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Le laitier a fait son beurre dans la mêlée du RC Vichy rugby

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Le laitier a fait son beurre dans la mêlée du RC Vichy rugby

« Jouer à Aurillac à l’époque ? Personne ne voulait se déplacer. Non pas par crainte d’affronter les joueurs du Stade mais la route. Un calvaire. Se rendre dans le Cantal, c’était le bout du monde avec des virages en veux-tu-en voilà. Le car ? Aucun confort, ça tanguait. Chacun de nous avait envie de vomir. On était malade avant d’arriver à Jean-Alric. C’était fin des années quarante, début des saisons de cinquante. »Robert Moussier se souvient du rugby d’après-guerre. C’était l’embellie avec des tribunes débordantes de spectateurs.

Du marché couvert au stade Darragon

« Ce n’était pas la même forme de jeu, mais on avait la motivation, l’envie, la détermination de bien faire sur un terrain avec l’amour du maillot. À l’heure actuelle, les distractions sont nombreuses. Avant, on avait que le rugby et l’aviron (voir plus loin) pour se distraire et le travail. Croyez-moi, la force ne nous manquait pas après ce que l’on avait vécu. »Laitier-crémier de père en fils au marché couvert de Vichy, Robert Moussier n’a jamais compté les heures de travail. « Dès fois, c’était 7 jours sur 7. Le lait, il ne venait tout seul. J’allais le chercher à Molles, dans la Montagne bourbonnaise. Si bien que je ne pouvais pas toujours jouer en déplacement, » dit-il.

À force de porter les bidons de lait, Robert Moussier n’avait pas besoin de salle de muscu pour se faire les biceps. « J’ai toujours joué dans le paquet d’avants. A tous les postes. Même au talonnage, j’ai pris du plaisir. En pilier, Daniel Thomas poussait derrière moi. Une force de la nature. Tout le monde le craignait. Il n’était pas grand pour un deuxième lige (1,86 m) mais quelle puissance ! »Son premier match en équipe première a été à Gannat contre l’AS Montferrandaise. « C’était en 1953, pour une rencontre de démonstration ». C’était le début d’une belle aventure. Le match le plus marquant a été un seizième de finale, au stade vélodrome de Marseille, contre Béziers. « On avait perdu, 17 à 13, précise-t-il. C’était le grand Béziers avec Danos. On avait affronté Bernatas, notre ancien ouvreur qui avait signé, à l’intersaison, chez les Héraultais. Il a précipité notre défaite. C’était le 11 avril 1965. Les supporters vichyssois avaient suivi. Ils avaient pris une micheline pour venir nous encourager. Un an avant, on avait perdu contre Mazamet, l’équipe de Lucien Mias. On avait pris un 37-0. En poule, on avait battu, 10-0, les Tarnais chez eux. Ils nous l’ont fait payer cher. Ce qui m’avait frappé, c’était tous ces gosses autour de Lucien Mias, lors de l’échauffement. On était alors premiers de poule devant Mazamet, Foix était troisième, Tyrosse, quatrième, La Rochelle cinquième, Toulouse sixième… Quand j’y pense ! C’est comme Cahors. Cette équipe avait la plus belle première ligne de France avec l’international Alfred Roques, le « Pépé du Quercy ». Les Britanniques le surnommaient « Le roc ». Parfois, il chicanait. Il te pinçait la peau et la retournait. Ça faisait mal et ça dégénérait. »

La frousse en avion

Si les Vichyssois ne craignaient pas grand-chose sur le terrain, il n’en était pas de même dans l’avion. « Pour se rendre à Toulouse, le club en avait affrêté un. Au dessus de Clermont, le pilote a fait demi-tour. Sur les deux moteurs, un seul fonctionnait. A Charmeil, les mécaniciens ont réparé et l’on est reparti. Ca ne brillait pas dans l’avion, je vous l’assure. Une belle frayeur. »Une fois la saison rugbystique terminée, Robert Moussier faisait de l’aviron au CA Vichy. Au cours de ses épopées sur l’eau, il a décroché trois médailles de bronze à différents championnats de France. « Le bateau avait le don de nous entretenir pour la reprise du rugby. Tous les dimanches, je me rends au stade Darragon. C’est l’idéal pour prendre des nouvelles des anciens et de revoir un terrain plein de souvenirs. » 

Michel Prémoselli

Photos : Dominique Parat et club

BIO. Robert Moussier. Né le 14 septembre 1933, à Molles. Marié à Raymonde, une fille : Régine. Première licence au RC Vichy en 1947. Puis deux saisons à Roanne (1966-1968) et membre fondateur du club de Saint-Pourçain-sur-Sioule.

 

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