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À Brive, des femmes victimes de violences profitent de "licences suspendues" pour se reconstruire grâce à la boxe

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À Brive, des femmes victimes de violences profitent de

Des sacs suspendus, un ring de boxe, Marcel Cerdan sur un poster et ce léger brouhaha, si caractéristique des salles de sport. Ce mardi 21 mai, comme chaque semaine, une vingtaine d’élèves se prépare à débuter une séance de boxe loisir, à la Boxe Académie Brive, avenue Ribot.

Dans la petite troupe, deux nouvelles recrues. Naïma et Élodie (*). Des femmes, suivies par l’association SOS Violences conjugales Corrèze qui viennent enfiler les gants pour la première fois. Toutes deux sont les premières bénéficiaires d’un système de licences sportives gratuites, mis en place par ce club sportif. 

La Boxe Académie Brive. Des licences suspendues pour l'association de votre choix

Des licences de boxe suspendues, c’est l’idée de Christian Serre, le président de la Boxe Académie Brive. Cet amoureux du sport a voulu réinventer la célèbre tradition napolitaine des cafés suspendus. Son principe originel, que quelqu’un paie, en plus de son café, une deuxième boisson, par la suite offerte à une personne dans le besoin.

Associations, entreprises, particuliers… À la Boxe Académie on propose ainsi, à qui le veut, d’offrir une licence d’un an à l’association de son choix. La Truffe Noire, hôtel-restaurant du centre-ville, a répondu présent en offrant les deux premières, 170 euros chacune, à SOS Violences conjugales Corrèze, afin que deux femmes puissent en bénéficier.

"Tu ne fais plus ce sport parce que tu m’appartiens"

"Je trouve que c’est génial !", s’enthousiasme Georgette Chastanet, la présidente de l’asso, venue pour l’occasion. Du coin de l’œil, elle observe ses deux protégées se mêler au groupe. "Je suis sûre que ça va beaucoup leur apporter, que ça va leur permettre de vider leur… leur haine contre les hommes et le mal qu’ils nous ont fait", poursuit la présidente, l’émotion palpable.

Elle aussi adorait le sport plus jeune. "J’étais une athlète du 4x100 mètres", se remémore, la Corrézienne. Des ambitions stoppées par son ex-mari, violent, qui lui interdisait de chausser les baskets. "Il me disait : 'Tu ne fais plus ce sport parce que tu m’appartiens'", répète-t-elle. C’était il y a trente-neuf ans.

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Élodie aussi faisait du sport, "avant". De la danse orientale, qu’elle a aussi dû arrêter net. "La vie", élude la trentenaire. En fait, il y a un an, cette jeune maman a tout quitté, sa petite fille sous le bras, pour fuir un ex-compagnon violent, actuellement incarcéré. Mais "il sortira bientôt", "et il me cherche", confie-t-elle. Sa reconstruction passe aussi par le sport. "La boxe, j’adore ça, mais je n’en ai jamais fait." Faute de moyens, et puis, "je ne me suis jamais posé la question".

 

L'association SOS Violences conjugales Corrèze, les membres du club Boxe Académie Brive, les entraîneurs et Naïma. 

"Un dépassement de soi"

Abdos, corde, round d’appréhension, leçon technique… Pendant deux heures, les exercices s’enchaînent, sous les directives du coach, Jérémy Benkaakaa. Il est au courant du passé de ces apprenties boxeuses et veille. Sur Naïma et Élodie, "il n’y aura pas de coups portés", assure ce pro qui coachait l’année dernière une femme victime de violence,  "je les mets en duo avec des gens qui boxent à la touche. Des gens en qui j’ai confiance", ajoute l’entraîneur.

Un nouveau sport que les jeunes femmes apprivoisent. La langue de la boxe est une langue dont elles n’ont pas encore tous les codes. "Chassé", "uppercut", "garde", Élodie essaie de se repérer dans cet amas de termes techniques. Et le vocabulaire n’est pas la seule chose compliquée. "J’ai peur de faire mal", explique la trentenaire qui refuse de porter des coups à ses partenaires. Un travail qui demandera un peu de temps.

"Elles vont reprendre confiance en elles, se dire 'je suis quelqu’un, je ne suis plus un objet, je suis une personne à respecter'", note Georgette Chastanet. Parce que la boxe, avant tout, c’est "un dépassement de soi", assure Jérémy Benkaakaa.

Se défouler, "tout en étant protégée"

"Ça fait du bien, on se défoule", souffle Naïma, les joues rougies par l’effort. Cette pétillante auxiliaire de vie s’en sort bien et pour cause, "je faisais de l’aéroboxe avant", explique-t-elle. Il y a quelques années, Naïma était dans une relation toxique. Il lui aura fallu "un long parcours" et de l’aide pour s’en sortir.

Naïma découvre la boxe avec Jérémy Benkaakaa.  

"Maintenant, je n’ai plus de haine, plus de colère, mais je dois extérioriser" ; alors, la boxe, pourrait se dessiner comme un futur défouloir. "Ça peut servir de thérapie. Parfois, on ne peut pas se défendre. Là, on peut se défouler sur le sac tout en étant protégée", assure-t-elle, avec un sourire pétillant qui ne la lâche pas.

Le dernier exercice de la séance, quinze secondes pour taper le plus fort possible. Contre le sac, Élodie se déchaîne et enchaîne de solides coups. "Ça fait mal, mais c’est bon", sourit-elle, en nage, avant de lâcher les gants. C’est décidé, elle reviendra jeudi et à la rentrée, le club comptera sûrement deux autres licenciées.

(*) Le prénom a été modifié 

Contacts : SOS Violences conjugales Corrèze : 05.55.88.20.02 ou au numéro national 39.19. Pour offrir une licence à l'association ou la personne de votre choix : Boxe Académie Brive : 06.77.87.46.25. 

Texte : Camille Gagne Chabrol

Photos : Fabrice Combe 

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