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Vendée Globe. Incroyables images du passage du Cap Horn !

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Ce lundi à à 00 h 27 min (heure française), Yoann Richomme a franchi le cap Horn en tête du Vendée Globe après 43 jours 11 h 25 min de course suivi 9 minutes plus tard par Charlie Dalin. Les deux skippers pulvérisent le précédent record d’Armel Le Cléac’h de plus de trois jours. L’occasion d’aller tourner de belles images au cap Horn.

« Quel moment, c’est absolument génial ! Je n’aurais jamais pensé franchir le cap Horn dans de telles conditions. Je suis passé à ras du cap Horn, poussé par 15 nœuds de vent. Voir le cap Horn d’aussi près, cette immensité noire, la chaîne de montagnes enneigées, la mousse d’herbe verte, le phare… C’était si majestueux, si fort en émotions ! Tout est beau : le paysage, le contraste des couleurs, le ciel bleu-gris… Passer le cap Horn en tête, c’est un très beau cadeau de Noël ! Je sais que c’est un moment qui mérite d’être savouré. Il y a beaucoup de fierté pour moi et pour toute l’équipe qui a travaillé sans compter. D’une certaine manière, en mettant un terme à la traversée des mers du Sud, on peut dire que la partie la plus conséquente du travail est déjà faite. Maintenant, il ne reste plus que la remontée dans l’Atlantique ! Peu après le franchissement du cap Horn, j’ai dû faire pas mal de manœuvres. L’enjeu, c’était de reconfigurer le bateau et les voiles, en passant d’un mode « grand Sud » à un mode « Atlantique ». J’ai ramené tout le matériel de l’arrière à l’avant du bateau, ça a impliqué un engagement physique particulièrement conséquent. Et puis forcément, après plus de 43 jours en mer, il y a de l’usure : les bateaux ont souffert dans le grand Sud, ce n’est pas une surprise. »


Trois jours, treize heures, neuf minutes et vingt-six secondes de moins qu’Armel Le Cléac’h… A ce niveau-là, ce n’est même plus battre un record, c’est le faire rougir ! Ils l’auront donc fait ensemble ou presque, à neuf minutes trente d’intervalle, même si Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA) aura pour toujours le bonheur de l’avoir franchie en tête, cette crête hérissée à peine adoucie par le vert tendre de sa végétation, dont tant de marins avant lui ont rêvé…

Le Cap Horn pour Noël, et, comme dans un rêve, le soleil qui l’accompagne et leur permet d’immortaliser le tour de force. Un selfie toute langue tirée pour Yoann Richomme, le poing serré pour Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 2e). Pour en arriver là, cet inénarrable duo n’a sûrement pas été que sage, mais il aura tout de même bien mérité cette magistrale récompense, à la hauteur de leur performance. Et de la lutte qui les oppose, après 43 jours de course…

La trêve des confiseurs fut en effet de très courte durée pour nos marins affairés. Sur la petite ardoise d’écolier où tous écrivent traditionnellement les étapes de leur longue boucle, Charlie Dalin a vite tracé un message directement adressé à son meilleur ennemi : « Slt Yoann, l’Atlantique ne sera pas pacifique ». La carte de vœux est envoyée, et on peut être sûr qu’il n’y aura pas de cadeaux entre ces deux-là ! Si d’ordinaire, les films de Noël qu’on se regarde en boucle sont plutôt des romances à l’eau de rose, l’affiche de ce duel promet d’être un thriller bien corsé à l’eau de mer ! Sortez les popcorns, la remontée risque d’être rapide…

« On vit toutes les facettes du gris »
Si devant la messe est dite, derrière le réveillon de Noël s’annonce bien plus long. Pas spécialement pour Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) qui le fêtera seul, certes, mais au moins pas embêté par le voisinage et pourra célébrer à son tour son passage du Cap Horn, d’ici 500 milles. En revanche c’est toujours bien groupé que vont célébrer les fêtes de fin d’année les huit concurrents suivants, une jolie guirlande colorée qui va de Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) à Justine Mettraux (Teamwork – TEAM SNEF, 11e), qui a bien raccroché la table du dîner.

