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Voilier d’occasion, les 15 points à vérifier avant d’acheter !

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Un bon acheteur doit préparer sa visite. Enquêtez auprès des associations de propriétaires, consultez certains forums de discussion publics et relisez les essais d’occasions publiés dans la presse. Ce sont autant de sources fi ables et utiles sur les qualités et les défauts d’un modèle de voilier. Relisez aussi les essais écrits dans la presse au moment de la sortie du voilier. Vous pourrez en apprendre beaucoup sur les différentes versions du modèle que vous vous apprêtez à visiter, tant sur les aménagements que sur le plan de pont, le plan de voilure, le type de lest ou la méthode de construction. En effet, vous ne rechercherez pas les mêmes indices de vieillissement sur une coque ou un pont en contreplaqué, en aluminium, en polyester ; doté ou non d’un contre-moule, réalisé en monolithique (empilement de couches de tissus imprégnés de résine) ou sandwich avec une âme en balsa (bois) ou mousse (PVC)… À chaque type de construction ses caractéristiques. Gare aux infiltrations avec le contreplaqué ou le sandwich et à l’électrolyse sur les coques en aluminium. Globalement, l’attention de l’acquéreur devra se porter sur la raideur de la structure. Recherchez les fissures ou les décollements au niveau des varangues ainsi qu’au pied des cloisons, marques d’un choc ou d’un vieillissement structurel de la coque. R evenons rapidement sur les constructions en sandwich qui souffrent d’une mauvaise image liée aux premières expériences industrielles des années 70.

Le délaminage se repère

Les unités de cette époque souffrent très régulièrement de délaminage lié à une infiltration d’eau qui a pourri et désagrégé l’âme du sandwich. C’est facile à repérer : le pont va ployer sous vos pas. Aujourd’hui, le problème a été résolu avec des âmes en balsa gorgé de résine ou en mousse imputrescible et de meilleures résines. Pour finir de préparer votre visite, demandez au préalable si vous pouvez consulter les documents du voilier : photos, inventaire, carnet d’entretien. Certains propriétaires connectés auront numérisé et rassemblé ces documents dans un Cloud, une recommandation de tous les assureurs. Notez, concernant les voiliers de voyage, que les blogs des précédents propriétaires peuvent être riches d’informations.

15 points clés à valider :

1/ Observez la carène

[caption id="attachment_184278" align="aligncenter" width="500"] Une telle balafre sur les œuvres mortes doit être réparée sous peine d’infiltration © Voile Magazine[/caption] Voyez les creux, les bosses, les rayures ou les cloques et grattez à la pointe d’un couteau. Sur une coque en polyester, un creux peut être lié à un choc ou à des bers mal placés, une cloque à de l’osmose. Dans le premier cas, il faudra vérifier les stratifications à l’intérieur, dans le second faire venir un expert. Une rayure profonde devra être reprise. On jette un œil aux passe-coques sans oublier la grille de prise d’eau du moteur.

2/ La quille a-t-elle touché ?

[caption id="attachment_184290" align="aligncenter" width="500"] Le joint congé est esthétique. Mais si des coulures apparaissent, alors il faudra déquiller. © Voile Magazine[/caption] Observez le nez du lest à la recherche de traces de chocs. Y a-t-il des coulures au niveau du joint de quille ? Eloignez-vous, est-elle dans l’axe ?

3/ Passez au safran

[caption id="attachment_184279" align="aligncenter" width="334"] Secouez le safran pour juger de l’usure des bagues et inspectez le bord d’attaque. © Voile Magazine[/caption] Secouez fermement la pelle qui ne doit pas bouger sauf si les bagues de safran ou les paliers sont usés. Veillez aux marques de chocs ou d’osmose puis passez à la propulsion. La ligne d’arbre ne doit pas avoir de jeu. Observez les anodes, l’hélice. Avec un saildrive, cherchez des traces de corrosion sur l’embase.

4/ Inspectez les œuvres mortes

Notez les défauts d’aspect : déformations, enfoncements (souvent au niveau des patins du ber), griffures ou cloques qui peuvent nécessiter une enquête plus poussée et des reprises. Gare aux chocs près de la liaison coque-pont, une zone fragile propice aux infiltrations. Observez aussi les hublots de coque, plexis, joints et pourtours ainsi que la jupe et l’étrave.

