Arête Est du Viso (3841m, AD-)
Mi-septembre, en plan B d’un Cervin déjà trop enneigé, nous nous sommes lancés dans l’ascension du mont Viso (3841m) par son arête Est (1000m, AD-). Anthony et Gilles ont fait preuve d’une résistance exemplaire en réalisant cette course à la journée depuis le parking de pian del ré (2020m). Solides les gars !
L’arête Est, à gauche du sommet, se découpe aussi bien dans le ciel que dans l’eau du lac Fiorenza :
Nous nous rejoignons au petit matin devant le refuge de pian della Regina, où Anthony et Gilles ont confortablement dormi, pour co-voiturer ensuite jusqu’à pian del Ré :
Le sommet est déjà visible depuis pian della Regina, en voilà un qui porte bien son nom :
Au cours d’une bonne partie l’approche, le versant Nord du Viso nous fait face. Très sèche en cette période de l’année, elle est le théâtre de nombreux éboulements, particulièrement dans le couloir le plus à gauche issu, justement, de l’arête Est. C’est assez impressionnant pour ne pas dire effrayant.
Nous contournons le lac Chiaretto et ses eaux laiteuses par la droite :
En rasant le pied de la face Nord, à condition d’ouvrier l’œil, on arrive à distinguer le bivouac Falchi Villata au pied du célèbre couloir Coolidge sur fond de Visolotto (3348m) :
Au col du Viso (2650m), sous un soleil éclatant nous découvrons le grand lac du Viso et le refuge Quintino Sella :
Nous quittons le sentier au col en bifurquant à droite pour rejoindre le pied de l’arête Est 200m plus haut. Le départ de l’arête Est se situe au niveau de l’avancée rocheuse qui tend à barrer le couloir de neige à gauche de la photo :
Au terme de cette magnifique marche d’approche, sans trop de dénivelé mais avec un peu de distance, c’est parti !
La première partie de l’arête Est consiste à cheminer de vires en vires. Celles-ci sont souvent entrecoupées de ressauts que nous nous réjouissons de franchir par quelques pas d’escalade :
Nous prenons ainsi assez rapidement de la hauteur. Au niveau d’un replat bien marqué au pied du premier véritable mur raide, la pose s’impose. Paraît il qu’à l’époque, le grand père du Marco Pantani aurait voulu prendre un raccourci lors d’une des plus épiques étapes de montagne du Giro. L’histoire ne dit pas si grand bien lui a en pris. Nous nous en sommes fait notre petite idée :
Nous reprenons notre petit bout de chemin après cette rencontre insolite :
Sur notre gauche, la vue est splendide. Au fond, nous apercevons le versant italien du Mercantour avec le Clapier, la Malédie et le Gélas. Au premier plan, les fines dentelures de la sauvage arête SSE et la Punta Barracco (3241m) nous subjuguent :
De l’autre, la vue n’est pas pire non plus… mais quel est donc le nom de ce sommet ?
Les passages d’escalade s’enchaînent pour notre plus grand bonheur. Ce bout de croûte océanique à la sauce obduction est vraiment bon !
Pour prolonger le plaisir, surtout celui d’Anthony à ce moment là de la journée, nous choisissons de grimper la tour St-Robert. Ces quelques belles longueurs bonifient franchement la course. Il aurait été dommage de s’en priver, un contournement par la gauche demeurant une alternative envisageable en cas de coup pompe :
Au sommet étonnamment plat de la tour Saint-Robert, une nouvelle pause s’impose. La charcuterie maison de Gilles sait se faire appréciée. Nous en profitons pour nous couvrir encore un peu plus. Le vent s’est mis à souffler. Le ressenti des températures n’est plus tout à fait le même. L’ambiance change :
Nous voilà donc repartis dans une atmosphère un peu plus automnale à l’assaut du dernier tiers de l’arête Est du Viso. La neige fait son apparition :
Un peu plus loin, nous délaissons un échappatoire à gauche pour s’astreindre à rester autant que possible sur le fil de l’arête :
L’escalade est vraiment très grisante, sur un rocher solide et dans une ambiance saisissante :
Gilles se promène :
En fin d’après-midi, nous débouchons au sommet de ce fameux Viso. La vue du haut de cette véritable tour de contrôle est à couper le souffle. On se réjouit de ce merveilleux moment :
Au loin, nous apercevons même le Cervin. Nous ne sommes finalement pas si mécontents de l’avoir troqué contre ce beau Viso !
Nous descendons du sommet par sa voie normale avec l’idée de passer la nuit dans le coloré bivouac Andreotti (3275m) :
Archi-comble comme nous ne l’avions évidemment pas prévu, nous passons notre chemin. By by Andreotti :
Et bonjour la longue marche de retour dans cet océan de cailloux… Il nous faut donc à présent franchir le pas de la Forciolline (à gauche sur la photo) :
La nuit nous rattrape dans la descente de celui-ci côté Est. Bien que l’itinéraire soit équipé de chaînes, il faut rester vigilent car c’est encore bien raide :
La nuit est maintenant entièrement noire quand nous rejoignons le refuge Quintino Sella. Officiellement celui-ci est complet. Nous nous sommes donc résignés à marcher deux heures de plus pour rentrer d’une traite à pian del ré. Mais, contre toute attente, l’arrangeant gardien pousse les murs et nous trouve une petite place dans les dortoirs et même, autour de la table à manger. Autant vous dire que nous ne nous sommes pas faits prier pour accepter cette proposition indécente :
Au réveil, nous sommes accueillis par les locaux :
Depuis le refuge et de jour, la vue sur l’arête Est du Viso est imprenable :
En un peu moins de deux heures, à pian della regina, nous nous reconnectons à la civilisation autour d’une boisson bien connue et quelques bonnes collations :
Un grand merci Gilles et Anthony pour la belle petite aventure partagée sur les flancs de cette montagne si particulière qu’est le Viso. Egalement bravo à tous les deux pour avoir su encaisser, sans broncher ou presque, cette ascension à la journée. Prochaine étape, direction le Cervin !
L’article Arête Est du Viso (3841m, AD-) est apparu en premier sur Guides06.