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Vendée Globe. Les leaders au ralenti, de meilleurs conditions pour la flotte

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Le Père Noël semble être passé pour tout le monde. Si les leaders se sont retrouvés un peu empétolés, ils auront été bien gâtés cette année. Derrière, Sébastien Simon s’accroche. Thomas Ruyant devrait être le 4e cap Hornier devant Jérémie Beyou et ses jérémiades qui n’en finissent plus depuis l’Atlantique Sud. Pas de bol, effectivement, pour lui et son groupe qui n’ont pas eu d’occasion météo pour pouvoir recoller devant. Derrière, Benjamin Dutreux s’est trouvé deux copines Sam Davies et Clarisse Crémer pour ne pas être trop seul. Jean Le Cam maîtrise toujours ses trajectoires devant 3 foilers qui ont encore un océan Pacifique pour justifier le prix conséquent de leurs foils. Le mentor reste devant ses disciples Benjamin Ferré et Violette Dorange, qui sont les sourires et la fraîcheur de ce Vendée Globe.

Jérémie Beyou

ans le Vendée Globe, les écarts entre les bateaux ressemblent à un élastique versatile : ils s’étirent, se détendent et, parfois, claquent pile là où ça fait mal. Portés par les caprices des systèmes météo, les skippers vivent un yo-yo permanent. Tantôt regroupés comme des sardines dans une boîte, tantôt éparpillés aux quatre coins, ils subissent cette mécanique implacable. Et devinez quoi ? C’est toujours ceux de devant qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Enfin presque. Ce jeudi, Yoann Richomme a vu les 100 milles d’avance qu’il comptait hier sur Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) s’évaporer aussi vite qu’une flaque en plein désert. Le skipper de PAPREC ARKÉA n’a en effet pas réussi à contourner l’anticyclone par l’Est et n’a de ce fait désormais plus d’autre choix que de le contourner par l’Ouest – et donc au près -, tout comme son adversaire direct. Derrière, le tableau est assez similaire. Chaque jour, les positions évoluent sans répit, ce qui est à la fois fascinant pour les observateurs et éprouvant pour les skippers.

On l’a tous déjà entendu, presque comme un refrain : « Ça part toujours par devant ! ». Les marins le savent bien, c’est la règle tacite de la course au large. À chaque regroupement, dès que l’occasion se présente, les leaders s’échappent à nouveau, laissant le reste de la flotte batailler pour ne pas se faire distancer. Un classique, certes, mais toujours aussi impitoyable. Et forcément, ça fait râler. Pourtant, malgré les protestations bien légitimes, personne ne lâche rien. Chacun s’accroche avec l’espoir qu’une nouvelle opportunité se présente. Après tout, dans une course comme celle-ci, l’espoir est parfois le seul moteur qui ne faiblit jamais ! « Sur toutes les situations, que ce soit à l’avant, au milieu ou à l’arrière de la flotte, ce n’est décidément pas idéal d’être derrière car l’avantage va toujours à ceux qui ouvrent la voie », a déploré Damien Seguin (Groupe APICIL) qui a passé son temps à grignoter son retard sur Romain Attanasio (Fortinet – Best Western) ces derniers jours, avant de voir la dynamique s’inverser ce matin. « Il y avait une petite molle derrière moi, mais elle a avancé plus vite que prévu. Du coup, j’ai ralenti un peu plus que ce que je pensais. C’est dommage », a ajouté le double champion paralympique. Le vent, fidèle à sa nature capricieuse, a clairement repris le parti de son concurrent de devant.

Tensions et détentes
« L’élastique se tend et se détend constamment. C’est difficile de concrétiser les choses jusqu’au bout avec les systèmes météo qu’on a actuellement », a constaté Damien tout en regrettant que les conditions prévues soient si souvent éloignées de la réalité sur le terrain, dans le Grand Sud. Frustrant, en effet, d’attendre un colis qui n’arrive jamais ! « Du coup, j’ai du mal à tenir mes routages », a ajouté le marin. La situation est similaire pour de nombreux autres concurrents, en particulier le groupe de sept à la poursuite de Thomas Ruyant (VULNERABLE). Ce dernier a réussi à reprendre 100 milles d’avance depuis hier et il devrait franchir le légendaire cap Horn demain en milieu de journée, avec environ une demi-journée de bonus sur ses plus sérieux poursuivants. « C’est drôle ces effets d’accordéon. Tout dépend vraiment des timings dans lesquels on passe », a relaté Paul Meilhat (Biotherm) qui sait que dans une course au large, l’élastique est une loi universelle. N’empêche : pour lui comme pour les autres, c’est une véritable torture mentale. Voir ses rivaux revenir au contact après des jours de navigation acharnée est un coup au moral difficile à encaisser. À l’inverse, réussir à recoller au groupe de tête donne un souffle d’espoir, immédiatement éclipsé par une nouvelle séparation inévitable.

La magie des écarts
Ce yo-yo émotionnel, exacerbé par la fatigue et l’isolement, met logiquement les nerfs en pelote. Cependant, ça joue serré partout. Ce qui frappe dans cette édition, c’est l’intelligence stratégique des marins, quel que soit leur positionnement. Chaque skipper, qu’il soit en tête ou en queue de peloton, mène sa propre régate, exploitant les forces de son bateau et les opportunités météo avec une précision chirurgicale. Les trajectoires se croisent, les options diffèrent, mais tous naviguent avec une lucidité impressionnante. Malgré tout, le peloton s’étire inexorablement. « Si plus de 7 000 milles séparent le premier du dernier à ce stade de la course, l’écart était finalement le même, il y a quatre ans », a toutefois rappelé Jacques Caraës, adjoint à la Direction de course. En résumé : la compétition, bien que féroce sur toute la flotte, met en lumière une dynamique où les leaders poussent sans cesse les limites, entraînant les autres dans leur sillage sans jamais leur laisser de répit. L’élastique des écarts, bien que frustrant pour les solitaires, est l’essence même de cette aventure humaine hors norme qu’est le Vendée Globe. C’est dans cette tension entre regroupements et séparations, dans cette lutte contre le temps et les éléments, que la magie de la course opère.

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