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Yoann Richomme, une course au presque parfait

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Le plus attendu des bizuths a été à la hauteur. Lui qui a débarqué en IMOCA il y a deux ans et qui n’avait jamais navigué dans les mers du Sud s’est affirmé comme un acteur majeur de la course, revenant sur Charlie Dalin dans les mers du Sud et parvenant à bousculer le leader jusqu’à la fin. En tête au cap Horn, à la lutte avec le vainqueur jusqu’au bout, il réalise la 2e meilleure performance de l’histoire du Vendée Globe. Retour sur une course qui a confirmé tout son talent et qui lui donnera sûrement envie de revenir dans quatre ans.

Même s’il était programmé pour performer, même s’il avait tout anticipé, tout prévu, tout planifié, il a fallu un temps d’adaptation. Parce que même si on a remporté deux Solitaire du Figaro, deux Route du Rhum par le passé et deux transatlantiques en moins d’un an (Retour à la Base, The Transat CIC), il est impossible de rester insensible à ce que procure un départ de Vendée Globe. Yoann l’a vécu à fond, emporté comme tous par la vague d’émotions. « Quand tu vois le public tout au long du chenal, tu réalises le caractère exceptionnel de ce qu’on est en train de réaliser », confiait-il alors.

Le record et la découverte des mers du Sud
Ensuite, il a fallu se plonger dans la course et vite enlever ces maudites algues prises dans sa quille qui lui ont causé une petite frayeur après le départ. Yoann intègre le ‘top 10’ dès la 2e nuit puis prend les commandes de la course le 13 novembre durant une journée, à la latitude du Maroc. C’est déjà l’heure d’allonger la foulée et dans cette bataille de pur-sang, le skipper de PAPREC ARKÉA ne manque pas d’arguments. Le 20 novembre, il signe le record de vitesse des 24 heures (551,84 milles) en course et en solitaire, battant celui réalisé par Nicolas Lunven (Holcim-PRB) quelques jours auparavant et en sera le détenteur une semaine (avant que Sébastien Simon ne l’empoche).

Tout au long de la descente de l’Atlantique, Yoann reste au contact des favoris, jamais très loin de Charlie Dalin. Il fait partie des premiers à bénéficier de la dépression qui propulse toute la tête de la flotte des côtes brésiliennes jusqu’au cap de Bonne-Espérance. La suite, ce sont les mers du Sud, celles qui font et défont tant de légendes au Vendée Globe. Ça se confirme début décembre alors qu’une importante dépression se creuse sur le chemin des Kerguelen. 60 nœuds de vent et des creux de 8 mètres sont attendus. Charlie fonce plein Est, Yoann est obligé de se positionner au Nord-Est. « Ça me permet d’avoir une échappatoire en cas de problème, sans être coincé par la ZEA », confie-t-il alors. Le marin parvient à résister aux conditions dantesques mais dans le même temps il voit le duo Dalin-Simon creuser l’écart.

La « remontada » et le duel
Sauf que chez Yoann, hors de question de tomber dans la fatalité. Quand ses concurrents directs peinent à allonger la foulée après le passage de la dépression, lui appuie sur l’accélérateur. Avec méthode et une sacrée décharge d’énergie, il s’emploie à distancer ses camarades de jeu du moment mais surtout à revenir sur les hommes de tête. Un engagement de chaque instant qui paie : il réalise une incroyable « remontada » de plus de 500 milles en une poignée de jours. Après avoir passé la Tasmanie, Yoann dépasse Sébastien (14 décembre) puis Charlie (17 décembre) alors que ce dernier était premier depuis 15 jours !

La suite est un combat de haute volée, une lutte acharnée entre fin régatier où les fichiers météos sont disséqués et les réglages affinés avec la plus extrême des précisions. Sébastien Simon, qui doit composer avec un foil en moins, laisse, impuissant, Yoann et Charlie s’échapper à la fin du Pacifique. À cet instant, c’est le bizuth qui mène légèrement les débats : Yoann s’offre même le luxe, pour 9 minutes et 30 secondes, de passer le cap Horn en leader et, au passage, de s’octroyer le record entre le cap Leeuwin et le cap Horn (13 jours, 9 heures et 13 minutes). Et la bataille reprend de plus belle. Pendant sept jours encore, Yoann reste en tête. Mais Charlie n’est jamais loin. Le 31 décembre, le skipper de MACIF Santé Prévoyance reprend les commandes au large du Brésil.

Sur les pas de Charlie
Même en étant côte-à-côte, même en optimisant tout ce qui peut l’être, même en étant légèrement plus rapide au portant, Yoann ne parvient pas à reprendre la première place. Il le reconnaît à demi-mot mardi dernier : « j’ai l’impression que Charlie sera un peu plus fort, moi je tente surtout de garder le rythme ». Vendredi, ça se complique encore un peu. Lui qui n’avait connu aucune avarie majeure voit son J0, une de ses voiles d’avant, tomber à l’eau. Il s’emploie à la remettre à bord, y parvient mais récupère une voile déchirée et totalement inutilisable. Le J0 est précieux, surtout pour les petits airs comme ceux qui attendent les skippers de la pointe bretonne jusqu’à l’arrivée.

Mais ce n’est pas là que se jouera la victoire. Charlie est toujours aussi constant, il ne tremble pas et conserve un écart suffisant pour s’imposer avec sérénité. Yoann poursuit, ne lâche rien et se fait, dans l’intimité de son cockpit, à l’idée que la victoire lui a échappé. Dès sa première prise de parole, le vainqueur le félicite à sa façon : « C’est grâce à Yoann si j’ai pu faire le tour du monde en si peu de temps. Ça m’a forcé à renvoyer de la toile, à être sur les réglages, à tout donner… Avec Yoann, ça a été un match incroyable ». Le skipper de PAPREC ARKÉA termine donc 2e de son premier Vendée Globe et c’est un premier pas qui veut dire beaucoup : lors de la dernière édition, un bizuth comme lui avait terminé 2e avant de remettre ça quatre ans plus tard. Il s’appelle Charlie Dalin.

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