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"Non, le parapente n'est pas dangereux" : comment les pilotes gèrent le risque au sommet du puy de Dôme

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Une légère brise fait vaciller les touffes d’herbes sèches au sommet du puy de Dôme. Soudain, dans un bruit de battement d’ailes et sous le murmure extasié du public, une voile se gonfle, semblant surgir du sol. Un parapentiste prend son envol.

Un spectacle saisissant

Voir ces funambules bondir dans le vide puis onduler gracieusement au-dessus des volcans, oiseaux captivants au cœur d’un paysage saisissant, est un spectacle dont on ne se lasse pas. Mais au pied du géant des puys ou sur ses flancs escarpés, c’est parfois une autre scène qui s’offre au promeneur.

Il arrive que ces acrobates des airs, après un décollage raté, un atterrissage hasardeux ou une collision en plein vol, chutent. L’arrivée des sapeurs-pompiers sur place, souvent appuyés par l’hélicoptère Dragon 63, crée souvent l’émoi chez les témoins. Et la communication faite autour de ces accidents agace parfois les parapentistes.

Entre 550 et 700 personnes, selon les années, pratiquent le parapente dans le Puy-de-Dôme (photo Hervé Chellé). En dépit de l’aspect spectaculaire de ses sauvetages et d’une tendance à la hausse de l’accidentalité au niveau national, les professionnels et associatifs locaux du vol libre le martèlent : leur activité n’est pas plus dangereuse que les autres sports de plein air. "Vous pouvez tout autant vous faire mal à moto ou en ski", souligne Xavier Bazelle, moniteur à Aéroparapente.

17 accidents en 2023

Le site du puy de Dôme, l’un des plus importants du département, a connu huit accidents depuis le début de l’année, selon les chiffres du Comité départemental de vol libre (CDVL). En 2023, le bilan était de 17 sur tout le département, dont deux hospitalisations de plus de 48 heures, sans séquelles.

On ne peut donc pas parler de problème de sécurité dans le ciel de la Chaîne des puys, contrairement à d’autres spots prisés en France, comme la dune du Pilat, en proie à une préoccupante série d’accidents depuis plusieurs mois. Les parapentistes puydômois restent malgré tout vigilants. La discipline connaît un engouement important depuis le Covid : près de 20 % de licenciés en plus dans le département. Les réseaux sociaux, avec leurs flots de vidéos montrant les exploits ou les déboires de pilotes, peuvent inciter d’aucuns à faire n’importe quoi.

Entre 150 et 200 pilotes fréquentent régulièrement le site du puy de Dôme (photo Hervé Chellé). Aussi étonnant que cela puisse paraître, nul besoin de diplôme pour pratiquer ce sport. Seulement d’une assurance spécifique. "N’importe qui peut acheter un parapente sur internet et venir voler sans aucune formation", indique Wilfried Goniaux, président du CDVL. D’où le risque de voir des amateurs mal préparés se jeter en l’air. "Franchement, c’est à la marge", estime Wilfried Goniaux. "Tous les gens que je connais sont passés par une école pour démarrer. Ce qui est indispensable." 

Se former au sein de l’une des deux écoles du département, c’est le choix d’Arthur, un Nantais de 27 ans qui a découvert le vol libre sur le puy de Dôme il y a un an.

"Passer par une école sécurise énormément. ll y a quand même beaucoup de vide devant nous. Et puis, la pratique, c’est une chose mais il y a aussi 50 % de théorie concernant la météo, l’aérologie." 

Pour Xavier Bazelle, les accidents n’ont pas forcément de rapport avec le diplôme "Dans les pays où il est obligatoire, comme la Suisse et l’Allemagne, en termes d’accidentologie, c’est pareil. Le problème vient de l’attitude." Le principal risque, selon lui : "Se surestimer, surestimer son matériel et sous-estimer les éléments. L’accident est lié à 98 % à un facteur humain. Personne n’est à l’abri." 

En guise de garde-fou, il y a le travail effectué pour sensibiliser les pilotes débutants et les retours d’expérience sur chaque accident. "Nous sommes l’une des rares fédérations à se poser la question : comment faire pour qu’il y ait toujours moins d’accidents", affirme Wilfried Goniaux. Pour ce passionné, le Puy-de-Dôme reste "un très beau terrain de jeu pour le vol libre". Et il veut que cela le reste.

Des vents forts. Son panorama, son accès facile et la possibilité d’y décoller de tous les côtés font du puy de Dôme l’un des sites de parapente les plus prisés, en France. Mais l’illustre volcan possède aussi des particularités aérologiques qu’il convient de ne pas négliger. "Il y a souvent du vent fort", indique Xavier Bazelle. "Les pilotes qui n’ont pas l’habitude de décoller dans ces conditions peuvent être en difficulté. Cela s’apprend." Autre caractéristique : "Le monde en l’air. Cela peut mettre un stress supplémentaire mais cela se gère et c’est connu." Xavier Bazelle conseille au pilote qui découvre le site pour la première fois de bien se renseigner sur ses spécificités, voire de contacter un club.

Olivier Choruszko

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