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Pour Philippe Lafrique, président du district de football de la Creuse, "partir d'ici... oui, à condition de pouvoir y revenir"

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Pour Philippe Lafrique, président du district de football de la Creuse,

Philippe Lafrique est président du district de football de la Creuse depuis presque 29 ans. À 56 ans, il a donc passé la moitié de sa vie à la tête de l’institution creusoise. Et depuis 2017, il est salarié de la Fédération française de football. Il a assisté aux plus grandes finales de l’équipe de France, et voyage beaucoup pour ses différentes missions. Mais il revient toujours en Creuse, cette Creuse natale auquel il tient tant.

Où avez-vous grandi en Creuse ? Je suis né à Clermont et j’ai grandi dans le secteur de Crocq, à Basville. Aujourd’hui j’habite à Guéret. J’ai fait mes études à Clermont, mais j’ai toujours voulu revenir en Creuse. J’ai un bac +5 mais je n’ai pas trouvé de travail en Creuse équivalent. Finalement j’ai préféré rester en Creuse plutôt que de partir, quitte à gagner moins. Je suis devenu négociant en produits agricoles et après je suis rentré dans la fonction publique.  

Qu’est-ce qui vous a fait rester ? Le football, c’est sûrement une des raisons pour laquelle je voulais rester en Creuse, l’attachement à ma bande de copains. J’étais au club de Flayat, de mes 16 ans, jusqu’en 1992 quand j’ai été élu président du district, j’ai été obligé d’arrêter au club. Et on ne s’ennuie jamais en Creuse, il y a toujours quelque chose à faire. Oui, il y a eu des sacrifices mais je ne le regrette pas, on est bien ici.  

Qu’est-ce qui vous ferait partir ? Il faudrait vraiment une énorme opportunité de travail. Je suis salarié de la FFF actuellement, je vais à Paris toutes les semaines pour des missions. Je bouge beaucoup, et je suis toujours content de revenir, on est au calme chez nous. Trois jours à Paris, quatre jours en Creuse, c’est parfait. Partir oui, à condition de pouvoir revenir !

 

 

Quel est, selon vous, le principal atout de la Creuse ? Sa tranquillité, c’est paisible. Ses paysages aussi. On n’a pas le stress qu’on a en ville. Pour aller souvent à Paris, je vois qu’il y a une grosse différence, on n’est pas stressé ici.n Et sa principale faiblesse ? Les moyens de transports, c’est une catastrophe. Les trains en retard, c’est une réalité. Il y a un aménagement du territoire à repenser. Et la démographie, il faut augmenter la population.

Le département doit-il miser sur sa nature préservée ou sur un développement économique ? Les deux, ce n’est pas incompatible. On n’aura jamais des entreprises de 10.000 salariés, mais on peut accueillir des PME, il faut aider ceux qui veulent s’installer, c’est important.

Quelle est la meilleure chose qui soit arrivée à la Creuse ces dernières années ? Je dirais Gauvain Sers, on a besoin d’un ambassadeur ! Un Gauvain Sers, ça fait du bien, il a fait connaître le département. Je suis allé exprès à l’Olympia le voir avec mon frère. Je trouve qu’il apporte beaucoup au département.

 

Comment faire pour accueillir de nouvelles populations ? Et d’ailleurs, le faut-il ? Oui il le faut. Je suis du sud du département, on a accueilli de nouvelles populations ces dernières années, et heureusement. À Flayat, ils ont accueilli 17 familles ; ça a sauvé l’école ! Mais il faut avoir la possibilité de travailler et de se loger. Et puis l’accès aux soins, le désert médical… On n’y pense pas quand on est jeune et qu’on déménage, mais quand on prend de l’âge…

Y a-t-il une « mentalité creusoise », un vrai caractère ? Oui, mais ça dépend des endroits. Dans le sud, ce n’est pas la même mentalité qu’à Guéret. Peut-être parce que c’est plus isolé… Mais il y a une mentalité d’entraide dans le département, comme pendant la tempête de 1999. Il y a une faculté à aider les autres.

 

Le Creusois : "Il n’est pas facile au premier abord, mais après c’est gagné"

 

Le Creusois est-il accueillant ? Oui. Il n’est pas facile au premier abord, mais après c’est gagné.

