Giannis Antetokounmpo, un début historique dans le style Shaq
Les Milwaukee Bucks se sont inclinés dimanche soir à Cleveland (118-113), mais leur franchise player continue d’écrire un début de saison tout simplement historique. Giannis Antetokounmpo a livré une nouvelle performance titanesque : 40 points, 13 rebonds et 9 passes.
À une passe du triple-double, le Greek Freak est devenu le troisième joueur de l’histoire, après Luka Doncic et Oscar Robertson, à débuter une saison avec trois matchs d’affilée à au moins 30 points, 10 rebonds et 5 passes. Il devient également le premier joueur de l'histoire de la NBA à débuter une saison avec plus de 100 points, plus de 40 rebonds et plus de 15 passes décisives lors de ses trois premiers matchs. Voilà. Vous en voulez davantage ?
Un homme seul aux commandes
Privés de Kevin Porter Jr. (entorse à la cheville gauche), Cole Anthony (malade) et Kyle Kuzma, les Bucks ont dû s’en remettre presque exclusivement à leur superstar pour organiser le jeu. Une mission que Doc Rivers savait éreintante :
« C’est pour ça qu’on a limité ses minutes autour de 33. On savait que ce serait un match dur et physique, parce qu’il devait être notre meneur principal. Il a eu la balle quasiment tout le match. C’est usant, et malgré ça, il est toujours prêt à aller au contact, à se faire bousculer. C’est tout simplement sa personnalité. »
La rencontre a été d’une intensité rare. Cleveland, plus complet et plus frais, a imposé un combat dans la peinture. Giannis a subi 11 fautes, mais n’a jamais reculé. Il a terminé avec un solide 11/16 aux lancers, maintenant la pression jusqu’à la dernière possession. Les Bucks ont comblé 18 points de retard pour revenir à deux unités avant de céder dans la dernière minute.
Giannis Antetokounmpo did it all for the @Bucks!
???? 40 PTS
???? 14 REB
???? 9 AST
???? 2 STL
???? 2 BLK pic.twitter.com/GpI4NV6KUR— NBA (@NBA) October 27, 2025
"C’est comme Shaq"
Rivers, admiratif, n’a pu s’empêcher d’établir la comparaison :
« Il se fait attraper, frapper, retenir… C’est incroyable le nombre de fois où il prend des coups sur les bras. C’est ce qu’on est censé surveiller. C’est comme Shaq. »
La référence à Shaquille O’Neal n’est pas anodine. Par son volume, son intensité et sa domination dans la peinture, Giannis rappelle l’époque où le pivot du Magic puis des Lakers terrorisait les défenses sans broncher. Et comme Shaq, le double MVP semble presque “pénalisé” par sa puissance.
« Il ne réagit pas aux contacts, donc il n’obtient pas les coups de sifflet. Un arrière, lui, va exagérer et aura la faute. Ce n’est pas dans sa nature, donc il ne les aura jamais. Mais réussir à faire des passes précises dans ce contexte, ça montre à quel point il est solide », a poursuivi Rivers.
Nouveau visage : entre bulldozer et ballerine ?
Depuis l’arrivée de Doc Rivers sur le banc, les Bucks ont cherché à transformer leur jeu. Fini le "tout-Giannis-en-force" ; place à une approche plus structurée, inspirée des systèmes mis en place à Boston et Philadelphie. Pourtant, avec les blessures et les absences, Antetokounmpo a retrouvé, par nécessité, son rôle de porteur de jeu total.
Ce qui frappe cette saison, c’est la fluidité avec laquelle il assume cette responsabilité. Il n’avance plus simplement comme un bulldozer. Il lit mieux les défenses, anticipe les prises à deux, et distribue sans forcer. Dans le match à Cleveland, il a offert 9 passes décisives, souvent vers les corners où AJ Green (20 points) a profité de la gravité créée par son leader.
