De TikTok à Danse avec les stars en passant par Issoire : itinéraire d'un enfant très connecté, Roman Doduik

Il a explosé sur les réseaux sociaux, alors que son truc, à lui, c’est le théâtre, la scène, le stand-up. Mais sa tchatche, sa faculté d’observation et son sens de l’improvisation pouvaient autant le mener aux uns que lui ouvrir les portes des autres. Résultat : Roman Doduik est naturel et se sent comme chez lui, aussi bien devant les caméras d’un smartphone ou de cinéma, que sur les planches… et même le parquet d’une salle de danse. Mardi 9 avril, il sera à Issoire, pour présenter ADOrable, son spectacle. À lui.

Vous avez connu le succès de manière presque inattendue, sur les réseaux sociaux, alors que, courant 2020, vous êtes privé de scène, là où vous voulez vous exprimer, vous. C’est bien ça ?

C’est ça ! Rappelez-vous : en 2020, on est chacun chez soi. Moi, privé de scène, vu que je suis comédien, je décide de faire des vidéos, sur TikTok, depuis mon appart’, pour passer le temps. La surprise, c’est que ça marche. Et ça cartonne, même ! Mais le public que je rencontre sur TikTok, est un public adolescent. C’est ce public-là que je rassemble et qui commence à suivre ce que je fais. Et ça part comme ça, finalement. Alors que moi, je rêvais de stand up et de théâtre. Ça n’était pas du tout mon rêve de percer sur les réseaux ! Mais bon, je vous rappelle que tout était fermé, alors…

Vous avez donc été surpris et dépassé par tout ça, d’une certaine manière. Et vous avez donc dû adapter votre “contenu” ?

Oui. D’un coup, je suis suivi par des adolescents. Je passe à 1 million, puis 2 millions d’abonnés sur TikTok (*). J’avais beau avoir 22 ans, ne pas être si loin de l’adolescence, d’un coup, je suis largué. Je n’ai plus les références, plus les codes. Mais je m’y mets. Parce que mon public, me disait, en commentaires : “Eh oh : c’est pas nous, ça ! On n’emploie pas ce vocabulaire. Tu ne parles pas du bon rappeur ou du bon jeu vidéo…” Bref. J’ai bossé, là-dessus.

Roman Doduik – Le Sundae (via Youtube)

Et donc, bien après les vidéos TikTok et votre révélation au public, le spectacle ADOrable, va parler de tout ça : de ces deux mondes qui se rencontrent et qui, parfois, ne se comprennent pas toujours : les ados et les adultes ? Vous devenez un peu l’entremetteur entre les deux ?

Il y a, à la fois, de ça. Parce que moi je suis justement entre les deux. Et puis je vais aussi parler de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Moi, je les ai découverts un peu par hasard, il y a quatre ans… Mais comme je l’ai dit, ce n’était pas une ambition à la base : je n’ai jamais rêvé d’avoir des millions d’abonnés et de “percer”. Mais, comme ça s’est imposé à moi, que je n’ai pas couru derrière, j’ai découvert cet univers “sans les yeux de l’amour” : avec les yeux d’un mec de 22 ans qui n’y connaissait pas grand-chose. Donc je vais raconter la vraie vie, le vrai fonctionnement des réseaux sociaux. Je les décrypte pour les “darons”, ou pour les personnes qui n’en sont pas très familiers. Si vous n’y connaissez rien, venez me voir, vous allez apprendre plein de choses sur cette génération et son rapport aux réseaux sociaux.

Mais vous ne parlerez pas que des réseaux sociaux…

Non ! Même s’ils font beaucoup partie de la vie des ados. Mais on va aussi parler du reste : de leur vocabulaire, de leurs codes. C’est une façon de se mettre à jour, ou de se reconnaître, en fonction de votre âge ! Il y a des références pour tout le monde…

Mais ce n’est pas qu’un spectacle juste pour rire…

Eh bien non ! Je vais aussi parler de la face vraiment cachée des réseaux : la face qui n’est pas si belle, celle qui ne donne pas envie. La face qui, quand un jeune me dit : “Plus tard je veux être comme toi”, me donne des frissons dans le dos. Parce qu’il y a des gamins qui ne méritent pas ce qui leur est arrivé sur les réseaux sociaux. Et là, je ne parle pas spécialement de cyberharcèlement, mais plutôt du fait de devenir connu, du jour au lendemain, d’être une star éphémère et de tomber dans l’oubli, aussi vite, après avoir connu une grande notoriété. Pas facile, actuellement, pour Roman Doduik de monter sur scène, entre ses répétitions pour Danse avec les Stars et ses multiples engagements : promo au cinéma et même doublage. Mais il sera à Issoire le 9 avril. 

Et là, vous parlez de vous ?

Moi, ça fait partie de mes angoisses, au quotidien. Ce que je vis, aujourd’hui, est super. Je suis sur scène, mais aussi à la télé, à la radio, au cinéma, sur les réseaux sociaux. Je travaille énormément, aussi ! Il ne faut pas l’oublier ! Mais, aujourd’hui, malgré tout, j’ai moins de “fame” sur TikTok [de succès, NDLR] qu'à l’époque. J’ai fait autre chose depuis. C’est encore plus intéressant, je trouve, et je suis content d’avoir fait ce parcours, donc tout va bien. Mais n’empêche… la fame que j’avais en 2020, certes en plein confinement, où tout était bouleversé, je ne l’ai quasiment jamais retrouvée. C’est particulier. Et c’est quelque chose qui peut être dur à vivre. Tu dois accepter que la raison pour laquelle tout le monde t’aimait avant, et bien c’est fini. Et tu dois vivre avec. Et ça, on ne le dit pas souvent ! Alors bien sûr, je raconte une histoire fictive : celle d’un créateur de contenus qui se retrouve très connu, avant d’assister à la chute qu’on imagine. On parlera d’addiction, de Sundae (mais pas forcément de crème glacée !), de Fortnite [un jeu vidéo, NDLR] et de rap. Oui, il y aura de la chanson...

... Et un peu de danse, vous qui êtes dans “Danse avec les stars”, sur TF1, chaque vendredi ?

J’y réfléchis de plus en plus : ça va finir par s’imposer, parce que là, c’est 6 à 8 heures par jour de mon quotidien, actuellement ! Je compte bien faire monter Ana sur scène, à l’occasion. Mais je ne promets pas que ce sera à Issoire… 

(*) À 25 ans, Roman Doduik, a plus de 4 millions d’abonnés sur TikTok, YouTube et Instagram. Il a été chroniqueur radio, sur France Inter et actuel sociétaire des Grosses Têtes sur RTL. Il est à l’affiche de "Ducobu passe au vert", cette semaine, un film de et avec Elie Semoun.

Marie-Edwige Hebrard

Pratique. Spectacle ADOrable, le 9 avril, à 20 h 30, à Animatis, à Issoire. Tarifs : 19 et 21 €. Free-pass : 11 €. Réservations ici.