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Navigation : 18 500 milles en Garcia Exploration 45

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Chamoniards d’origine, Valérie et Yann ont la cinquantaine maritime. Venus tardivement à la voile par amour des grands espaces, ils ont plongé dans le grand bain en 2019 avec Kolitsani, leur Garcia Exploration 45 qui a depuis tracé un long sillage de 18 500 milles ! (Voile Magazine Mars 2024) - Texte : François Trégouet

À découvrir notre test du Garcia Exploration 45 en lien

Bonjour Valérie et Yann, où êtes-vous ?

A Deshaies (Guadeloupe), après une jolie petite nav’ dans le canal des Saintes au portant dans 25 nœuds. Nous sommes arrivés aux Antilles dans la nuit de Noël, après une transat compliquée : 23 jours de mer depuis Ténérife (Canaries) dont six de moteur. Pour économiser, on a tourné à 1 500/1 600 tr/mn (au lieu de 1 800/2 000), soit 5 nœuds. On a tellement économisé qu’on est arrivés aux Antilles avec un réservoir plein ! Mais ça nous a permis de sauter d’une zone sans vent (6-7 nd) à des zones avec un bon 20-25 nœuds. Vent ou pas, nous avions toujours une houle de 3 m. « La transat, vous vous calez sur un bord et c’est génial ». Nous, nous avons parfois changé trois fois de configuration dans la même journée, quand ce n’était pas à 2h du matin ! On a tout essayé, le spi, le gennaker, les voiles en ciseaux… Nous avons Adrena Octopus pour nos routages. C’est pas mal, mais avec ou sans routage, tout le monde a galéré. Certains copains sont passés très nord et ils n’ont eu que deux jours de moteur. Nous, on a fait du sud jusqu’à la latitude du Cap-Vert et c’était galère. [caption id="attachment_184527" align="aligncenter" width="500"] Chamoniards d’origine, Valérie et Yann ont la cinquantaine
maritime. © DR[/caption]

Comment vous organisez-vous pour les quarts sur la transat ?

En mer, on quitte notre lit Queen Size pour passer dans la cabine arrière. Elle ne bouge pas quelle que soit l’allure et il y a un hublot qui donne dans le cockpit, qu’on laisse ouvert, ce qui fait que si l’un doit appeler, l’autre entend. La veille se fait à l’extérieur ou à la table à cartes. Mais être dehors nous permet de réagir plus vite. Pour les quarts, on laisse dormir l’autre en respectant les cycles de sommeil de celui qui se couche, que ce soit 2h ou 4h. Du coup, quand tu te réveilles, même si tu as peu dormi, tu as fait un cycle complet et tu es plus frais. Chaque nuit, chacun a réussi à dormir 4 à 5 heures d’affilée, plus des siestes, plus des micro-siestes lors des quarts. Sur la transat il n’y a pas le trafic de la mer du Nord !

Avant cette transat, vous aviez déjà pas mal navigué ?

Nous avons parcouru 4 000 milles en cinq mois avec notre Exploration 45. Aurigny, Roscoff, les Scilly, le sud de l’Irlande, une partie des Hébrides intérieures puis extérieures, les Shetland, puis la Norvège jusqu’à Molde avant de redescendre la côte ouest. Nous avons présenté le bateau au salon nautique de Marstrand, ce qui nous vaudra la une du Göteborgs Posten ! Un bateau français, en aluminium, dériveur, arrivé par la mer, c’était tellement incongru pour eux. Nous sommes rentrés à Cherbourg par les îles danoises, le Kiel Canal et la mer du Nord. En 2021, nous sommes repartis pour la « petite boucle atlantique » : Bretagne, Portugal, Madère, Açores, puis retour à Cherbourg par la Corogne et l’île d’Yeu. En 2022, on voulait aller jusqu’au Spitzberg, mais nous n’avons pas reçu les autorisations. Pourtant on avait pris des cours de tir au gros calibre pour les ours blancs ! Finalement, nous sommes partis sur la côte sud de l’Irlande. Là nous avons eu la chance d’avoir une météo favorable pour faire la côte ouest. Huit jours de beau temps avec 10 à 15 nœuds de nord et la côte est absolument magnifique. Après Galway, en 48 heures nous avons contourné le nord de l’Irlande, et nous avons rallié directement Tobermory sur l’île de Mull. Une grosse dépression nous a contraints à tracer tout droit vers la côte norvégienne et on s’est réfugiés dans un port minuscule. Ensuite nous sommes remontés jusqu’aux Lofoten. C’était beau et froid, on a fait beaucoup de moteur malheureusement, mais les paysages sont incroyables. Maintenant on a une expression qui est : « Beau comme la Norvège sous le soleil ». Le problème, c’est qu’il y a deux jours de soleil pour huit jours de pluie ! Des Lofoten, nous sommes redescendus jusqu’à Stavanger. Nous étions un peu tard, fin septembre début octobre, donc on a dû attendre la bonne météo pour aller directement vers l’Angleterre.

