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Vendée Globe. Le Horn en vue pour les leaders

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Alors que les cadeaux trouvent leur place sous le sapin, Charlie Dalin semble en bonne voie pour passer en tête le cap Horn, suivi de très près par Yoann Richomme. Les deux skippers pourraient franchir ce passage mythique en pleine journée et dans des conditions relativement clémentes, offrant un spectacle rare. À 440 milles nautiques derrière eux, Sébastien Simon sur Groupe Dubreuil maintient une superbe troisième place et passera le cap un peu plus tard.

Le duel entre Charlie Dalin et Yoann Richomme est d’une intensité exceptionnelle, inédite pour une première place sur le Vendée Globe. Avec seulement quelques heures d’écart attendues entre eux au cap Horn, une nouvelle course débutera alors, où la stratégie dans l’Atlantique Sud jouera un rôle déterminant.

Pour les autres concurrents, la réalité est bien différente. Tandis que certains atteignent le point Nemo, d’autres franchissent encore le cap Leeuwin. Ils doivent composer avec des conditions bien plus rudes, une navigation souvent solitaire et une avancée marquée par l’injustice des écarts météorologiques. Une course plus difficile et parfois démoralisante, mais qui n’enlève rien à leur détermination.

Entre le leader actuel Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA) – fort de sa colossale avance de 2 milles sur son dauphin Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) – et le dernier de la troupe, le Belge Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 36e), il y a désormais plus d’une demi-planète d’écart. Les deux premiers verront le Cap Horn et la fin du Pacifique avant que la lanterne rouge ne voit le Cap Leeuwin, et le début de la fin de l’Indien. Vous imaginez ? Au petit matin ce 23 décembre, plus de 6 800 milles les séparent : 12 600 kilomètres qui donnent autant le vertige que la mesure…

« C’est sûr que c’est deux mondes différents, après c’est ça qui fait la richesse du Vendée Globe », commentait d’ailleurs cette nuit le marin belge, qui a patiemment construit son rêve de grande boucle, grâce à son équipe 100 % bénévole et cette pugnacité que personne ne pourra jamais lui enlever. Alors oui, il est loin et en a bien conscience, mais cela ne l’empêche pas de mener sa course, contre lui-même, contre les aléas, et surtout contre les éléments :

Ces deux semaines dans l’Indien sont longues, c’est compliqué comme océan, comme météo, ça change tout le temps et puis on a souvent des grosses différences entre les fichiers et les conditions réelles. On a des rafales qui arrivent d’un coup comme si on avait un petit bonhomme au-dessus de nous qui soufflait très fort, avec ses grosses joues ! Ça fait accélérer le bateau fort et parfois ça le couche même ! J’essaie de gérer de manière prudente, comme je sais faire, j’espère en bon marin.

En marin qui fait comme il peut, surtout. C’est en tous cas ce que se doivent se dire la plupart des solitaires qui composent avec des vents précaires, à commencer par Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e), qui mène le gros du peloton depuis qu’elle a raté le dernier Mettraux, et laissé s’échapper bien malgré elle tout espoir de batailler pour le groupe du top 10, où ferraillent tout autant un Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) qu’un Paul Meilhat (Biotherm, 9e).

Là voilà désormais après cinq jours au près, sur une mer vaguement repassée mais dans un vent mollasson, à chercher encore et toujours la bonne solution. « J’ai un peu l’impression, et c’est de saison, d’être le dindon de la farce », plaisante tout de même la navigatrice, un peu déçue de sa recette :

Un Vendée Globe c’est quand même une grosse régate, et se dire que ça se joue à ça, c’est pas injuste, parce que de toutes façons le sport il n’y a aucune notion de justice et la voile encore moins, mais c’est pas très fun ! J’étais un peu sur mon petit nuage d’être dans mon groupe avec Sam, Boris et Justine et que ce truc là s’arrête, c’est dur, parce que je me rends compte que ça me portait. Et là, en plus, tout est fait pour remuer le couteau dans la plaie : ils passent le Cap Horn quatre jours avant toi, potentiellement dans des conditions un peu plus faciles, t’as vite fait de te comparer et de voir tout en noir !

