Après 35 ans sur les greens, un historique du golf dans le Cantal passe la main

Pour la photo, Michel Kusnierek s’installe, club en main, à 80 mètres environ du trou numéro 1 du golf de Vézac. Premier swing. Parfait. La balle rebondit sur le green et frôle le trou, sous le regard amusé de Marvin Chassagnac, celui qui a pris sa relève depuis le 3 janvier : « Il a failli la rentrer. » Professeur de golf dans le Cantal depuis 1988, Michel Kusnierek n’a décidément pas perdu la main.

Il faut dire qu’il connaît le parcours vézacois par cœur. Il est là depuis sa création, en 1991. « Le maire était venu chercher les golfeurs pour créer un parcours », raconte-t-il. À l’époque, il n’y avait pas de parcours dans le Cantal. Un practice (une zone d’entraînement) avait simplement été créé en 1988 à Tronquières et une association avec le golf club d’Aurillac.

Présent dès la création à Vézac

C’est là, en 1988, que Michel Kusnierek, alors professeur de tennis, commence à enseigner le golf après avoir obtenu son diplôme. « On avait dessiné cinq trous pour ne pas s’ennuyer », se remémore-t-il.

À partir de 1991 et la création du parcours, il commence à migrer vers Vézac. « Mais il n’y avait pas de practice », rappelle-t-il. Seuls neuf trous avaient été posés sur une prairie dénuée d’arbres. Michel Kusnierek était chargé de l’entretien, en plus de ces cours.

On était un ou deux bénévoles à s’occuper de l’entretien. J’étais chargé d’acheter le matériel. Pour arroser les greens, on avait seulement trois motopompes

Une époque de débrouille, comme pour créer un practice en 1994. « On avait le projet, mais ça traînait, ça ne se faisait pas. Alors, je me suis dit : c’est nous qui allons le prendre en main. » Avec le tracteur du golf, il fauche les hautes herbes, presse l’entrepreneur chargé de semer de venir dès l’après-midi et, en une journée, la zone en herbe du practice était réalisée.

Débutants, scolaires...

À partir de là, son activité se concentre uniquement à Vézac. « En 30 ans, j’en ai vu passer des débutants, je ne les ai pas comptés. Je suis un pur produit de l’école fédérale qui avait une idée directrice : amener rapidement les débutants sur le parcours. Le practice, c’est un passage un peu obligé, mais je voulais vite transmettre aux gens le goût du golf en allant sur le parcours. » Une ambition qui colle avec la philosophie de Vézac d’ouvrir le golf au plus grand nombre. Comme aux enfants.

Pendant une quinzaine d’années, Michel Kusnierek a aussi donné des cours de golf aux écoliers de Vézac. Philippe Joanny, désormais directeur du golf, s’en souvient : « J’étais là, j’étais en CM2 à cette époque. »

Puis, le golf a continué de grandir, passant de neuf à dix-huit trous en 2008. « Ce qui a pris, c’est l’esprit de convivialité, d’animation, de compétition. » Mais, à 64 ans, il a senti le besoin « de prendre du recul » et de céder sa place. « Il y a eu un alignement des planètes. Marvin est arrivé, c’était l’occasion de laisser la main. Il va apporter une continuité dans la philosophie du club. Il ne lui reste plus qu’à faire 34 ans ici », plaisante-t-il.

Pour sa part, s’il va ranger son costume d’enseignant, pas question de déserter les greens et les fairways du golf vézacois. « Je vais encore jouer », assure-t-il. Vu son superbe coup déposé à quelques centimètres du drapeau pour la photo, il restera un sacré adversaire pour ses partenaires de jeu cantalien.

Mathieu Brosseau