« C’est qui il est, au fond », explique Green. « Peu importe son état ou les circonstances, il va attaquer sans relâche et mettre la pression pendant 48 minutes. Il ne s’arrête jamais. »
Sous Rivers, Giannis est désormais mis en position de décision au poste haut, comme un pivot-créateur. Sa combinaison de puissance et de lecture du jeu le rend encore plus imprévisible. Là où il avait parfois tendance à forcer en pénétration, il décale aujourd’hui ses shooteurs au bon moment.
Giannis behind-the-back pass to MT for three! pic.twitter.com/IQeeqkhOHO
— Milwaukee Bucks (@Bucks) October 27, 2025
La ligne statistique ne raconte qu’une partie de l’histoire, mais elle est vertigineuse : 36,0 points par match, 16,0 rebonds, 7,0 passes, 68,3 % au tir, seulement 2,3 balles perdues en moyenne.
Aucun joueur depuis Wilt Chamberlain n’a affiché une telle efficacité sur un volume aussi élevé au même stade de la saison. Et contrairement à la légende des années 60, Giannis le fait dans une NBA où les défenses sont construites pour tout verrouiller.
« Je ne sais pas si on se rend compte de la difficulté de ce qu’il fait », notait un assistant des Cavs après le match. « Il a le rôle d’un meneur, les responsabilités d’un pivot, et il produit les chiffres d’un MVP. »
"Chaque match doit être une bagarre" - Antetokounmpo
Mais Antetokounmpo refuse de s’en contenter. Devant la presse, il n’a presque pas parlé de ses statistiques, préférant insister sur l’attitude de l’équipe.
« C’est le genre de match où, quand tu te bats comme ça, tu veux repartir avec la victoire. On peut se dire que Kuzma, Scoot et Cole n’étaient pas là et qu’on est restés au contact, mais ce n’est pas notre mentalité. Peu importe qui joue, on doit tout donner à chaque fois. C’est ça, notre identité. »
Et de résumer : « On va être un groupe de gars qui jouent dur, qui font les bons choix, qui écartent bien le jeu, qui rentrent les tirs ouverts et qui donnent tout chaque soir. Chaque match doit être une bagarre. Une vraie bagarre, soir après soir. »
Dans ces mots, on retrouve la philosophie qu’il incarne depuis son arrivée dans la ligue : humilité, travail, effort constant. C’est cette dimension psychologique qui impressionne autant que ses qualités physiques. Même après plus de dix ans en NBA, il continue de parler comme un joueur en mission, jamais rassasié.
Relentless. pic.twitter.com/WnaNqlIxnF
— Milwaukee Bucks (@Bucks) October 27, 2025
L’exigence d’un leader
Sous la surface, on sent aussi un message adressé à son vestiaire. Antetokounmpo veut que chaque coéquipier joue avec la même intensité que lui. Cette obsession du détail et du combat a toujours été son moteur, mais Rivers, qui a connu des leaders comme Garnett ou Chris Paul, insiste pour canaliser cette énergie. L’objectif : faire de Giannis non seulement une force de la nature, mais un stratège collectif.
Milwaukee, malgré un début de saison mitigé (1-2), reste dans le sillage des meilleures équipes de l’Est. Avec le retour annoncé de Kuzma et Porter Jr., le coach espère retrouver un effectif complet. Reste que, sans ces absences, cette séquence aura permis de rappeler une évidence : Giannis Antetokounmpo n’a besoin de personne pour exister dans un match NBA.
Prochain rendez-vous : les New York Knicks, à Milwaukee. Une nouvelle opportunité de mesurer la solidité du projet face à une équipe réputée pour son intensité. Le Greek Freak, lui, sait déjà ce qu’il attend :
« Les bonnes équipes ne perdent pas deux fois de suite. On rentre à la maison, on joue les Knicks, et j’espère qu’on pourra décrocher la victoire. »
C’est une promesse autant qu’un avertissement. Tant que Giannis sera dans cet état de forme et dans cet état d’esprit, aucune défaite ne ressemblera vraiment à une contre-performance.
Giannis Antetokounmpo, pourquoi les Knicks ont refusé un trade