Désormais en 7e position après une progressive – mais sûre – remontée de la tête de flotte, Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) nous racontait cette nuit ses conditions de célébration :

C’est gris, mais un peu moins gris que les derniers jours ! On vit toutes les facettes du gris dans le Sud… C’est un rythme intense mais quand même au large, on n’est pas à s’arracher les cheveux, chacun a ses problèmes techniques, je pense les autres en ont un peu plus que moi, moi j’en ai très peu ! Il y a peu de possibilité de revenir devant, c’est une ligne droite à peu près, on ne fait pas des méga paris d’un côté ou de l’autre, le sens général est assez direct, donc d’ici au Horn ça ne va pas bouger beaucoup. Après, on verra, les bateaux devant auront je pense de meilleures conditions, pour nous ça a l’air lent, au près, mais on verra ! Mais je ne suis pas inquiet ni énervé par la situation !

Alors que peut-on souhaiter au pied du sapin du marin allemand au calme éternel, 5e du dernier Vendée Globe ?  » J’aimerais bien sortir mon drone et faire des photos au coucher ou au lever de soleil ! J’en n’ai pas vu depuis Cape Town ! Mais mon plus grand souhait, c’est de voir le Cap Horn, aller au détroit de Lemaire pour voir plus de terre et peut-être des sommets enneigés, ce que je n’ai vu qu’une fois en 2009 ! Et j’aimerais aussi voir les Malouines, je ne les ai jamais vues ! Une fois j’ai navigué côté intérieur des Malouines, mais je ne suis pas sûr de le refaire en solo… quoi que, s’il y a une opportunité, j’irai peut-être faire de l’exploration !

« dehors, on fait les glaçons ! »
Quelque 1 500 milles derrière, c’est au contraire d’aller droit au but que cherchent les bateaux du groupe suivant, qui en ont enfin fini avec leurs zig-zags à la recherche du vent. Si Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives-Cœur, 13e) semble avoir lâché les rênes (ou les rennes), elles font en tous cas tout pour ne pas se récupérer un Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family, 14e) dans leur traîneau. Un peu plus loin, c’est Damien Seguin (Groupe APICIL, 16e) qui dévore les milles façon bûche glacée pour aller ripailler avec son ami Romain Attanasio (Fortinet – Best Western, 15e), qui aurait préféré des agapes en solo.

A l’ombre de la Nouvelle-Zélande, les quatre suivants ont eu un début de Pacifique pénible, dans la pétole, et avancent en attendant le prochain couperet déventé. Dans la nuit, Giancarlo Pedote (Prysmian, 19e), racontait ainsi : On était dans la molle tous ensemble, après Jean Le Cam et Isabelle Joschke sont partis, on était à 20 milles, après je suis parti moi, le pauvre Alan Roura est resté collé et il est parti après, donc c’était vraiment la vraie mistoufle, et toute la grande remontada que j’avais fait a été annulée ! Pas sympa ! Là on a retrouvé du vent dans la dépression, l’air est froid, très dense, ce sont des conditions un peu hostiles, il fait très très froid, je reste avec les portes fermées dans mon bateau car dehors, on fait les glaçons !

Toujours vissés dans la dorsale, les pauvres bateaux suivants risquent eux d’avoir du temps pour savourer leur repas de fête, mais pas sûr qu’ils le digèrent si bien, alors qu’ils voient revenir sur eux le trio mené par Arnaud Boissières (La Mie Câline, 26e) et fermé par Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One, 30e).

En plein sous l’Australie, Antoine Cornic (Human Immobilier, 32e), lui, n’a pas résisté. Comme un enfant un peu trop pressé, il nous confiait dès cette nuit : J’ai craqué, j’ai ouvert un premier petit cadeau, c’est une sensation assez bizarre de faire Noël comme ça, tout seul sur un bateau à l’autre bout du monde. J’espère que vous fêterez bien ça, je vous souhaite de bonnes fêtes et profitez bien de la famille !

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