Comment expliquer l’absence de candidats pour gérer le restaurant du golf municipal de Planchetorte à Brive ?
À la première vue, il s’agit d’un endroit à forte fréquentation et avec un excellent potentiel commercial. Pourtant, en tant que propriétaire des lieux, la mairie de Brive (Corrèze) recherche toujours un candidat à la reprise du bar-restaurant du golf municipal de Planchetorte.
Le fonds de commerce n'est pas à vendrePhilippe Delarue, l’adjoint au maire en charge des sports, résume : "On n’a eu aucun retour à notre appel à candidatures. C’est vrai que dans le cadre d’une autorisation d’occupation temporaire (AOT) du domaine public par un commerce, il n’y a pas d’achat de fonds de commerce. Mais en contrepartie, il s’agit de petits loyers, ce qui permet à quelqu’un de se lancer plus facilement."
Jean-Paul Naboulet a été le gérant du restaurant du golf pendant sept ans. Il a quitté les lieux pour acheter un fonds de commerce et ouvrir Le Relais de Lissac, à Lissac-sur-Couze."Le golf est un endroit très intéressant sur le plan commercial. Il a un fort potentiel, " explique l'ancien gérant
Un cadre contraint"J’aurais souhaité continuer, mais à des conditions différentes d’une AOT, ce qui juridiquement n’était pas possible avec la mairie, explique-t-il. C’est pour ça que j’ai arrêté."
Pourquoi le cadre de l’occupation du domaine public ne satisfaisait plus le chef d’entreprise ? Ce dernier souligne d’abord : "Le golf est un endroit très intéressant sur le plan commercial. Il a un fort potentiel. J’en garde un excellent souvenir. C’est un golf de centre-ville, avec des manifestations sportives le week-end, alors que la semaine, compte tenu de la situation géographique, on a affaire à une clientèle de professionnels qui travaillent en zone ouest de la ville."
"Faire des investissements, c'est compliqué"Après la contextualisation, place à l’analyse : "Il s’agit d’un établissement qui a une trentaine d’années avec un chantier de rénovation chiffré à 300.000 euros, résume l’ancien locataire. Mais, on ne peut pas solliciter des banques, sans en avoir la propriété commerciale, notamment sur le plan des garanties. Parce qu’on n’est propriétaire de rien. Par ailleurs, si vous empruntez une telle somme vous allez l’amortir en sept ans et si vous disposez d’une AOT d’un, deux ou trois ans, les banques ne vous prêtent pas."
Selon Jean-Paul Naboulet, pour le restaurant du golf, il y a deux solutions. "Soit la mairie attribue un bail commercial (de 3-6-9 ans) et à ce moment-là, le repreneur se charge de faire des investissements, en contractualisant avec la municipalité. Soit c’est la mairie qui investit cette somme-là et repart sur une autre AOT, avec des loyers majorés par rapport aux investissements qui ont été faits." Pour dynamiser le site du golf, la mairie de Brive a le projet de création d’un complexe hôtelier.
Pas de visibilité à moyen termeCe qui manque avant tout, selon l’ancien gérant, c’est "d’avoir une visibilité sur le long terme et de pouvoir capitaliser sur son fonds de commerce. On a débattu du sujet avec le maire de Brive de manière très transparente. Je voyais cet établissement sur la durée, avec une amélioration du site. Mais, juridiquement, il est compliqué pour une mairie d’octroyer un fonds de commerce sur des bâtiments qui lui appartiennent. Elle n’a pas vocation à être un agent immobilier."
Pour dynamiser le site du golf, la mairie de Brive a le projet de création d’un complexe hôtelier dans lequel seront intégrés les locaux du bar-restaurant existant. "On souhaite lancer une délégation de service public pour l’ensemble de ce projet. On travaille sur le dossier", résume Philippe Delarue.
Une gestion interne pour le bar du théâtre municipal. Pour un autre espace lui appartenant, la mairie a trouvé une solution. Dans le cadre des travaux dans la salle et l’espace accueil qui auront lieu au théâtre municipal jusqu’en septembre, un bar-espace d’exposition sera créé dans le hall central. Il sera géré par le théâtre en interne.
Texte : Dragan Perovic
Photos : Stéphanie Para