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Vendée Globe 2024. En direct avec Guirec Soudée : « La météo annonce 60 nœuds aux Malouines avec 6-7 mètres de creux »

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Pour sa première participation au Vendée Globe, Guirec Soudée en bave à la barre de son IMOCA à dérives. Malmené dans l'Océan Indien, pris dans du gros temps à l'approche du cap Horn et bientôt sous l'influence d'une vilaine perturbation attendue du côté des Malouines, le skipper de Freelance.com se raconte sans fard à Voile Magazine.  Voile Magazine : Pas trop dur cette fin du Pacifique, ça doit commencer à bien tirer sur le marin et la machine ? Guirec Soudée : "Je suis en approche du cap Horn là, et je te parle depuis ma banette. Attends, j'ai l'alarme qui vient de se mettre à sonner, ça veut dire que j'ai passé les 40 nœuds à l’anémomètre… Physiquement, ça va bien, le bateau, quant à lui, il est un peu fatigué forcément. D'ailleurs, j'ai mon J2 qui est pour l'instant hors d'usage, mais j'ai pu faire des réparations en bas au niveau du point d'écoute de chaque côté, des gros placards en trois patchs à chaque fois de chaque côté. Et j'ai en plus le lazy jack qui a pété hier, donc il va falloir que je m'occupe de ça aussi. Pour ne rien arranger, je vais me prendre une petite cartouche en arrivant au cap Horn, ils annoncent quand même des rafales à plus de 50 nœuds, donc je ne serai pas surpris d'avoir 60. Donc, ça va se passer sous tourmentin. En ce moment, j'ai mon J4, trois ris dans la GV et d'ailleurs je ne vais pas tarder à gréer le tourmentin. Et après dès que je passe le cap Horn, boum, le vent devrait mollir. Je vais en profiter pour me mettre à l'abri en espérant qu'il n'y ait pas de mer car il faut que je grimpe dans le mât pour finir de réparer mon J2. A cela se rajoute les deux ballast du milieux qui ont pété et la perte d’un hydro qui s'est arraché… Enfin bon, j'ai plein de petits trucs, rien qui m'empêche de continuer mais il y a forcément des choses qui font que ça me rend un peu moins performant. Avec le J2 en moins et mon petit gennaker en vrac, il y a des bords sur lesquels j'avance moins bien que les copains, mais écoute voilà c'est comme ça, c'est le jeu… Après moi ça va, là j'arrive à bien me reposer, donc c'est cool, C'est juste le moment là où je me suis cassé la gueule de ma banette, où je me suis fait quand même bien mal. Même si ça va beaucoup mieux, j'ai encore vachement mal au niveau du cou, de la nuque. J'ai des bonnes petites séquelles. Mais là c'est cool, j'ai retrouvé la mobilité de mon bras à gauche. Mais à part ça, où je me suis vraiment fait mal, j'ai la patate, même si forcément je serais content une fois passé le cap Horn, de se rapprocher de la maison. Après le truc, c'est qu’après le passage du Horn, il y a une grosse « dep » prévue le 9 janvier, et pour te dire il y a même plusieurs bateaux qui ont décidé de ralentir. La météo annonce 50-60 nœuds aux Malouines avec 6-7 mètres de creux et ce n’est pas très profond dans cette zone donc je ne sais pas trop ce que ça va donner. Donc, c'est sûr que ce n’est pas terrible mais ça sera du portant. Il faudra bien anticiper, bien préparer le bateau…" [caption id="attachment_193246" align="aligncenter" width="500"] A la barre de ce plan Farr de 2006, l'ancien IMOCA de Benjamin Dutreux sur le Vendée Globe 2020, Guirec Soudée n'a pas été épargné par les avaries... Crédit : JM Liot.[/caption] Voile Magazine : Tu as dû affronter un bon gros coup de vent et une grosse mer avant Noël, des moments que tu as d’ailleurs partagés dans une vidéo impressionnante. Tu t’es fait peur ? Quelles techniques de navigation as-tu adopté pour rester en sécurité dans ces conditions ? Guirec Soudée : "Oui, avant Noël, j'ai pris un gros coup de vent après les Kerguelen. A l’anémo, j'ai vu 72 nœuds mais bon j'ai peut-être eu plus car c'était au moment où je regardais. C'était vraiment fort, j'avais entre 50 et 65 constant et ça ne diminuait pas donc c’était assez impressionnant. J'avais 4 ris et le tourmentin et à un moment j'ai même dû le rouler mais sous GV seule, le bateau il ne répondait pas très bien. Quand il y a de la grosse mer comme ça je me mets trois quarts arrière, voire un peu plus lofé, genre à 135/140° du vent mais pas en dessous de140°. En fait, je crains trop de partir à l'abattée dans les surfs car le bateau dans ces conditions-là, il part souvent en survitesse, il est incontrôlable et c'est là où ça devient dangereux. J'avais peur pour le bateau, j'avais peur de péter un truc grave. Déjà, le vent était tellement fort à un moment que je pouvais même plus sortir dehors, c'était un carnage à l'extérieur. Là, tu penses à ta sécurité personnelle évidemment.

Le bateau partait en survitesse, il devenait incontrôlable, c'est là où ça devient dangereux !

