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"Ma plus belle victoire", le livre témoignage de Guillaume Cizeron paraît aujourd'hui

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Comment est venue l’idée de ce livre témoignage ?

Tout s’est déroulé assez naturellement. L’an dernier (en mai 2020), j’avais posté une photo sur Instagram de mon conjoint et moi. Mon intention à ce moment-là n’était pas de faire un coming out mais c’est cela que ça a donné. Après ça, L’Equipe m’a demandé si je voulais faire une interview sur le sujet, j’ai accepté à la condition que je puisse publier mes propres mots sous la forme d’une lettre. Suite à cela, l’éditeur de XO Renaud Leblond m’a contacté. L’idée de créer un livre avec une histoire qui puisse toucher les gens m’a plu. L’intention est de sensibiliser à ces questions d’homosexualité, d’homophobie, de découverte de sa sexualité, de son genre. J’essaie de raconter comment ça a été pour moi, de manière assez objective et, par ce biais-là, faire en sorte que d’autres personnes puissent s’identifier à ce que j’ai vécu.

« Ce livre a eu des bienfaits pour mes parents aussi »

Etait-ce facile de se livrer ?

Au début, je pensais l’écrire moi-même puis rapidement je me suis rendu compte que j’allais avoir besoin de quelqu’un qui me pose des questions, qui ait un œil extérieur pour savoir ce qui était touchant et intéressant sur cette partie de ma vie. Les éditions XO m’ont proposé de travailler avec Lionel Duroy. La collaboration a super bien marché. J’ai été en confiance très vite même si c’était difficile de replonger dans ces souvenirs-là. Ce qui était agréable, c’est qu’il a beaucoup parlé à mes parents, sans que je sois présent. Il y a eu la liberté de dire des choses qu’on n’aurait sûrement pas évoquées.

Vous nous faites entrer dans l’intimité familiale, avec des mots parfois durs vis-à-vis de vos parents rejaillissant de votre adolescence...

Tous les adolescents passent par une crise, ça allait de pair avec ça pour moi. Les parents ne savent pas comment gérer ces choses-là, ne savent pas quoi dire, comment aider, guider. Ils étaient désemparés plus qu’autre chose. Je pense qu’ils ressentent une certaine culpabilité. Ce livre a eu des bienfaits pour eux aussi. Cette peine-là se transforme en quelque chose qui va aider d’autres parents, va donner du sens à tout ça. Ils sont tellement juste heureux d’avoir une belle relation avec moi aujourd’hui.

J’étais juste pas capable de me le dire à moi-même. J’ai mis du temps avant que je sois capable de l’accepter

Vous ne cessez de parler de l’amour qu’ils vous ont toujours porté comme d’une chance...

Ils m’ont toujours aimé et je le savais. Je ne me suis jamais dit : « Tiens si je le dis à mes parents, ils vont me virer de la maison ». Je n’ai jamais eu cette pensée, que beaucoup de mes amis ont eue. J’étais juste pas capable de me le dire à moi-même, j’ai mis du temps avant que je sois capable de l’accepter.

La danse sur glace est une autre chance, qui vous a permis d’être vous-même...

Ce sport m’a permis de construire mon estime de moi à travers les succès mais aussi la passion. On ne m’imposait rien, même si ça a parfois été difficile de me conformer à un couple hétérosexuel. Souvent j’ai souffert du fait que je n’étais pas assez masculin, pas assez ceci, pas assez cela, mais cela ne m’a jamais arrêté au point de ne plus vouloir pratiquer ce sport. J’ai trouvé des libertés, notamment de ne pas toujours interpréter cet homme masculin. Ce sport m’a apporté tellement de choses.

Guillaume Cizeron se confie sur son homosexualité dans le magazine Têtu

Vous parlez des moqueries répétées de vos camarades lors de votre scolarité. Leur en voulez-vous ?

Je n’en ai jamais vraiment voulu à personne parce que le comportement des gens c’était l’extension d’une société qui n’avait pas évolué assez dans ce sens-là. Je suis plus en colère envers les croyances qui sont véhiculées par la société.La couverture du livre de Guillaume Cizeron  

«A Montréal, je n’ai pas peur de qui je suis, ce qui n’est pas encore le cas partout en France »

Votre départ pour Montréal en 2014 a été bénéfique à votre épanouissement sportif et personnel...

Comme pour n’importe quel jeune adulte, partir de chez moi a fait avancer ma vie d’une manière rapide. Surtout à Montréal, une ville inclusive, tolérante où l’homosexualité est le dernier des soucis. J’ai pu trouver tellement de repères, des amis qui me ressemblent. Ici, je n’ai pas peur de qui je suis, ce qui n’est pas encore le cas partout en France, même si c’est en train de changer.  

Vous concluez sur votre désir d’avoir des enfants...

J’ai toujours voulu avoir des enfants. Mais il y a dix ans, quand j’avais 15-16 ans, pour moi être gay, cela voulait dire que j’allais devoir garder le secret toute ma vie, c’était synonyme de solitude, ce n’était pas la joie. De voir comment la société a évolué en si peu de temps, c’est cool de pouvoir me dire qu’aujourd’hui, c’est une évidence que j’aurai peut-être des enfants, que je pourrai peut-être me marier. 

Propos recueills par Vivian Massiaux

Guillaume Cizeron a grandi à Saint-Bonnet-lès-Allier près de Cournon-d’Auvergne. Avec sa partenaire Gabriella Papadakis, il possède le plus beau palmarès du patinage français avec quatre titres de champions du monde et cinq de champions d’Europe. Les Auvergnats, qui s'entraînent et vivent à Montréal depuis l'été 2014, partiront en quête de l’or olympique à Pékin en février 2022, seul titre qui manque à leur palmarès après l’argent récolté à Pyeongchang en 2018.

 

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