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Richomme, arrête-moi si tu peux

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Deux jours après avoir pris la 2e place à Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), le skipper PAPREC ARKEA est plus que jamais dans le sillage du leader, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance). Ce lundi à 15 heures, il ne comptait que 17,4 milles de retard ! Dans le même temps, les skippers ont tous une pensée pour Pip Hare (Medallia) qui a démâté la nuit dernière et fait désormais route sous gréement de fortune vers l’Australie. Les pépins s’accumulent de toute part : Benjamin Ferré (Monnoyeur – DUO for a JOB, 23e) a dû s’employer « pendant douze heures » afin de réparer un problème de vérin hydraulique, Antoine Cornic (Human Immobilier, 33e) et Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 37e) sont montés au mât alors qu’Arnaud Boissières (La Mie Câline, 29e) compose avec une douleur lancinante au genou.

Richomme, l’incroyable retour
Le skipper PAPREC ARKEA n’est décidément jamais rassasié. Si heureux hier de filmer les îles qu’il a pu longer, regonflé à bloc après avoir dépassé Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) samedi, Yoann allonge la foulée. Et progressivement, il revient sur Charlie Dalin, intouchable leader depuis tout juste deux semaines. « Les deux skippers naviguent dans les mêmes conditions mais Yoann va légèrement plus vite, décrypte Christian Dumard, le consultant météo du Vendée Globe. Charlie a perdu le décalage latéral qu’il avait et ils doivent composer avec du vent plutôt instable. » Yoann Richomme ne boude pas son plaisir. Vêtu d’une chapka et de gants, il était l’invité du Vendée Live ce lundi midi :

Ça se passe très bien et forcément, le scénario de la course fait que je suis heureux. Depuis que j’ai croisé Thomas (Ruyant) dans l’océan Indien, je me faufile dans des trous de souris. Je me sens bien à bord, je suis en phase avec mes routages météo, il n’y a pas de contre-temps. J’ai la chance d’avoir un bateau fantastique dans ces conditions au portant. Charlie le sait bien, on va vite être à égalité. Il attendra son heure dans l’Atlantique… Chacun son tour !

Yoann Richomme
PAPREC ARKÉA

Derrière, la guerre des positions continue
La bulle anticyclonique qui sépare les trois leaders du reste de la flotte est bien visible sur la cartographie. Cette grande zone bleutée fait toujours office de « barrière infranchissable », le terme utilisé par Jérémie Beyou (Charal, 6e). Il faudra être patient : ce n’est qu’à partir de mercredi que l’anticyclone remontera vers le Nord et permettra aux skippers de s’échapper. En attendant, ceux qui sont derrière et qui bénéficient de vent fort peuvent revenir.

Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer, 10e), Justine Mettraux (TeamWork-Team Snef, 11e), Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 12e) et Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) bénéficient ainsi d’un vent particulièrement soutenu. « J’espère me tromper mais l’état de la mer va rendre les prochaines 24 heures très compliquées, confiait Clarisse ce matin. Il y a 40 à 45 nœuds de vent de travers à négocier. Si je n’arrive pas à faire de bonnes moyennes, je vais voir le bus (le front) partir sans moi ! »

Pip Hare, les illusions perdues
Dans la flotte, la nouvelle du démâtage de Pip Hare (Medallia, 16e), la nuit dernière, est encore dans toutes les têtes. « J’ai ressenti énormément de tristesse, j’en ai eu les larmes aux yeux, c’est vraiment dur, confie Isabelle Joschke (MACSF, 18e). « Pip est une fille géniale, toujours souriante, toujours la patate, confie Arnaud Boissière (La Mie Câline, 29e). Je suis de tout cœur avec elle ! » Conrad Colman (MS Amlin, 27e) a connu la même mésaventure en 2016 : « chaque mât qui tombe, c’est un couteau dans le cœur. Ça fait remonter chez moi beaucoup d’émotions. Quand ça t’arrive, tu as l’impression que tout ton monde s’effondre ». Nombreux sont les marins à avoir écrit à Pip pour lui témoigner de leur soutien.

La Britannique, rayonnante depuis le début de la course, est encore sous le choc. « Je vais bien, dit-elle dans une vidéo, tentant de trouver les mots malgré la déception et la douleur. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Le bateau a décollé et quand il a atterri, le mât est tombé en deux morceaux. Je ne pense pas pouvoir expliquer ce que je ressens pour l’instant ». Pip s’est activée à mettre en place un gréement de fortune qui lui a permis de progresser à environ 4 nœuds tout au long de la journée. Elle pointe à 700 milles des côtes australiennes qu’elle devrait rallier dans une dizaine de jours.

Dans la flotte, les bobos se multiplient
Alors que débute la 6e semaine de course, la fatigue s’accumule et les soucis aussi. Benjamin Ferré (Monnoyeur – DUO for a JOB, 23e) a été tiré d’une sieste à cause d’un « énorme claquement ». « Il y avait de l’huile partout dans le bateau, la fixation du vérin de quille a littéralement explosé ». Un temps, le skipper pense à abandonner, à faire route vers l’Australie. « J’ai vraiment cru que mon Vendée Globe était terminé ». Il s’est surtout activé « pendant douze heures », aidé par son équipe technique à terre et Jean Le Cam qui l’a appelé régulièrement. Un travail « de titan et sans repos » qui lui a permis de réparer et de reprendre sa route.

Antoine Cornic (HUMAN Immobilier, 33e) est également reparti de l’avant. Il s’était mis à l’abri de Saint-Paul, une île inhabitée qui fait partie des TAAF (terres australes et antarctiques françaises). Antoine en a profité pour monter au mât afin de réparer son rail de grand-voile. Après cinq heures de travail acharné, il a pu repartir en fin de matinée. Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 37e), lui, est parvenu à y monter pour changer sa girouette. « Ce n’était pas simple et surtout, ça ne fonctionne toujours pas, c’est peut-être un problème de câble ».

Du bricolage, il en était aussi question à bord de MS Amlin (27e). Conrad Colman le reconnaît : « je suis en train de finir les réparations sur mon J3, sur mon Jockey Pole et le lazy bag de grand-voile ». À noter, enfin, qu’Arnaud Boissières (La Mie Câline, 29e), souffre du genou qui a gonflé. Le Vendéen est en contact avec les médecins de course afin d’atténuer la douleur et se soigner. Et il conclut : « En mer, on vit un peu comme des Tarzan en cage. On se tient à quatre pattes, on tombe… Je me suis rendu compte que j’avais des bleus un peu partout ! »

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