Quand les clubs sportifs de Saint-Jacques à Clermont-Ferrand la jouent collectif

Au fil des années, les associations sportives ont tissé leur toile au pied de la Muraille. Salariés et bénévoles ont déployé un véritable réseau. Au profit des jeunes. « On préfère qu’ils viennent sur le ring plutôt que de traîner dans la rue », estime Adel Fersi, président du Clermont boxe Saint-Jacques, hébergé dans le gymnase Louis-Thévenet.

Une lutte contre le décrochage scolaire

On avait des gamins de 6 ans qui passaient. Ils venaient manger après les matchs alors qu’ils n’étaient pas licenciés. Ils avaient faim. On les a intéressés comme ça. Viens manger et, après, tu viendras au basket », se souvient Audrey Amato, chargée de développement du club de basket Alfa.

Celle qui a connu le décrochage scolaire se bat au quotidien pour éviter la même expérience aux plus jeunes.

Basket, football et musculation. Il ne se passe pas une semaine sans que les dirigeants des associations sportives ne s’appellent et échangent. « On n’est pas concurrents. On a toutes les raisons de travailler ensemble », juge Dimitri Cilibrasi, responsable du volet social et éducatif au club de football de l’AS Saint-Jacques.

Dimitri Cilibrasi (à g.) est chargé du volet social et éducatif et Riane Merzkani (à d.) a la responsabilité du pôle féminin de l’AS Saint-Jacques.

« L’union fait la force », appuie Youcef Bouarroudj, président du Phoenix camp, club de musculation. « On m’a tendu la main quand j’ai commencé le sport. À mon tour de rendre la pareille. »

 

 

La délinquance en fort recul

Un travail d’équipe fructueux. « Depuis une quinzaine d’années, il y a moins de problèmes de délinquance, il n’y a plus de barbecue sur les toits, moins de trafic de drogue », liste Audrey Amato. Cela fait cinq ans que le club de basket peut compter sur la présence d’Amine Fatih. L’ancien basketteur auvergnat, qui n’a pas grandi dans le quartier, ne s’imaginait pas entraîner à Saint-Jacques.

 C’est le discours des dirigeants et la politique du club, très sociale, qui m’ont convaincu. J’ai perçu la dimension d’accompagnement du club.  

Un facteur qui joue les recruteurs

Une mentalité qui colle à la peau des dirigeants des clubs, mais aussi des joueurs. Bertrand Somda joue en N3. Dès qu’il le peut, ce facteur de profession transmet ces valeurs lors de ses tournées dans le quartier. Et tente de recruter de nouveaux joueurs.

 

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L’effet boule de neige fonctionne. Désormais la nouvelle génération sort du banc. À l’instar de Riane Merzkanie. Le jeune footballeur de 26 ans est responsable du pôle football féminin de l’AS Saint-Jacques. En presque trois ans, la section compte déjà 80 filles. « Le club m’a éduqué », affirme-t-il. Désormais, c’est à son tour de passer le flambeau. En inculquant rigueur et respect à ses élèves. Tout en poursuivant le travail de ses aînés. 

À Saint-Jacques, sport et école en 3 questions.  1. De quoi s’agit-il ? L’initiative est née en région parisienne dans les années 1990 au sein de l’éducation prioritaire. Depuis cinq ans, le dispositif fonctionne du CM1 jusqu’en troisième au sein des écoles du secteur (Jean-Macé, Pierre-Mendès-France, Jean-Jaurès et Édouard-Herriot) et le collège Baudelaire. L’idée est de faire cohabiter les études le matin et le sport l’après-midi. 2. Quelles assos ? La prochaine session de l’école ouverte se déroulera les 25 et 26 octobre prochains. « C’est la première année où l’on va autant travailler avec des clubs sportifs du plateau Saint-Jacques », se félicite le collège Baudelaire. 3. Quels objectifs ? Donner une continuité à la scolarité. « En se tournant vers des associations, on montre qu’à l’extérieur, l’apprentissage et les règles sont les mêmes qu’à l’école », conclut le coordinateur en éducation prioritaire.

Céline Bergeron