C’est quoi votre plus beau souvenir à bord à ce jour ?

En 2023 entre l’Irlande et l’Ecosse, même s’il faisait froid, c’est l’un de mes plus beaux souvenirs : 20 nœuds au portant, une grande houle du large, le jour presque permanent, la mer qui brille et l’impression d’être au bout du monde ! Je n’ai pas tout à fait la même perception que Yann, pour moi les plus belles nav’ ce n’est pas quand il fait 8° avec un empannage à minuit ! Mon plus beau souvenir c’est plutôt Porto-Madère, au portant avec une houle très longue, et le bateau qui faisait des surfs incroyables dans des vagues qui étaient plus hautes que les panneaux solaires. Là, il ne faisait pas froid, c’était pleine lune et tellement magique !

Quel est le programme ?

On va quitter les Antilles fin mai, via Cuba ou les Bahamas. On devrait être à Cherbourg en octobre. Le plan A c’est de monter par St-Pierre-et-Miquelon, le Labrador, puis traverser via le sud du Groënland, mais Valérie n’est pas d’accord. On peut aussi rentrer depuis le Labrador par les Açores, c’est un peu plus long mais ça se fait bien. Le plan B ce sont les Bermudes et les Açores, une route très classique, et on aime bien sortir des sentiers battus.

Équipement : Bilan 100% Pratique

L’énergie. Nous sommes contents de l’hydrogénérateur, en revanche, un groupe plus puissant que notre 4 kW aurait moins tourné. Et encore, nous n’en sommes qu’à 70 heures de groupe depuis 2019. On s’en sert davantage en ce moment sous les tropiques, car le réfrigérateur et le conservateur consomment énormément. Le dessalinisateur de 60 l/h est suffisant car c’est un équipement qu’il faut faire tourner régulièrement. En trois semaines de transat, on est arrivés avec la moitié du réservoir plein en l’ayant fait tourner seulement quelques heures. Le winch électrique uniquement pour la drisse de GV/gennaker est suffisant car nos autres winches sont surdimensionnés. Les traceurs électroniques de grande taille sont très bien car dans le cockpit, quand tu es à la barre, tu vois très bien. Le hors-bord… On se retrouve avec un monstre, d’ailleurs on l’appelle Hulk. Il fait 45 kg pour 8 ch et si tu n’es pas deux, tu ne peux pas t’en servir, c’est une hérésie. La table du carré, transformable en couchage que nous n’avons pas, est un sujet de discorde. A deux, elle ne nous manque pas ; avec des coéquipiers, comme la cabine avant est impraticable en mer, elle aurait été idéale. Reste la bannette de mer, qui va très bien à Yann, tandis que Valérie – claustrophobe – a l’impression d’être dans un cercueil ! Le salon de pont avec vue sur mer : on ne reviendrait dessus pour rien au monde, même contre plus d’habitabilité. C’est magnifique de pouvoir voir dehors en permanence, d’observer les changements de lumière, l’arrivée d’un voilier ou d’un grain ! La cuisine. Elle impressionne les visiteurs. On doit juste pouvoir optimiser encore un peu le rangement d’une manière globale dans le bateau. Les placards hauts de la cabine avant sont une bonne option, parce que l’essentiel des rangements est technique. Pour nos affaires personnelles, il n’y en a pas tant que ça. La machine à laver. Nous avons une Calor portable, qui consomme énormément d’eau et ne prend que le petit linge. Aux Antilles, même si c’est cher, le service de Lavomatic existe, donc ce n’est pas très utile. Mais dans des endroits plus reculés, on sera contents de l’avoir.

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