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Elu président de la Ligue de foot amateur, le Cantalien Vincent Nolorgues veut être "une courroie entre la FFF et le monde amateur"

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Elu président de la Ligue de foot amateur, le Cantalien Vincent Nolorgues veut être

Pour Vincent Nolorgues, "le football n'est pas un but, c'est un moyen". Le Cantalien de 66 ans, élu le 30 avril dernier à la Ligue de football amateur dont il était jusque-là vice-président, voit dans la mission qui lui est confiné un rôle d'abord social et sociétal, dans un football où la haute compétition n'est pas l'alpha et l'omega.

Dans un entretien accordé à La Montagne, l'ex-président de l'AFC, du District du Cantal et de la Ligue Auvergne balaie les sujets footballistiques du moment. Morceaux choisis.

1. Son élection à la tête de la LFA

"J'ai été vice-président pendant 4 ans. Je m'entendais bien avec Marc Debarbat. Il a été relayé que j'avais monté une liste contre lui, ça ne s'est pas passé comme ça. Quand on a eu besoin de parrainages pour monter la liste, on a ressenti des oppositions à sa personne. Il avait été clivant par moment. Il y a eu des demandes pour que je passe en premier de la part des colistiers. Il n'a pas accepté et je me suis retrouvé tête de liste au dernier moment. Pour moi, la façon dont ça s'est passé est un crève-cœur. Depuis, on ne s'est plus parlé. Il estime que je l'ai trahi", regrette Vincent Nolorgues. Dans son nouveau costume, le Cantalien est amené à avoir des relation régulières et même centrales avec le président de la FFF, Noël le Graët. 

"Nous avons des rapports francs et cordiaux. Bien entendu il a été peu surpris avec le changement de tête de liste, mais on s'est appelé et il n'y a pas de souci. C'est quelqu'un qui aime la franchise. Et c'est un Breton. Il est ancré sur ses idées mais on peut discuter avec lui. Et il n'y a pas beaucoup de différences entre un Breton et un Auvergnat"

2. Son engagement dans le foot amateur

"Moi, je me suis engagé dans le foot plus pour la passion de partager des projets avec des gens. Quel que soit le sport, c'est la valeur sociale qui compte. Et le football, par rapport à d'autres sports, touche des populations plus disparates. Dans les grandes agglomérations, c'est un vecteur social majeur pour des gens qui n'ont parfois comme seul repère que les règles du foot et les règles associatives des clubs. Le sport et le foot sont des lieux de rencontre majeurs des gens, en ville ou en milieu rural. Souvent, dans le monde rural, c'est le club qui relie des gens qui, le reste de la semaine, vivent ailleurs."

3. Sa vision du rôle de la LFA

"Notre équipe a comme axe principal de retrouver les terrains et du plaisir, pour les joueurs, les éducateurs et les arbitres. Le terrain et le jeu doivent être des sources de plaisir", pose en préambule le nouveau président.

Moins porté sur la haute compétition, le Cantalien rappelle que le football est avant tout un lien entre les gens avec un rôle social et sociétal majeur.

"Nous voulons renouer un dialogue très collaboratif et convivial avec l'ensemble des Ligues et Districts et faire émerger les bonnes idées, ce que les gens font de bien au service du foot, des clubs. Il faut partager pour que la discipline s'améliore sur son but principal qui, pour moi, n'est pas la haute compétition. Après, bien sûr, nous allons respecter le plan de développement voulu par la FFF. Les gens ont validé ce programme et on doit appliquer ce qui concerne le foot amateur. Nous sommes un peu le bras armé de la FFF dans sa direction. Mais il faut aussi faire remonter les projets et évolutions bénéfiques qui viennent de la base".

Je tiens à ce que l'on soit une courroie dans les deux sens. Nous sommes surtout en lien avec les Ligues et Districts. Il y eu une période où tout descendait de la Fédération. Je veux que ce soit dans les deux sens, et aussi sur la plan horizontal

4. Les discriminations dans le football

" Les discriminations, c'est un enjeu ", reconnaît Vincent Nolorgues qui s'empresse aussitôt de tempérer la question du racisme comme celle de l'homophobie. "Je pense qu'il faut toujours replacer les choses dans les époques et leur contexte. Il y a des appréciations et des jugements qui se faisaient il y a 20 ans et les choses ont évolué. Maintenant il y a le mariage homosexuel et c'était impensable il y a 20 ans. Il y a des gens qui ont peut-être vécu des situations il y a des années et qui ne les vivraient pas maintenant. Bien entendu on ne peut pas dire qu'il n'y en a pas, mais ce n'est pas un phénomène majeur", assure le Cantalien qui insiste pour replacer le sport dans le contexte dans lequel il se pratique : la société dans son ensemble.

 

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"La société est partagée entre conservatisme et évolution. Les choses évoluent. Le foot, et le sport en général, est plutôt moins discriminatoire que la société en général. J'ai assisté à des matches de Coupe du monde avec des supporters d'origines différentes qui soutiennent leur équipe et fraternisent toujours après les matches".

Bien sûr, il y a des endroits où il y a de la violence, il y en a partout de manière désordonnée : quand on voit des profs qui se font taper par exemple. Mais je crois pas qu'il y ait plus de violence dans le sport que dans la société. Et souvent on monte en épingle des choses parce qu'on les voit à la télé. Il y a une surmédiatisation du monde professionnel

5. Le poids de l'argent dans le football

"Qu'il y ait de l'argent au plus haut niveau, c'est une chose. Les équipes de haut niveau sont des entreprises de spectacle, les joueurs gagnent beaucoup comme certains acteurs, chanteurs ou certains présentateurs télé. C'est le show-business. Quand il était en vie, je disais que la Ligue 1 c'était Johhny Hallyday et les clubs ruraux la chorale du village. Il faut mettre les choses à leur place. Dans les bas niveaux, à part dans certains districts, il n'y a pas d'argent qui circule. Le problème c'est les niveaux intermédiaires. On sait que le N1 c'est du semi-pro non déguisé puisque les gens sont déclarés. En N2 aussi. Le N3 est à mi-chemin".

