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Baseball : "Jusqu'au bout du rêve"

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Baseball :

Le baseball bénéficie aux USA d’un culte qui n’a d’égal, pour nombre d’Américains, que celui des cerisiers pour les Japonais. Plus qu’un sport, un vrai ciment, une passion nationale transmise de génération en génération.

Sa thématique revient d’ailleurs régulièrement au cœur du cinéma US, de la simple scène de décoration mais « cadrant » bien le pays où est censée se dérouler l’action (un peu comme un plan sur Paris, vu de l’étranger, ne peut se passer d’une Tour Eiffel si ce n’est d’un Montmartre), à la toile de fond plus travaillée, voire au sujet principal de l’œuvre (1).

Dans « Jusqu’au bout du rêve » (1989), Phil Alden Robinson l’utilise comme poutre porteuse d’un récit aux confins du fantastique pour, depuis un simple alignement de plans de maïs, forcer la porte de la réalité et donner accès au champ de tous les possibles.

Le champ (2), c’est d’abord celui de Ray Kinsella (Kevin Costner) dont la vie de fermier quasi improvisé se déroule, à l’approche de la quarantaine, paisible, aux côtés de femme et enfant, dans l’Iowa.

Le rêve, c’est celui qui conduira Ray, dès lors qu’il aura entendu une voix que l’on qualifiera de « venue d’ailleurs » lui délivrer une bien mystérieuse mission (« Construis-le et il viendra »), à transformer ledit champ, côté « Petite maison dans la prairie » de son existence, en un tout aussi improbable que transcendant terrain de jeu.

De baseball, bien évidemment, amour partagé par Ray avec John, son père, autant que foyer des conflits ayant mené à la rupture entre les deux hommes, sans qu’ils se soient reparlés avant le décès du plus âgé.

La quête du sens de cette première injonction et de celles qui suivront, de la part de la « voix », sert, au même titre que la recherche de l’identité de ce « il », de fil conducteur à un récit naviguant entre réminiscences nostalgiques des souvenirs et projections ou visions oniriques.

Fil qui aurait pu paraître trop ténu si « Jusqu’au bout du rêve » ne possédait assez de ressorts narratifs pour nous pousser à suivre Ray dans sa « folle » entreprise et assez de rencontres, également, pour fair de l'« improbables » , l'essentiel.

Avec Joe « Shoeless » Jackson (Ray Liotta), frappeur vedette des « White sox » de Chicago, gloire bannie du baseball professionnel en…. 1919 dans le cadre d’une corruption impliquant sept de ses coéquipiers (3)

Avec Doc Archibald « Moonlight » Graham « (Burt Lancaster), joueur moyen n’ayant que trop pu évoluer aux côtés des meilleurs, devenu médecin de campagne et… décédé 12 ans plus tôt.

Avec Terence Mann (James Earl Jones), écrivain contestataire, bien vivant, lui, ô combien décisif dans le parcours de Ray Kinsella.

Autant d’éléments permettant de dépasser la simple émotion brute ressentie par tout amateur de ce sport, à voir une balle frappée par une batte, soudainement monter dans le ciel hors de portée des adversaires.

Par la parabole qu’il déploie, en rouvrant le livre de l’histoire de l’Amérique par le chapitre d’une passion commune, le film de Phil Alden Robinson, convoque en effet les obstacles, les coups du sort, les lâchetés voire les trahisons, les fantômes du passé, les remords comme les regrets, les rêves abandonnés aussi, bien sûr, de tout un chacun, mais aussi la rédemption et l’apaisement auxquels il peut avoir droit.

Le trop longtemps (anti-)héros Ray Kinsella n’est pas un « influenceur » de l’histoire de l’Amérique à la « Forrest Gump » (4) courant à ses côtés. Mais aussi obtus dans ses convictions que courageux devant l’adversité et la nécessité d’entreprendre soi-même, il en embrasse les valeurs (clichés et surestimées ?).

Et de le bâtir, ce fameux terrain des rêves et, les invitant autant que répondant à leur appel, de donner à « Shoeless Joe » et ses partenaires l’occasion de « refaire le match ».

Un rêve qui, dès lors, peut aussi devenir le nôtre.Un film de 1989 de Phil Alden Robinson, d'après le roman "Shoeless Joe" de W.P. Kinsella.

Jean-Philippe Béal

(1) Dans le désordre au sein d’une riche filmographie : « Duo à trois » (Ron Shelton, 1988, avec Kevin Costner, Susan Sarandon, Tim Robbins), « Pour l’amour du jeu » (Sam Raimi, 1999, avec Kevin Costner), « Une équipe hors du commun » (Penny Marshall, 1992, avec Geena Davis, Madonna, Tom Hanks), « Le Meilleur » (Barry Levinson, 1984, avec Robert Redford), « Le Stratège » (Bennett Miller, 2011, avec Brad Pitt, voir une précédente « Ma dose de sport »), « Une nouvelle chance » (Robert Lorenz, 2012, avec Clint Eastwood), « Le fan » (Tony Scott, 1996, avec Wesley Snipes, Robert de Niro), « Rain man » (Barry Levinson, 1984, avec Dustin Hoffman, Tom Cruise).

(2) « Field of dreams » est le titre original du film, « field » signifiant également « terrain de jeu »

(3) Et dont l’histoire, telle que racontée par William Patrick Kinsella dans son ouvrage « Shoeless Joe » (1980, Christian Bourgois, 1993), a servi de base au film de Phil Alden Robinson.

(4) Film de Robert Zemeckis (1994) tiré du roman éponyme de Winston Groom (1984).

La bande annonce en V.O.

https://youtu.be/Ut06d4dptWo

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