Airbus enjambe la crise sanitaire et réalise le bénéfice le plus important de son histoire
Après deux années dans le rouge, Airbus a annoncé ce 17 février un bénéfice net de 4,2 milliards d'euros, battant son record de 2018 (3,1 milliards) alors que le groupe produisait près d'un quart d'avions en plus. L'avionneur en profite pour renouer avec le versement d'un dividende après l'avoir supprimé ces deux dernières années.
Dans un communiqué publié sur le site web du groupe, le président exécutif d'Airbus Guillaume Faury attribue ces résultats «remarquables» à la hausse des livraisons d'avions commerciaux (611 avions, soit 8% de plus qu'en 2020), à «la bonne performance» de ses activités spatiales et de défense ainsi qu'à la division hélicoptères et à «l'attention portée à la réduction des coûts et à la compétitivité».
Cette dernière formule cache des effets de réorganisation qui font apparaître qu’avec un chiffre d’affaires en hausse d’à peine 4%, à 52,1 milliards d'euros en 2021, contre 49,9 milliards en 2020, le groupe est passé d’un résultat d’exploitation de 1,7 milliard d’euros à plus de 4,6 milliards, soit une hausse de 185 %. Il le doit en partie à la fin du programme A380 et à une reprise de provisions liée à son plan de restructuration. Airbus a toutefois enregistré de nouveaux surcoûts (212 millions d'euros) de son programme d'avion de transport militaire A400M.
10 000 suppressions de poste
Dès le début de la crise sanitaire, Airbus avait drastiquement réduit sa production et annoncé 15 000 suppressions de postes sans licenciements, finalement revues à près de 10 000 sous forme de départs à la retraite et d’autres modes rupture de contrats financés avec l’aide de l’Etat. Airbus, qui employait 126 000 personnes fin 2021, prévoit d'en recruter au moins 6 000 cette année, ce qui placerait ses effectifs légèrement au-dessus des quelque 131 000 de fin 2020.
Il est devenu clair que les gens veulent voler à nouveau
Le groupe, dont la production avait chuté d'un tiers à 40 monocouloirs de la famille A320 (A319, A320 et A321) par mois, dès avril 2020, en produisait fin 2021 quelque 45 chaque mois et prévoit de remonter à 65 appareils mensuels à l'été 2023, plus qu'il n'en a jamais construit. Et en 2022, Airbus prévoit de livrer 720 appareils, soit 18% de plus qu'en 2021.
Boeing toujours dans le rouge
Le trafic aérien est resté moribond en 2021 et ne devrait retrouver son niveau d'avant la crise du Covid qu'entre 2023 pour les vols domestiques et 2025 pour les long-courriers. Néanmoins, Guillaume Faury, cité par l’AFP, a affirmé son optimisme lors d'une conférence : «Il est devenu clair que les gens veulent voler à nouveau et ils le font dès que les restrictions de voyages sont levées.»
Malgré une situation financière fortement dégradée, les compagnies aériennes ont donc continué à prendre livraison et à commander de nouveaux avions pour s'assurer qu'elles seront équipées d’appareils plus économes en carburants et donc émettant moins de CO2 pour faire face à la forte reprise du trafic attendue à terme.
Face à Airbus, le géant américain Boeing a terminé dans le rouge pour la troisième année consécutive, avec 4,3 milliards de dollars de perte nette, plombé par les vices de fabrication de son long-courrier 787 Dreamliner, les déboires de son avion-ravitailleur KC-46 et de sa capsule spatiale Starliner.