Quel est le coin de Creuse, le paysage, qui vous touche le plus ? C’est Crocq, Aubusson, Saint-Georges-Nigremont. Ce sont mes origines. À Flayat, la chapelle Saint-Clair est magnifique. Mais toute la Creuse est belle ! On peut aussi parler de Crozant, Boussac…

Si on vous donnait une baguette magique pour effacer le truc le plus moche que vous ayez vu en Creuse, ce serait quoi ? Il n’y a pas grand-chose de moche pour moi en Creuse…

Y a-t-il un personnage, une personnalité, creusoise qui vous inspire ? André Chandernagor, il a beaucoup apporté au département. Pour l’avoir rencontré, il est d’une gentillesse, d’une simplicité… avec une prestance…  

Y a-t-il une expression, un mot, un juron d’ici que vous aimez bien utiliser ? Je mets des “y” partout, c’est le coté auvergnat, ca fait rire mes collègues à Paris. On a du mal à se corriger ! Ce n’est pas la réalité de toute la Creuse, mais nous, dans le sud et côté est, c’est ça.

 

"Les affiches dans le métro à Paris, quelle fierté ! Ca m’arrive de les prendre en photos, ça fait un petit quelque chose"

 

Quelle est la plus belle chose que vous ayez lue, vue ou entendue sur la Creuse ? Les affiches dans le métro à Paris, quelle fierté ! Ca m’arrive de les prendre en photos, ça fait un petit quelque chose.

Quel cliché que l’on colle à la Creuse vous agace le plus ? C’est quand on dit qu’il n’y a rien à faire en Creuse. Je ne me suis jamais ennuyé dans le département. Certes il faut une voiture, mais comment on peut dire qu’il ne se passe rien en Creuse, l’été on ne sait pas où donner de la tête !

Qu’est-ce qu’il manque à la Creuse ? Un peu plus de boulot pour les jeunes. Beaucoup seraient restés s’ils avaient pu travailler. J’en connais qui sont partis à Clermont ou à Paris parce qu’ils ne trouvaient pas de travail en Creuse.

Quelle idée (géniale) pourriez-vous glisser aux décideurs pour enrayer le déclin de notre territoire ? Tout le monde parle avec optimisme de la fibre. Le télétravail c’est une réalité et ça le sera de plus en plus. Il faut que le réseau soit meilleur pour attirer les gens.

Où allez-vous faire vos courses ? Je vais au supermarché mais je vais maintenant dans les petites boutiques, à Guéret, à Aubusson. Je lis beaucoup, je suis souvent dans l’avion ou dans le train, et j’ai décidé d’acheter mes livres à la librairie à Guéret, et plus dans les aéroports ou les gares. J’ai pris conscience de l’importance d’aider les commerçants.

 

 

Le confinement en Creuse, c’était comment ? Je l’ai passé en Creuse mais dans mon appartement à Guéret. C’était tout à fait supportable, pas comme à Paris où il y a ce sentiment de stress, d’oppression. C’était tout à fait paisible.

Qui se la pète le plus vis-à-vis de la Creuse, le Limougeaud ou le Corrézien ? Les Limougeauds, mais ce n’est pas une généralité. Pour la Corrèze, un Briviste va faire un complexe de supériorité, mais pas un Ussellois.

Imaginez pour nous la Creuse en 2050… J’espère qu’elle ne va pas changer parce qu’elle est très bien comme elle est. Surtout d’ici 2050, on aura encore plus besoin d’air pur.

Si vous ne viviez pas ici, où vivriez-vous ? Je ne sais pas, la France est tellement belle, j’arriverais à vivre partout. J’habiterais en ville… mais à condition de pouvoir revenir en Creuse ! 

1964 Naissance à Clermont-Ferrand.1992 Il devient le plus jeune président de district de France, à 28 ans. Ce n’était jamais arrivé avant et ça n’est jamais arrivé depuis.2017 Élection historique au comité exécutif de la FFF : c’est la première fois qu’un Creusois intègre l’instance.2018 La France gagne la coupe du monde de football. « J’ai aussi connu 1998, la coupe d’Europe… je les ai toutes faites. À chaque fois qu’on était en finale, j’étais dans le stade. Mais la finale à Moscou, c’est vrai qu’elle était belle ! »

Sophie Emery

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