5/ Prenez la barre

Eprouvez la colonne (jeu dans la transmission) et plongez sous le cockpit pour observer le secteur de barre, l’état des drosses, des coulures. Vérifi ez l’état du vérin du pilote (corrosion, fuite d’huile si piston hydraulique) et l’allure du tube de jaumière (fissures).

6/ Déambulez sur le pont

[caption id="attachment_184288" align="aligncenter" width="500"] La fissure est nette sur cette cadène. Il faut vérifier sous le pont d’éventuelles infiltrations. © Voile Magazine[/caption] Passez du cockpit à la plage avant en observant le gel-coat à la recherche d’impacts et de petites fi ssures (faïençage) autour des cadènes, du mât, des chandeliers, des balcons, des taquets. On peut évaluer le pont en faisant pression avec le pied : est-il souple ? S’il est recouvert de teck, on s’attarde sur les joints et l’usure des lattes. Regardez aussi les panneaux de pont (plexis, joints, cadres). Observez les traces d’infiltrations côté intérieur.

7/ Revenez vers les haubans

Attardez-vous sur le sertissage des câbles. Portez votre regard sur les deux extrémités des barres de flèche et sur l’ancrage des haubans : est-ce que tout travaille dans l’axe ? Jetez aussi un oeil à l’ancrage de l’étai (fissure, rouille) et rejoignez le pied de mât. Plus exactement sa semelle s’il est posé, le joint s’il est traversant. Veillez à l’absence de faïençage du pont (d’affaissement) ou de déchirure du joint. Remontez vers le vît-de-mulet, une pièce d’usure classique qui peut s’être ovalisé. Mettez enfin l’oeil dans la gorge du mât pour voir s’il est bien droit. Assurez-vous que le pataras est détendu.

8/ Observez l'accastillage

[caption id="attachment_184291" align="aligncenter" width="500"] Vu son usure, le réa de chariot de génois n’a pas été roulé depuis bien longtemps ! C’est une pièce d’usure, tout comme les réas de tête de mât ou le vît-de-mulet qu’il faut surveiller. © Voile Magazine[/caption] De retour dans le cockpit, ouvrez les coffres, vérifiez l’état des charnières et la propreté générale. Y a-t-il des coulures près de la liaison coque-pont ? Evaluez la souplesse des cordages ainsi que l’usure des réas, des poulies, des rails, des winches, des cames des bloqueurs du piano. Sur une unité en aluminium, c’est autour des pièces d’accastillage que l’on décèle l’électrolyse. N’oubliez pas d’ouvrir la baille à mouillage (état du guindeau, de la ligne de mouillage) si vous ne l’avez pas fait avant.

9/ Manipulez les voiles

Si elles sont à poste, hissez-les. Cela permet d’évaluer l’usure des réas de la tête de mât. Sur les voiles, il faut veiller aux zones d’usure : points d’écoute, d’amure, bordure et chute, ris. Sur les toiles de pont, vérifi ez les coutures et les sangles de tension.

10/ Testez le confort

[gallery columns="2" size="medium" ids="184280,184289"] En descendant dans le carré, vous allez pénétrer dans l’intimité du propriétaire et de son voilier. Comprenez : une unité propre et rangée est généralement une bonne occasion. Appréciez l’état des vaigrages, les traces d’humidité autour des panneaux de pont et des hublots. Soyez attentif à la propreté et à la fermeté de la sellerie ainsi qu’au fonctionnement des portes et tiroirs, à l’état de la gazinière, du réfrigérateur.

11/ Observez la plomberie

[caption id="attachment_184281" align="aligncenter" width="334"] Vannes et colliers avec un début d’oxydation Les cloisons font office de fusibles (photo). devront être bientôt changés. © Voile Magazine[/caption] Evidemment, il faut manipuler toutes les vannes et veiller à l’absence de corrosion. Jugez aussi de l’état de la tuyauterie (souplesse), de la robinetterie et continuez votre enquête en ouvrant les coffres et les équipets, en recherchant les coulures au niveau de la liaison de la coque et du pont. Poursuivez en soulevant les planchers du carré.

12/ Des fonds propres

[caption id="attachment_184283" align="aligncenter" width="500"] Un puisard et des boulons de quille immaculés. Pensez à tester la pompe de cale © DR[/caption] Commencez par regarder les bas des cloisons qui gardent en mémoire les épisodes d’humidité. Avec un contremoule, l’observation des fonds est moins évidente, mais nous recherchons toujours la même chose : des traces d’efforts de structure (fi ssures) sur les varangues et les bas des cloisons ainsi que des traces d’humidité (saletés, corrosion).

