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JO de Paris : hockey sur gazon, la fin de la "malédiction" française ?

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JO de Paris : hockey sur gazon, la fin de la

Sur la pelouse du stade olympique de Munich, les Bleus ont manié la crosse jusqu’à l’épuisement. En ce mois de septembre 1972, l’équipe de France de hockey sur gazon fait face à la Pologne, après deux victoires et cinq défaites en phases de poules dans le cadre des Jeux olympiques organisés en Allemagne. Le score est serré, les prolongations interminables… Jusqu’à ce que la France s’incline finalement face à son adversaire, pour finir à la 12e place. En quittant le terrain, les joueurs ne s’imaginent sûrement pas que leur équipe mettra plus de cinquante ans à participer à nouveau à la compétition internationale. Après cette dernière participation à Munich, les hockeyeurs français buteront durant cinq décennies sur les nombreuses marches menant à la qualification olympique – l’échec se jouant parfois à un coup de crosse. Ce samedi 27 juillet, au stade Yves-du-Manoir de Colombes, l’équipe de France compte bien mettre un terme à cette "malédiction" vieille de plus d’un demi-siècle.

Depuis cinquante ans, le hockey sur gazon souffre en effet d’un sévère manque de financement et de popularité en France. Parmi les sports plus pratiqués au monde, selon l’entraîneur de l'équipe de France masculine Frédéric Soyez, il ne regroupe dans l’Hexagone que 12 000 licenciés, répartis dans 143 clubs, et ne bénéficie à ce titre que d’une faible couverture médiatique. "Nous sommes une petite fédération, avec un vivier de joueurs réduit, peu de visibilité… C’est un cercle vicieux", décrypte Jean-Michel Dutrieux, vice-président de la Fédération française de hockey (FFH). A titre de comparaison, 250 000 joueurs sont licenciés en Allemagne, 300 000 aux Pays-Bas, et plus d’un demi-million au Royaume-Uni.

Implantée en France à la fin du XIXe siècle, la pratique, tout droit venue d’Angleterre, a d’abord été catégorisée comme élitiste, bien moins populaire et accessible que le football ou le rugby. "Les premiers ‘passeurs’ sont d’abord des expatriés britanniques en France, qui ont diffusé progressivement le sport via le Racing club de France, ou le Sporting club universitaire de France, qui réunissaient les élites bourgeoises et aristocratiques de Paris", retrace l’historien François Bourmaud, spécialiste de l’implantation des sports en France au XIXe siècle. Si le hockey sur gazon est introduit aux JO de Londres dès 1908, à l’initiative des Français, et qu’une première Fédération internationale de hockey est créée en 1924 à Paris, le sport peine à se démocratiser sur le territoire. "Il y a eu un retard à l’allumage assez fatal : les autres sports de balle sur herbe et le tennis ont eu une dizaine d’années d’avance, et ont monopolisé l’attention", explique François Bourmaud.

Sous-financement

Porté par une forte présence dans le nord de la France, où se situent aujourd’hui les trois plus grands clubs français, et en région parisienne, le hockey sur gazon connaît malgré tout une phase de développement dans les années 1960. "A l’époque, on jouait encore sur du gazon naturel, et nous étions plutôt bien situés au classement mondial", se souvient Patrick Burtschell, joueur de l’équipe de France à partir de 1964. Aux JO de Mexico, en 1968, l’équipe termine 10e, puis 12e à ceux de Munich en 1972. "Puis c’est devenu compliqué : on faisait face à des nations, comme l’Inde, très compétentes et surentraînées. Les terrains sont passés au synthétique, le matériel et la manière de jouer ont complètement changé, il a fallu remplacer toutes les infrastructures… On a pris beaucoup de retard à ce moment-là", analyse l’ancien joueur. A la FFH, le vice-président Jean-Michel Dutrieux abonde. "Il a parfois été compliqué d’obtenir des terrains : c’est un investissement spécifique, ça dépendait de la taille des clubs, de leur budget… Cela a contribué au caractère un peu exclusif du sport", admet-il.

De fait, l’investissement économique autour du hockey sur gazon est longtemps resté faible. "Un joueur de hockey, qui s’entraîne autant que n’importe quel basketteur ou handballeur professionnel, n’a pas le salaire qui va avec", regrette Frédéric Soyez, le sélectionneur des garçons. Pour inverser la tendance, la présidente de la FFH Isabelle Jouin travaille d’arrache-pied : en poste depuis 2021, elle confie être partie d’un contexte financier "difficile". "On était proches de la cessation de paiements, avec une dette de 630 000 euros de fonds propres négatifs sur un budget de 2,7 millions d’euros", explique-t-elle. Depuis, un audit a été demandé au ministère des Sports, et un commissaire aux comptes a pris le poste de trésorier.

En parallèle, la Fédération tente de décloisonner la pratique, en favorisant par exemple la création de terrains mobiles et en féminisant les clubs : le nombre de licenciées aurait ainsi bondi de 29,5 % l’année dernière, selon Isabelle Jouin. Pour définitivement populariser le "sport maudit" des JO, la FFH mise également sur l’impact médiatique de la compétition. "Aujourd’hui, c’est l’image qui prime. Le hockey est dynamique, spectaculaire, facile à lire : il faut donner envie à de potentiels joueurs dès le plus jeune âge !" martèle Jean-Michel Dutrieux, impatient de récolter les fruits de "l’effet JO".

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