Les Algériens voyagent de moins en moins
Le transport aérien en Algérie traverse une période assez sensible. Surtout cette année avec l’assujettissement à la TVA de plusieurs prestations, même la redevance passager.
Au-delà des énormes pertes de change dues au recul du dinar face aux devises et au ralentissement des procédures des visas Schengen, particulièrement avec la France, cette situation va certainement induire des augmentations de tarifs des compagnies aériennes et encore affaiblir le pouvoir d'achat des Algériens.
De nombreux titulaires de «visas de circulation» n’ont pu le renouveler et ainsi ont raté plusieurs missions en France et en Europe. Nombre de professions, notamment celles de médecin, avocat, entrepreneur ou journaliste ont bénéficié jusqu’à un passé récent de ce type de visa. Les observateurs ont remarqué que le consulat de France ne délivre plus la même période de visa comme avant. Il y a aussi plus de refus.
Les spécialistes pensent qu'il y aura cette année un recul des voyages au départ d’Algérie vers l’Europe.
Ce recul des voyages a été déjà relevé lors des fêtes de fin d’année, où, selon plusieurs agences de voyages, la demande a fortement chuté en raison de l’effondrement de la valeur du dinar et de l’augmentation des prix des autres produits et services. Les Algériens qui se déplaçaient en Espagne, au Portugal et aux Emirats arabes unis, voire en Grèce et à Malte se font rares. La majorité de ces Algériens s’est rabattue sur la Turquie et la Tunisie certes, mais leur nombre a aussi chuté, selon plusieurs agences de voyages.
Face à cette situation, certaines compagnies tentent de relancer la demande, comme Emirates qui vient de lancer la campagne «Les grands voyages à portée de main». Des offres présentées comme «d’incroyables destinations à saisir».
De son côté, l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) a lancé une campagne, où il attire par des affiches qui mettent l’émotion au cœur du processus de séduction. Avec le slogan Tunisia Inspiring, on lit «L’Algérien est dans le cœur». Une accroche marketing bien étudiée par l’agence de communication et qui va certainement avoir de l’effet.
Une chose est certaine, il faudra vraiment sortir le grand jeu pour attirer les Algériens vers diverses destinations. L’Algérien est le client/profil type le plus last minute, en d’autres termes de dernière minute.Rares sont ceux qui programment leurs vacances et leurs voyages. Pour la Tunisie, par exemple, beaucoup préfèrent voyager en voiture. La formule appart-hôtel est plus privilégiée que l’hôtellerie.
Certes, il y a toujours une progression, mais elle ne dépasserait pas les 2% globalement (toutes compagnies confondues). Elles surfent toujours sur les bons résultats dégagés sur le premier semestre (année Iata), celui-ci a pesé sur le résultat final. Mais aujourd'hui, il y a un fort recul sur les voyages à vocation touristique et ceux de la omra qui avaient explosé les chiffres dans le passé et qui ont fléchi aujourd'hui suite à la taxe des 500 euros imposée par les Saoudiens.
La tendance resterait à ce niveau pour cette année, voire moins, et il faudra compter peut-être sur l'apport des émigrés qui décideront ou pas de venir, car, aujourd'hui, au vu du coût de la vie en Algérie (location vacances), bon nombre choisissent l'Espagne ou le Portugal, peu coûteux et peuvent s'y rendre en voiture.
En l'absence d'une stratégie touristique, incitative pour les opérateurs du voyage (compagnies aériennes, maritimes, agences de voyages et hôtels), il ne faut pas s'attendre à des lendemains meilleurs. D'ailleurs, avec la nouvelle loi de finances associée aux tarifs exorbitants des aéroports (notamment celui d'Alger), on fait tout l'inverse de ce qu'il faudrait faire pour relancer le tourisme et créer l'attractivité.