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Dans les entrailles du barrage des Fades, au coeur des Combrailles (Puy-de-Dôme)

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Dans les entrailles du barrage des Fades, au coeur des Combrailles (Puy-de-Dôme)

C’est un géant de béton et de roche, qui façonne le paysage des Combrailles depuis sa mise en service en 1968. En amont, la présence du barrage des Fades a donné naissance à la retenue éponyme et à ses plages fréquentées. En aval, il doit composer avec des exigences à la fois environnementales, piscicoles ou liées aux activités humaines. Exploité par EDF (*), l’ouvrage est le plus important barrage du Puy-de-Dôme. Un mur de 68 mètres de haut, toutefois dépourvu de galerie.

69 millions de m3 d’eau

Car ici, l’électricité est produite plus loin en aval, où l’eau est transportée via une conduite enterrée longue d’1,4 km. Les bâtiments accolés au barrage sont, eux, dédiés à la surveillance et à la gestion du volume d’eau stocké dans la retenue, évalué à 69 millions de m3.

C’est notamment le cas dans le local dit "de passage de crue". Avec ses fenêtres incurvées lui donnant des allures de tour de contrôle, il surplombe deux imposantes vannes destinées à réguler si nécessaire le niveau d’eau. "Ce n’est pas un barrage dit déversant, qui déborde comme une baignoire, explique Henrick Villechalane, responsable du groupement d’usines EDF Puy-de-Dôme et Allier. On doit ouvrir les vannes en cas de crue."

Une opération de plus en plus rare. La dernière crue significative remonte à 2011, avec un débit de 250 m3/s. Depuis, il suffit de "turbiner" à raison de 45 m3 d’eau, autrement dit de mettre en route la centrale de production hydroélectrique, pour évacuer le surplus d’eau qui pourrait mettre en péril la structure.

"Quand il pleut, notre priorité est de défendre la sécurité du barrage. Donc on turbine, parfois 24 heures sur 24, comme fin juin : il était tombé 94 mm d’eau en une journée à Saint-Gervais, contre 50 à 60 mm en moyenne mensuelle?!"

Sur les écrans du local de passage de crue, un chiffre est donc scruté de près : le niveau d’eau de la retenue. Ce jour-là, il se situe à 501,65 mètres d’altitude. "Il ne doit pas dépasser 505 mètres et on peut exploiter l’eau jusqu’à 480 mètres, chiffre Henrick Villechalane. On ne fait bien entendu pas ce que l’on veut avec un barrage."

Un débit minimal à garantir en aval

De la même manière, un débit minimal de 2,5 m3 d’eau doit être garanti en aval, après la centrale de Queuille (lire par ailleurs), afin de répondre aux besoins en eau potable, de l’industrie, de la vie biologique ou de l’irrigation.

"Dans le cadre d’une convention avec la chambre d’agriculture de l’Allier pour le soutien à l’irrigation, nous avons par exemple augmenté notre débit en 2019 et 2020, marquées par la sécheresse. Ça s’est senti sur les plages de la retenue mais ce n’était pas critique pour la Sioule, où même si nous étions en soutien d’étiage ces deux dernières années, nous n’avons pas d’inquiétude pour tenir le débit minimum."

Une chute de 75 mètres de haut

Retour à la surface. À l’autre bout de la crête du barrage, un autre local discret constitue "la prise d’eau", point d’entrée d’une vaste galerie de 1.400 mètres, pour un diamètre de 4 mètres par 3. L’eau dévale cette conduite pour chuter de 75 mètres de haut sur la turbine logée dans la centrale hydroélectrique, située le long de la RD513.

"Le volume d’eau et/ou la hauteur de chute déterminent la puissance d’une usine hydroélectrique, explique Henrick Villechalane. Ici, nous avons finalement un compromis entre les deux."

Cette centrale d’une puissance de 28 MW produit l’équivalent de la consommation annuelle de 35.000 personnes. Si elle tourne davantage l’hiver qu’en été, sa mise en route dépend de plusieurs facteurs. "La première donnée, c’est l’hydrologie, mais on agit aussi sur demande du gestionnaire du réseau en fonction des besoins d’électricité, du prix de l’énergie et des équipements de production disponibles, détaille Henrick Villechalane. La turbine peut démarrer en quelques minutes. En plus de stocker l’énergie sous forme d’eau, là où d’autres dépendent du soleil et du vent, on a donc une souplesse que n’ont pas forcément le nucléaire, le solaire ou l’éolien."

(*) Installée à Saint-Gervais d’Auvergne, une équipe de onze personnes compose le groupement d’usines EDF pour le Puy-de-Dôme et l’Allier, où elle gère dix équipements. S’il n’y a pas de présence permanente au barrage, l’ouvrage est surveillé de près à distance et à travers des visites régulières.

De Montfermy à Queuille Le barrage des Fades est étroitement lié à deux autres centrales hydroélectriques situées sur la Sioule, à Montfermy et Queuille. À eux trois, elles produisent l’équivalent de la consommation annuelle de 60.000 habitants. Le site de Queuille a aussi un rôle de bassin de démodulation : il atténue le débit lâché dans la Sioule par les Fades. "Quand on turbine aux Fades, on utilise 45 m3 d’eau par seconde. La marche serait donc importante si on lâchait tout dans la Sioule. On lisse ce programme grâce à Queuille, dont on remplit le bassin. En sortie, on lâche ainsi de 5 à 15 m3."

Arthur Cesbron

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