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JO Paris 2024 : le plus américain des escrimeurs français, Romain Cannone, défend son titre olympique

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JO Paris 2024 : le plus américain des escrimeurs français, Romain Cannone, défend son titre olympique

"Cannonissime" titrait le journal L’Équipe, le 26 juillet 2021. La veille, à Tokyo, le sport français voyait naître un champion hors pair, que personne n’avait vu venir. Romain Cannone, 47e épéiste mondial, décrochait l’or olympique grâce à une façon de tirer loin des standards.

"Il a une manière très atypique de tirer, propre à lui. C’est le seul à ce niveau qui a cette manière de faire", affirme Paul Allègre, l’un de ses partenaires en équipe de France, qui le côtoie depuis une dizaine d’années. "Il prend énormément de risques, il se met dans plein de positions délicates et c’est ce qui lui permet de développer son jeu. De l’extérieur, ou quand on ne le connaît pas, c’est hyper perturbant parce qu’on n’a pas de repères par rapport à d’autres athlètes classiques", développe-t-il.

En décalage dans son rapport aux autres

Sur la piste comme dans la vie, le champion olympique a l’habitude de se démarquer. Le Neversois Paul Allègre, qui l’a rencontré pour la première fois lors de leurs années communes en pôle Espoirs, au Creps (Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive) de Reims, se souvient : 

"Il a toujours été un peu en décalage dans sa manière d’être. C’est quelqu’un qui est presque un peu sauvage. C’est un rêveur, il est souvent dans son monde. C’était encore plus marqué au début."

Son rapport à leur maître d’armes, à l’opposé de celui de ses confrères, en est l’exemple parfait. "On avait une distance par rapport à l’entraîneur, on le vouvoyait, on l’appelait maître. Lui, il a débarqué et il a commencé à le tutoyer, à lui taper la bise… C’était complètement hors sol comparé au rapport que nous avions avec notre entraîneur. Ça a changé maintenant, dans ses relations aux gens, il s’est plus 'européanisé'."

Car pour trouver l’origine de ces particularités, il faut se tourner vers son enfance, passée à l’étranger, loin du vieux continent. Très tôt, Romain Cannone s’envole pour le Brésil, puis déménage à New York où ses parents vendent des macarons et où il découvre l’escrime à 12 ans. "En épée, les Américains ne sont pas les meilleurs. En revanche, il y a un état d’esprit différent. On peut laisser libre cours à son imagination, à la folie et au sens du combat, un peu plus qu’en France, où il y a une école plus classique. Les meilleurs tireurs français finissent par développer ça, mais pour lui, c'est venu spontanément et je pense que ça vient de là-bas" explique Allègre.

Une prise de risque qui lui a parfois joué des tours

Une théorie que ne réfute pas l’intéressé, bien au contraire. "Je n’aurais pas atteint ce niveau sans mes années new-yorkaises, c’est certain", confiait-il à L’Équipe en 2022.

L’influence américaine a grandement contribué à le façonner, mais son talent est aussi "inné" selon Richard Gawlas, qui a côtoyé le jeune homme lorsqu’il était licencié à Colmar. "À 16 ans, il créait déjà des actions dont on se demandait d’où elles sortaient", se souvient-il. Une créativité positive, même si elle lui a parfois joué des tours. "Il prenait beaucoup de risques, il jouait tellement avec l’adversaire, qu’il y avait pas mal de déchets", retrace Gawlas."Maintenant, c’est un peu plus sérieux, un peu plus construit. Je trouve même qu’il l’est un peu trop parfois, j’aimerais qu’il retrouve un peu plus ce côté fantasque. Mais forcément, désormais, il a la pression du résultat, qu’il n’avait pas avant."

Conserver son titre olympique, Cannone en est capable. Une exception dans l’histoire de son sport. "C’est la première fois depuis très longtemps à l’épée que le champion olympique en titre est capable de regagner les Jeux (c’est arrivé une seule fois chez les hommes, le Cubain Ramon Fonst était médaillé d’or en 1900 et 1904). Les derniers champions olympiques, on ne les a pas vus beaucoup derrière. Lui, il a enchaîné avec deux médailles au championnat du monde. Sa force, c’est qu’il est capable de se détacher de l’événement. Je crois que ça vient de son éducation américaine."

Martin Lhôte

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