A un moment, les clubs où il n'y a pas d'argent, les gens savent pourquoi ils y vont. Si on ne récupère que des gens qui viennent chercher des primes de match, ça fait des clubs plutôt instables et qui peuvent avoir des revers de fortune et redescendre très vite. Après, que quelques personnes essaient de monnayer un peu leur talent, c'est humain

Vincent Nolorgues souligne que les clubs "avec des comportements normaux" n'ont pas été embêtés par la crise qui frappe la société en général. "Ceux qui sont embêtés sont ceux qui avaient des comportements un peu occultes" et la crise "va rebattre les cartes". 

Pour ce qui est du très haut niveau, le dirigeant refuse de tomber dans l'hypocrisie, et rappelle que l'argent est aussi nécessaire pour irriguer le foot amateur.

Pour Vincent Nolorgues, le haut niveau est une locomotive pour le foot amateur. Une vitrine aussi qui permet de faire redescendre des financements vers le monde associatif. "Ce sont des locomotives. J'étais récemment en réunion avec la FFF et il faut savoir que les 2/3 de son budget, dont 1/3 est reversé au foot amateur, vient du sponsoring lié à l'équipe de France, qui est une vitrine. Les sponsors sont là pour elle, pas pour le foot amateur. On a besoin de ça, de cette vitrine qui lui donne les moyens de vivre.

6. Des actions concrètes à mener pour le monde amateur

Parmi les sujets dont le football doit se saisir, figure notamment la lutte contre la pédophilie. Et un des moyens de préserver les jeunes résident dans le fait de "licencier tout le monde". "On a eu un cas récent de quelqu'un qui tenait une buvette, un non-licencié. On a mis en place une licence qui coûte très peu cher, pour des gens qui ont ces fonctions et qu'on peut contrôler (via l'extrait du casier judiciaire)", cite en exemple Vincent Nolorgues.

Pour le président de la LFA, les bénévoles méritent une meilleure reconnaissance. C'est un des chantiers sur lequel le nouveau bureau entend plancher.

Plus largement, il insiste sur la nécessité d'offrir une véritable reconnaissance à tous ces bénévoles qui oeuvrent pour faire vivre le foot et se donnent sans compter. " Il faut une reconnaissance sociale. Pour l'instant on peut, pour ceux qui prennent leur voiture,  proposer un défraiement d'impôts. Mais la plupart des bénévoles ne paient pas d'impôts. Pour ceux-là, il n'y a rien. On doit parler avec l'Etat. On a une idée, on voudrait avoir avec certains sponsors fédéraux avec une réflexion pour apporter une reconnaissance à ces gens-là ", détaille le Cantalien.

7. Le poids de la haute compétition

Ce n'est clairement pas le centre névralgique du football pour le président de la LFA. " Aucune victoire ou défaite ne peut modifier notre vie d'homme. Pour moi, l'important c'est ce qu'il y a en dessous : notre premier rôle, c'est de récupérer des jeunes, en faire des gens qui savent jouer au ballon mais surtout qu'ils soient bien dans leur tête et dans leur corps (...) La compétition, je n'ai rien contre. Bien sûr, c'est agréable. Gagner un match, c'est excitant. Il y a des moments où l'adrénaline monte. Il y a le sel de la compétition, mais le vrai rôle du foot n'est pas tout à fait celui-là. Il faut aider les gens à prendre du plaisir dans le sport. N'importe lequel. Le football, c'est un moyen, pas un but.

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8. La place des femmes dans le football

"Le foot féminin, c'est du foot. Qui est fait par des femmes, mais c'est du foot", rappelle le dirigeant. S'il faut certes composer avec des territoires où  le nombre de licenciées ne permet pas toujours de mettre en place des championnats ou des équipes exclusivement féminine, la mixité est un atout.

"Pour les meilleurs joueuses, quand on n'a pas d'effectif suffisant, pour leur progression, il y a un avantage à jouer en mixité, car le niveau est plus dense. Pour les très bonnes joueurs, jouer qu'avec des filles peut être un frein, mais un frein passager", estime Vincent Nolorgues.

Quid de la place des femmes dans les instances ? "Il n'y a pas de discrimination", répond-il. "J'ai avec moi sur ma liste deux femmes qui sont acharnées mais ne sont pas des féministes à l'excès. Pour le développement du foot féminin, il faut que ce soit des femmes et des hommes qui s'en occupent, comme pour tout."

Les femmes ont leur place, mais il faut que ce soit naturel : ne pas avoir les femmes d'un côté et les hommes de l'autre. Il faut qu'elles aient leur place de manière intégrée, et pas par des quotas. Les quotas, c'est réducteur

"Si des femmes doivent être dans des comités directeurs uniquement parce qu'elles sont des femmes, c'est réducteur. Comme ce serait réducteur de placer des hommes dans d'autres disciplines juste parce qu'ils sont des hommes, c'est réducteur. Il faut que ce soit des gens qui en aient envie, qui aiment ça et qui aient les compétences", résume le président de la LFA.

Propos recueillis par Jean-Paul Cohade

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