Les rendez-vous variés de la scène nationale l'Empreinte à Tulle (Corrèze) en mars

Quand l’histoire se mêle à la musique. C’est ce que propose le premier rendez-vous du mois (3 mars) à Tulle avec une pièce signée du grand auteur algérien Mohamed Kacimi et d’Hassane Kassi Kouyaté, fils de griot. Cette écriture subtile aborde l’exploitation coloniale du Congo belge ayant fait cinq à huit millions de morts. Presque un siècle d’une histoire tragique que Congo Jazz Band relate en se servant de la musique congolaise, lieu de parole et de révolte, dont l’influence résonne encore aujourd’hui.

L’histoire coloniale du Congo racontée sur les planches

Pas de noirceur, ni de victimisation ou d’accusation. Les six comédiens-musiciens tiennent l’horreur à distance grâce au rire et au rythme. L’histoire du pays est racontée dans la tradition des griots. Le pouvoir de la parole, celle se voulant délicate et frontale à la fois.

Cette pièce ne fait la part belle ni aux Européens ni aux dictateurs africains mais uniquement à l’amateur de théâtre.

De l’histoire à la danse, cinq jours seulement. Le mardi 8 mars, le chorégraphe Adi Boutrous invite à une rencontre entre contemporain et traditionnel avec sa pièce One More Thing. Un groupe composé de quatre hommes remet en question les stéréotypes assignés à la virilité, la relation entre la masculinité et le pouvoir. La nudité du plateau met en scène le corps collectif. Dans une pièce où tendresse et ambiguïté s’accordent, les identités chorégraphiques sont diverses. Entre fluidité, portés, tombés, improvisation, hip-hop ou encore acrobaties, les quatre danseurs ne font qu’un. Une véritable expérience où le désir de synchronisation prend toute sa place.

Cette pièce d’une heure veut montrer comment il est possible de se libérer des carcans et des injonctions, « de ce monde organisé par un système phallique », comme l’expose son chorégraphe Adi Boutrous.

Humoristique, poétique et décalée

Par ailleurs, la veille du spectacle (lundi 7 mars salle Latreille), un atelier danse avec un membre de la compagnie sera, organisé. L’occasion de découvrir un langage artistique avant de pouvoir l’apprécier le lendemain.

Enfin, s’évader le temps d’un repas des plus hilarants et décalés, Nicole Genovese le propose dans sa pièce de théâtre Hélas le jeudi 24 mars. Une famille passe à table avec Plus belle la vie en toile de fond, comme à son habitude chaque soir. Mais c’est sans compter l’arrivée inopinée d’un oncle Michel à moitié artiste et d’une adjointe à la culture, venus faire vaciller toute la platitude ordinaire de la famille.

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De là, l’auteure et la metteuse en scène franco-finlandaise casse les codes et joue de l’absurde. Le sempiternel repas du soir pris à la même heure devient un moment plus qu’insolite avec différents niveaux de lecture pour le spectateur, laissant libre cours à la réflexion et au rêve.

Une poésie décalée qui ose s’affranchir des standards théâtraux. Somme toute, Hélas brosse le portrait d’une famille ordinaire brinquebalée le temps d’une soirée par l’insolite.

De la musique à l’histoire en passant par la danse ou encore l’humour, la scène nationale de Tulle se prépare à un mois de mars où la variété théâtrale sera mise à l’honneur.

 

Vincent Faure