13/ Des boulons de quille robustes

[caption id="attachment_184282" align="aligncenter" width="500"] L’observation des boulons de quille
est essentielle : rouille + fissure = danger. © Voile Magazine[/caption] Vérifiez l'absence de fissures sur le gel-coat alentour. Un changement de couleur dans les fonds prouve une intervention. Si le gel-coat a sauté sur une liaison coque-cloison, c’est classique, en revanche une cloison fendue est la marque d’un choc violent. Un voilier qui a talonné et qui a été bien réparé n’est pas un problème en soi, cependant vous devez en connaître l’historique : origine, date, facture de réparation. Sur un voilier en aluminium, la propreté des fonds est primordiale. On cherche alors des traces d’alumine, tout creux, même infime.

14/ Ouvrez la cale moteur

[caption id="attachment_184284" align="aligncenter" width="334"] La cale moteur est propre, mais le moteur est marqué par la rouille. Exigez une révision © Voile Magazine[/caption] Ainsi que tous les accès latéraux et observez l’état du revêtement insonorisant et le fond de la cale qui doit être propre, sans eau, ni huile, ni poussière noire (résidus de courroie). Les silentblocs : usés, ils faussent l’alignement de l’arbre et génèrent des vibrations ; désaxés, ils indiquent que le moteur a bougé (bout dans l’hélice ?). Recherchez des signes d’oxydation autour de l’échangeur. L’analyse d’huile réalisée par un expert peut fournir des informations précieuses, mais elle est inutile si la vidange annuelle vient d’être réalisée. Dans la mesure du possible, démarrez le moteur. S’il claque, les soupapes sont peut-être mal réglées. S’il baisse en régime, le circuit de gasoil peut être sale.

15/ Observez le tableau électrique

[caption id="attachment_184285" align="aligncenter" width="500"] Derrière le tableau électrique, recherchez d’éventuels « bidouillages ». © Voile Magazine[/caption] Repérez les signes de bricolage : appréciez les fi ls rangés, identifiés. Vérifiez si possible la tension des batteries. Allumez l’électronique, faites fonctionner les pompes (puisard, eau douce), testez les plafonniers. Rares sont les occasions sans aucun défaut, à vous désormais en toute connaissance de cause de déterminer si les défauts repérés sont prohibitifs ou pas. Tâchez de bien mesurer l’usure normale et le manque d’entretien. Convaincu ? Alors organisez une contre-visite avec un expert, qui vous délivrera un rapport fort utile lorsque viendra le temps d’assurer votre nouveau voilier !

Les bons outils de l'acheteur

[caption id="attachment_184286" align="aligncenter" width="500"] La trousse à outils idéale de l'acheteur © Voile Magazine[/caption] Bon pied bon œil, grande souplesse et lampe de poche. La visite d’un voilier d’occasion est une petite enquête et pour cela, quelques bons outils s’imposent. Tout d’abord, une bonne lampe de poche et/ou un smartphone avec flash pour capturer les zones les plus inaccessibles. Pensez aussi à un couteau. La pointe vous permettra de sonder une fissure, un massif ou de vérifier si l’arbre d’hélice n’est pas flambé tandis qu’avec le plat de la lame, vous pourrez gratter de la rouille, un revêtement qui s’écaille ou qui bulle. Prévoyez aussi un carnet pour noter les points forts et les points faibles de l’unité afin d’affiner plus tard une offre d’achat solidement étayée.

La signature d'un talonnage

[caption id="attachment_184287" align="aligncenter" width="500"] Les cloisons font office de fusibles en cas de talonnage © Voile Magazine[/caption] Tout commence par l’état du lest et tout finit par l’état du fond. Si le nez du lest est meurtri, suivez le bord de fuite vers la coque. Un enfoncement de la coque à l’arrière de la quille peut être visible. Il faut alors s’attarder sur la structure des fonds en insistant sur la varangue située directement en arrière de la quille et sur le premier boulon de quille (le plus symptomatique) en recherchant soit une fissure, soit une trace évidente de réparation. Les cloisons font office de fusibles (Voir Illustration).

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