Car le pain blanc n’est pas au menu des fêtes de fin d’année de ces retardataires. « Je route avec maximum 6 mètres de houle, ce qui est déjà pas mal, et ça ne fait pas une route très belle pour passer le Cap Horn… Pour l’instant, on fait un peu le grand tour, donc on monte assez Nord par rapport à ceux de devant, presque 300 milles plus Nord qu’eux ! Donc bon, rires, c’est la petite sanction… Après ça peut encore changer ! », nous explique Clarisse Crémer, qui se réjouit tout de même d’un passage potentiel du mythique caillou au 1er janvier !

Mais loin d’être accablée par son fatum, la navigatrice, qui ressent quand même fortement cette fatigue qui lui donne parfois l’impression « d’avoir été droguée », relativise. En commençant par regarder les tracas actuels de son cher et tendre, Tanguy Le Turquais (Lazare, 21e) :

Bon après, je suis pas la seule, quand je vois ce qui arrive à Tanguy et Benjamin Ferré là, ohlala, les pauvres, ils sont tanqués alors que ça se barre devant, les pauvres ! Je ne sais pas ce qu’on a dans la famille mais on a un problème avec les trains, on les loupe !

Pour une petite dizaine de milles de retard sur le quai, voilà les deux bizuths à faire en effet les 100 pas entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande, gentiment mais sûrement repris au fil des heures par un nouveau duo fusionnel composé de Louis Duc (Fives Group – Lantana Environnement, 22e) et Sébastien Marsset (Foussier, 24e), qui lèchent la zone des glaces comme s’ils voulaient la faire fondre !

Un peu derrière, le quintuple redoublant Arnaud Boissières (La Mie Câline, 28e) est lui aussi collé par le petit temps, pour son plus grand étonnement :  » Ca fait un peu vieux de dire ça mais c’est la première fois que je vois ça ! On a eu un Indien hyper sauvage, et là, à la fin, il nous reste même pas 100 milles, c’est pétoleux, et je crois que la suite ça va être un peu mou aussi. D’habitude t’arrives à faire des simulations pour tout le Pacifique, et là j’y arrive pas, parce que le routage il ne fait pas aller assez vite ! Mais je prends tout étape par étape ! Il y a du match, ça bataille, on va pas se mettre la rate au court-bouillon, je suis droit dans mes bottes en tous cas, c’est ça qui me plait, je fais vraiment mon possible pour être le plus rapide possible, en tous cas là le moins lent, et après les options ça paye ou ça paye pas !
C’est bien simple, à l’écouter trouver globalement que le verre (de champagne, tant qu’à faire) est toujours à moitié plein, on se demanderait presque d’où vient son surnom de « Cali », pour Caliméro, ce petit poussin toujours plaintif :

Je m’amuse, je régate, je peaufine, je règle mes voiles, je règle mon pilote, je me règle moi-même. Et puis dans des coups de mou, j’écoute de la musique ! C’est peut-être ça qui m’apaise aussi : j’ai plein d’éléments à bord qui fait que dès que j’ai un coup de mou, dans mon sachet journalier j’ai des mots sympas, je reçois des messages qui me boostent, mon quotidien est bien rythmé… Ce qui est sûr c’est que ça me plait et que je ne baisse pas les bras, au contraire, et que je vis pleinement ce Vendée Globe !
Ainsi donc voilà la seule recette qui semble fonctionner sur leur table (à cartes) de fête. Celle de savoir qu’il y a un temps pour tout, et un rythme à soi. Un festin sur lequel ils peuvent bien sûr y aller de leur petite sauce, mais pas choisir tous les ingrédients qui la composent ! Le mot de la fin ce matin sera ainsi laissé au cuisinier de la Mie Câline, qui résume :

Il n’y a pas de course dans la course, il y a juste une course avec quarante bateaux, chacun d’entre nous trouve du plaisir à se tirer la bourre, avec plus ou moins de réussite, c’est ça maintenant le Vendée Globe, une course de chaque instant et c’est génial !

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