Justine Mettraux) et un garçon (Boris Herrmann). Depuis l’île aux Cochons le 7 décembre, ces quatre-là ne se quittent plus. L’histoire dure suffisamment pour que des fausses jaquettes de « Boris et ses drôles de dames » circulent sur les réseaux sociaux !  Jusqu’au jour, le 16 décembre où une nouvelle dépression déboule dans le sud de la Tasmanie. Justine reste dans la roue de l’allemand et plonge à tangenter la limite des glaces au prix d’une cavalcade pas toujours raisonnable pour rester dans le top ten : « Je n’avais jamais eu l’impression de voir autant souffrir le bateau. J’ai juste fait en sorte de rester en un seul morceau … » 

28 Décembre : Le cap Horn, tout un symbole. 10 ème position
Deuxième Cap Horn, premier en solitaire pour Juju. Ce coup-ci, elle ne verra le rocher que sur son écran d’ordinateur, contrainte de passer 60 milles dans son Sud… Qu’importe, l’essentiel est de boucler ces 26 jours de grand Sud à quasi 100% du potentiel du bateau. Ne manquent à bord qu’une voile et les aériens de tête de mât, cassés au sud de la Nouvelle-Zélande.

10 janvier : Cabo frio, quand tu nous tiens.10ème position
Du près, du près, encore du près. Quel poison cette remontée de l’Atlantique Sud ! Après les dépressions uruguayennes, voici le front brésilien. Tout le groupe entre la quatrième et la treizième place cherche le meilleur chemin pour s’extraire d’un front stationnaire. Justine choisit la côte et reconnait qu’elle « n’a pas été forcément très inspirée » dans ce long tricotage brésilien. Autour d’elle, la malchance des uns et la fatigue des autres offre des opportunités au classement…

25 janvier : Les Sables d’Olonne. 14 h 38 min 52 secondes : Justine Time
A moins de trente milles de Thomas Ruyant, et encore candidate à la septième place vendredi à la mi-journée, Justine déchire sa grand-voile. Les dernières heures sont les plus longues derrière le front qui fait tanguer le golfe de Gascogne entre deux tempêtes. Derrière, Sam Goodchild, ralenti lui aussi par ses soucis de voile depuis plusieurs jours, menace… Et le chronomètre est déclenché pour pouvoir rentrer au port à temps. Un final usant pour les nerfs et le corps. Mais embouquer le mythique chenal des Sables d’Olonne un samedi après-midi, voilà la meilleure parade pour oublier sa fatigue… Que la fête commence !

Le Vendée Globe de Justine Mettraux en chiffres : 
Temps de course : 76 jours, 01 heure, 36 minutes, 52 secondes
Moyenne sur l’orthodromie (23 905, 6 milles)  : 13,1 noeuds
Moyenne sur l’eau (28 101,6 milles réellement parcourus) : 15,4 noeuds

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