J'ai fait des pointes à plus de 30 nœuds à plusieurs reprises, ça ne m'était jamais arrivé. C'était fou, la vitesse où ça partait, comment ça tapait. C'était la mer, surtout le problème… Le vent n'était pas un souci en soi, même si ça faisait beaucoup de vent bien sûr. Ce qu'il faut, c'est juste être bien préparé et ne pas se laisser surprendre, parce qu'il y a un moment où la mer, en plus, elle était trop grosse pour passer du J3 au J4. Pas le choix alors j'ai galéré lors du changement de voile parce qu'il commençait déjà à y avoir vraiment de la mer. Conclusion, j'aurais dû la faire un peu plus tôt cette manœuvre. C'est là où c'était dangereux finalement…" Voile Magazine : Tu es 24e au classement ce soir, es-tu dans tes objectifs sportifs ou vis-tu ce Vendée Globe avant tout comme une aventure humaine ? Guirec Soudée : "Je suis effectivement 24ème au classement, après avoir été 27e pendant un moment puis 22e il y a encore peu de temps. Mais ce qui est cool c'est que je suis revenu dans le match, c'est ça qui compte. Evidemment ma priorité c'est avant tout de finir le Vendée, de faire quelque chose de bien, de propre. Mais forcément il y a l'esprit de compétition qui est là, c'est sûr. Donc, j'avais du retard, j'ai réussi à revenir, après j'étais avec eux. Après tu vois sans mon petit gennaker, ils sont repartis. J'ai réussi à revenir et j'ai quand même grappillé pas mal de places. Comme quoi, il y a des moments où j'arrive à naviguer assez proprement et là je me fais un peu avoir au niveau du cap Horn parce que je suis trop bas par rapport aux autres. J'aurais dû rester plus haut pour avoir un meilleur angle et le vent n'est pas comme sur les fichiers et du coup je suis obligé de lofer. Je suis à 90° du vent, 95° dans 40 nœuds, les autres, ils sont à 110-120° du vent, forcément ils vont beaucoup plus vite et puis en plus j'ai dû abattre pas mal pour gérer mes soucis de lazy bag. Après la route est longue, toute la remontée de l'Atlantique, on verra ce qui se passe. C'est vrai que le 22, c'était un chiffre qui m'allait bien, 22 c'est mon département, c'est le numéro de mon bateau, enfin voilà, je ne me mets pas trop de pression, tu vois quand je peux accélérer, quand je vois que tout est réuni pour que j'avance bien, bah j'y vais, quand ça ne le fait pas, bah ça ne le fait pas. Je ne veux pas que ça me rende malade, je ne veux pas que ça soit une obsession. Avec mon bateau, on est dans le paquet, on est tout plein de bateaux à dérives, et ça c'est cool de pouvoir se tirer la bourre entre nous, de comparer un peu les vitesses, regarder les options, et de discuter entre nous. Il y a une super ambiance au sein de la flotte, c’est trop chouette." Voile Magazine : Ca bataille dur en tête de course, alors tu es plutôt Charlie Dalin ou Yoann Richomme ? Guirec Soudée : "Oui, c'est la grosse bataille devant. Ben écoute, j'ai envie de te dire que le meilleur gagne. Je connais mieux Yoann Richomme personnellement, en plus j'échange avec lui sur le Vendée. Les deux sont de super gars mais c'est vrai que j'ai plus d'affinité avec Yoann, donc moi je serai content que ce soit Yo-Yo qui gagne, il le mérite pour son premier Vendée. Honnêtement ce mec c'est une machine, il est impressionnant et tellement sympa aussi, il est rempli de qualité et donc ce serait cool qu'il puisse remporter ce Vendée, en tout cas il ne l’aurait pas volé. Il vient juste d'arriver dans la classe IMOCA, il déchire tout, donc ce serait trop chouette, ce serait une belle histoire, donc voilà, je lui souhaite de gagner et si c'est Charlie qui gagne, c'est très bien aussi, c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup également." Voile Magazine : Souhaites-tu être de la prochaine édition ? Si oui, plutôt IMOCA à foils ou dérives ? Guirec Soudée : "Non, je ne suis pas sûr, je ne pense pas que je serai sur le Vendée Globe 2028. Si je continue la course au large, j'ai plutôt envie de changer de support. Mais après c'est sûr que quand tu vois les IMOCA comme celui de Yoann, ça donne envie les foils. Mais eux, ils ont eu des bonnes conditions, si je ne dis pas de bêtises, ils n'ont pas eu plus de 25 nœuds, des petites claques à 30 à un moment, mais ils étaient toujours devant les fronts. Franchement, ils ont eu des conditions idéales. Nous derrière, on a vraiment subi... Quand on écoute Jean Le Cam qui dit qu'il n'a jamais vu un océan Indien dans un tel état. J'ai discuté aussi avec "Kali" (Arnaud Boissière), il a fait cinq Vendée Globe, et pareil, il n'a jamais vu un océan Indien comme ça, et encore il était dans le nord. Dans le sud de l'Indien, moi je me suis fait défoncer quoi, vraiment… Le Pacifique beaucoup plus cool bon sauf l'arrivée au Horn là. Après, c'est normal quoi, un Horn ça se mérite si on veut que ça reste dans nos mémoires. Ce sera mon deuxième passage au Horn mais en solitaire cette fois-ci car le premier, il y avait Monique avec moi..."

Vendée Globe 2024 : La cartographie et le classement de la course en live

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