Jessy Trémoulière rugbywoman internationale et agricultrice en Haute-Loire : « Une femme doit toujours faire ses preuves »

« Plus c’est réchauffé, meilleur c’est. Il faut bien le faire mijoter », glisse l’arrière du XV féminin français à deux de ses clients qui lui ont commandé des pièces pour faire un bon bœuf bourguignon.

Ainsi, en ce vendredi après-midi, la rugbywoman a laissé ses crampons de côté et a enfilé sa casquette d’éleveuse bovine pour livrer directement aux consommateurs. Une démarche de sa part qui lui tient très à cœur.

Jessy Trémoulière, meilleure rugbywoman de la décennie et agricultrice en Haute-Loire

Jessy Trémoulière avec son équipe de l'ASM Romagnat. Photo Francis Campagnoni

Vente directe  aux consommateurs

« Pour moi, il est indispensable de proposer une viande de qualité tout en réduisant les coûts. En vendant directement ma viande aux consommateurs, sans passer par des intermédiaires, je peux atteindre cet objectif, se réjouit Jessy Trèmoulière. De plus, c’est très intéressant de rencontrer les personnes qui vont déguster ma viande, je peux leur donner des conseils afin de la cuisiner mais aussi leur expliquer comment je travaille, comment j’élève mes animaux, comment ils sont nourris… C’est l’opportunité de sensibiliser le consommateur sur le goût et la qualité de la viande. Je reçois également leurs retours et en fonction de ce qu’ils me disent, je peux encore améliorer mes produits. »

Partager les mêmes valeurs 

Ce concept de circuit-court a déjà su séduire nombreux clients de la rugbywoman. Et jusqu’à présent la joueuse de l’équipe de France et de l’ASM Romagnat fait profiter de sa production à son réseau qui s’étend dans tout l’Hexagone. Ce jour-là, elle livrait ses caissettes de viandes aux salariés clermontois et issoiriens de Groupe-E, un ensemblier de l’Économie Sociale et Solidaire, spécialiste de l’emploi, et partenaire du club romagnatois jaune et bleu.

« Commander auprès de Jessy était une évidence, car nous partageons les mêmes valeurs qui sont celles du bio, de la terre et de la consommation raisonnée. C’est important de soutenir l’agriculture locale, mais aussi la joueuse de rugby », explique avec enthousiasme Viviane, collaboratrice de cette entreprise.

« Une femme doit toujours faire ses preuves. »

Comme sur le terrain, Jessy Trémoulière mouille le maillot. Le travail à la ferme laisse peu de répit et elle tient également à préparer elle-même les commandes de ses clients.

« Un atelier de découpe à Brioude près de mon exploitation s’occupe de ma viande, mais ensuite, c’est moi qui choisis les morceaux et qui les emballe. Ça me prend du temps, là, j’y ai passé de 6 heures du matin jusqu’à 4 heures de l’après-midi, mais je tiens à le faire. »

Un long moment glissé entre le travail à la ferme et ses entraînements quotidiens dans son club ou en sélection nationale.

Pour cette arrière hors pair, le temps doit défiler aussi vite que lorsqu’elle remonte le terrain dès la ligne des 22 mètres. Mais, c’est son défi de femme, car même si la très grande majorité des sportives de haut niveau doivent avoir un travail en plus pour des raisons financières, contrairement à leurs homologues masculins, Jessy a l’agriculture dans qui coule dans ses veines.

La rugbywoman dans son exploitation agricole près de Brioude. Photo Pierre Couble

Un besoin d’équilibre

« Pour moi, m’investir dans la ferme familiale m’apporte un équilibre et une force mentale, ça me régénère. Ce n’est pas que financier, même s’il est vrai que nous ne gagnons pas notre vie autant que les hommes. Toutefois, je ne veux pas m’inscrire dans une société où il faut comparer. L’évolution du sport féminin est similaire à celle de la femme en général. Le regard sur le rugby féminin a changé ces dernières années, mais c’est aussi parce qu’avec le XV de France, nous avons remporté de belles victoires. Une femme doit toujours faire ses preuves. » 

Stéphanie Merzet Follow @Steph_Merzet