Vendée Globe 2024. En direct avec Yoann Richomme : « Je prévois une arrivée aux Sables autour du 18 janvier »
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Leader depuis le passage du cap Horn, Yoann Richomme, l'intenable bizuth de ce Vendée Globe, affiche une régularité et une combativité digne de ses belles années sur le circuit Figaro. En compagnie de Charlie Dalin, les deux marins se livrent un duel qui s'annonce haletant jusqu'à la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne. Nous avons discuté avec le skipper de Paprec Arkéa pour en savoir un peu plus...
Voile Magazine : Bonjour Yoann, comment vas-tu ? Ton IMOCA tient le coup après 46 jours de course ?
Yoann Richomme : "Ben écoute, tout va nickel. Là, on sort de 24h un peu calme en plus donc c'était cool car ça m'a permis de remettre un coup de propre au bonhomme et au bateau mais sinon rien à signaler de spécial. Rien d'handicapant en tout cas même si ça commence à s'user un peu de partout quand même... J'ai bien tiré sur la machine mais disons qu'elle est toujours à 100% de son potentiel. "
Voile Magazine : "Et toi, physiquement comment tu te sens ? Tu n'es pas trop fatigué alors que tu amorces la remontée de l'Atlantique ?
Yoann Richomme : "Non non ça va franchement. Il y a eu des phases où j'ai bien donné quand même notamment après le cap Horn et un peu dans la transition météo du moment. Pas le choix, il fallait et il faut garder une bonne vitesse avec Charlie dans mon sillage. Je suis un peu vigilant sur mon niveau de repos, mais là on va avoir un gros reaching pendant deux jours autour de la dépression qui se présente. Donc, on va pouvoir se reposer un peu quand même là-dedans avant d'attaquer le morceau le moins facile au large de Rio. Là, j'ai l'impression que ça va être compliqué..."
Voile Magazine : Est-ce que ton plan Koch-Finot/Conq a répondu à toutes tes espérances jusqu'à maintenant ?
Yoann Richomme : "Oh ouais, carrément, ouais, moi je l'adore. C'est un super bateau, vraiment. Il est hyper complet, il est sympa à naviguer. Le fait de pouvoir regarder l'extérieur tout le temps, à la longue, c'est vraiment agréable. J'ai vraiment l'impression de naviguer comme si j'étais dehors, surtout en ce moment avec le beau temps. C'est un gros, gros plus, je trouve. Moralement, je pense que ça doit jouer dessus positivement."
[caption id="attachment_192824" align="aligncenter" width="500"] Puissant, ergonomique et fiable, le plan Koch Finot/Conq de Yoann Richomme caracole en tête du Vendée Globe depuis le passage du cap Horn. Crédit : Eloi Stichelbaut - polaRYSE / Paprec Arkéa.[/caption]
Voile Magazine : Ce premier cap Horn en solitaire, ça restera un souvenir de dingue ?
Yoann Richomme : "Ouais bah écoute, c'était un moment génial, j'étais quand même gâté de pouvoir passer le Horn par beau temps. Franchement, je me serais bien arrêté, je t'avoue. Ce sont quand même des contrées qui me font un peu tripper en terme de voyage. J'y reviendrai peut être un jour en croisière, qui sait ?"
Voile Magazine : Et la compétition avec Charlie, comment tu le vis ? C'est bon esprit ou c'est stressant ?
Yoann Richomme : "Ouais c'est bon esprit, après on va se battre jusqu'au bout... C'est sûr que ça va être un beau duel, ça peut durer longtemps, ça peut durer jusqu'au bout. J'essaie de ne pas trop me prendre la tête avec ça et surtout de faire ma route. Au classement, un coup ça va être l'un devant, un coup ça va être l'autre, c'est possible que ça change et je sais pas où et quand sera le moment décisif.
Je pense que la partie transition à venir au niveau de Rio va être plutôt à son avantage en termes de caractéristiques de bateau. Voilà, il faudra voir mais peut-être que sur la fin, si on fait de la VMG descente dans du vent fort après les Açores, ca sera plus dans mes cordes. Il y a plein d'hypothèses mais j'essaie de pas trop penser à ça et puis je me dis que déjà faire deuxième je serai content aussi, j'aurais fait un beau Vendée Globe. Après ça n'empêche pas qu'on va se battre moi et mon bateau pour essayer de faire mieux que deuxième..."
Voile Magazine : Tu penses pouvoir être aux Sables autour de quelle date ? Yoann Richomme : "Attends, je vais faire une petite estimation à la louche. Si on dit le 7 à l'équateur, ça fait le 19 janvier, parce que ça ferait 12 jours entre l'équateur et les Sables, or le temps de référence, c'est 18 jours. On va dire que le plus tôt, entre le 15 et le 18 janvier, j'imagine. Le 15, ça me paraît un peu tôt, alors je parierais bien sur le 18 janvier ! " Voile Magazine : Tu dois commencer à être pressé d'arriver, de mettre un terme à ce marathon de haute intensité, non ? Yoann Richomme : "Je suis bien dans ma course et je ne suis pas là à compter les jours. Mais oui, clairement, moins ça dure et plus je serai content, parce que c'est la logique de la course. Et puis il y a un petit truc sympa, un match de record aussi, tu vois. Bon, le record d'Armel, va être battu, c'est presque pas trop le sujet. En revanche, de combien de temps va rester la question en suspens jusqu'à la ligne d'arrivée." Voile Magazine : Et passer Noel en solitaire, c'était un moment particulier pour toi ? Yoann Richomme :" J'ai eu un petit coup au moral quand même de fêter ce moment tout seul. Après, j'ai eu plein de cadeaux sympas avec quelques bons messages là-dedans, c'était nickel. Ce qui était cool en plus c'est que le temps s'est calmé juste à ce moment-là. Avant on était sur un reaching un peu engagé, donc je me voyais pas ouvrir les cadeaux. Je me disais ; oh bah je ferai ça demain, puis d'un seul coup ça a molli en grand alors je me suis fait ; bon bah allez, c'est parti, on va ouvrir tout ça..." Voile Magazine : Si tu pouvais me donner un bon et un mauvais souvenir de ta navigation dans les mers du Sud, tu penserais à quoi ? Yoann Richomme : "Heureusement, j'ai eu beaucoup de bons moments parce que j'ai quand même eu des mers du Sud faciles. J'ai adoré le début de l'océan Indien, on s'est retrouvé au portant dans 15 nœuds, il faisait froid, mais il y avait des oiseaux autour, c'était vraiment magique. Je pense aussi à ma navigation à vue de l'île d'Auckland et du cap Horn bien sûr ! Alors, le mauvais souvenir, la journée la moins agréable, c'était au nord de la dépression que j'ai essayé d'éviter par le nord, là où la mer a quand même été bien dégueulasse. C'était une journée dure, mais j'ai envie de te dire, presque une journée standard du sud normalement."Au classement, un coup ça va être l'un devant, un coup ça va être l'autre, c'est possible que ça change et je sais pas où et quand sera le moment décisif.