Vendée Globe. Yoann Richomme : « Une place au-delà de mes objectifs! «
Yoann Richomme (Paprec Arkéa) s’est livré sur sa course au cours de la conférence de presse qui a suivi son arrivée.
« Je suis hyper heureux de la copie rendue. Charlie était quasiment imbattable. Ça fait quinze ans qu’on se bat, en ce moment, il a été super fort. Ce qui me motive, c’est la passion de la régate, des bateaux et tout ce qui tourne autour avec la construction du bateau. Je voulais rendre une belle copie. Terminer deuxième est au-delà de mes objectifs. J’aurai été heureux même troisième. J’ai à peine bricoler sur le bateau. C’était un bateau génial. Cela a été un rythme de dingue.
Je me suis senti en maîtrise de A à Z sur ce Vendée Globe. Je n’ai pas eu l’impression de révolutionner ce que je connaissais sur moi, ce qui m’a le plus étonner c’est presque d’apprécier la longueur. J’ai quand même pris du plaisir à bord même en solitaire ce qui n’est pas trop mon truc. C’est quand même une course intéressante parce que c’est assez rythmé, il y a des différents passages qui changent d’océan, ça donne un rythme assez agréable. Ce qui m’a surpris c’est le nombre de changement au classement qu’on a fait. J’étais tellement prêt pour ce Vendée Globe que j’avais étudié à fond, que je n’ai pas l’impression d’avoir découvert trop de choses. J’ai le sentiment d’avoir été à l’entraînement tous les jours avec la même intensité. Une intensité de dingue. Dans notre groupe de devant on a eu des conditions météos incroyable avec une seule tempête et maximum 40 nds. On a été chanceux par rapport au groupe de poursuivant.
J’ai appelé Charlie hier juste avant qu’il n’arrive. Je lui ai dit qu’il méritait amplement sa victoire. C’est une revanche sur le passé, même si le passé a des règles et que c’était justifié. Il avait quand même remporté sur l’eau le dernier Vendée. Je savais qu’en étant premier au cap Horn, je n’avais que 10 % de chance de l’emporter. Ça ne s’est peut-être pas joué à grand-chose mais je suis content pour lui.
Si beaucoup nous voyais bord à bord, en réalité, j’étais loin. Je ne voyais pas comment je pouvais le battre. La route était toute droite et Charlie allait à Mach 12. Le duel a plutôt eu lieu dans la remontée de l’Atlantique sud et il s’est joué sur des détails. C’était un duel que je redoutais car je savais qu’il avait la machine pour remonter l’Atlantique et davantage que moi. Je n’étais même pas déçu quand il m’a passé. J’étais fataliste. Je m’y attendais.
Si on avait eu un sud plus dur, j’avais un bateau pour aller plus vite que Charlie et Seb. Il me double quand on attaque le front froid au large du Brésil. Je suis un peu cramé à ce moment-là et il a le meilleur bateau dans ces conditions. Il faut résumer le Vendée Globe à la descente de l’Atlantique, parce qu’en fait, on est déjà loin devant Seb, Charlie, moi, et Thomas, qui normalement est dans ce groupe-là, et qui décroche à un moment. Dans mon analyse, en tout cas. C’est plus l’enchaînement rapide de l’Atlantique sud qui casse le groupe. Quand tu descends, tu as 50, 60 milles d’écart et au fur et à mesure que le front avance, les autres décrochent un par un. Face à Charlie, j’ai navigué sans pression. Le fait d’être proche de Charlie Dalin, j’arrive à savoir ce qu’il va faire. On se connait. Je sais quelle trajectoire il va prendre. Et je pense qu’il est un peu pareil, en fait. Il ne fallait pas se faire influencer par la route de l’autre.
Cette course a été aussi un voyage personnel proche d’îles que je ne connaissais pas, l’île d’Auckland, le cap Horn a été magnifique. Les envies désormais c’est de prendre le temps de réfléchir. Aujourd’hui je ne connais pas la suite exactement. On n’a juste mis des jalons avec l’équipe s’il fallait se lancer dans un autre projet. En mai, on retourne à l’eau pour enchainer sur d’autre courses. »